Question de M. BARGETON Julien (Paris - LaREM) publiée le 18/01/2019

Question posée en séance publique le 17/01/2019

M. Julien Bargeton. « La liberté de la presse à côté du suffrage universel, c'est la pensée de tous éclairant le gouvernement de tous. Attenter à l'une, c'est attenter à l'autre. » Ainsi parlait Victor Hugo, l'un de nos éminents devanciers.

Or cet édifice commun est aujourd'hui trop souvent attaqué. Inadmissibles, les agressions répétées de journalistes mettent en danger le pacte républicain ! En s'attaquant à la presse, en bloquant la diffusion de journaux, en menaçant une journaliste de viol, comme à Toulouse, en lançant en permanence des insultes sur les réseaux sociaux, c'est la République que l'on agresse. Mais personne ne tordra le bras à la République. La France n'acceptera jamais de banaliser le bâillon !

Ailleurs, la liberté de la presse est peut-être un luxe ou une chimère. En France, c'est un droit fondamental d'informer, de créer le débat, de divertir. N'oublions pas que, dans le monde, des journalistes ont payé cette liberté de leur vie. N'oublions pas non plus les victimes de l'attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo : elles aussi ont payé du prix de leur vie cette liberté fondamentale.

Alors que les Français gardent en mémoire ce souvenir, la meilleure façon d'honorer nos morts est de défendre, sur le terrain comme en ligne, la liberté de la presse et le travail des journalistes.

À l'heure où toute la France s'apprête à débattre, quelles mesures le Gouvernement prend-il pour défendre cette liberté et sanctionner ceux qui souhaiteraient y attenter ? (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe socialiste et républicain et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)

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Réponse du Premier ministre - Relations avec le Parlement publiée le 18/01/2019

Réponse apportée en séance publique le 17/01/2019

M. Marc Fesneau, ministre auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur Bargeton, je vous remercie pour votre question dans ses fondements, mais aussi pour l'occasion qu'elle m'offre d'aborder les questions que vous soulevez.

Aux termes de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme ». Sans cette liberté, sans les médias, sans les journalistes et leur travail, il n'y a pas démocratie possible. Les journalistes sont les vigies de la démocratie, et une démocratie qui ne défend pas sa presse est une démocratie qui s'oublie, une démocratie qui se nuit à elle-même.

Le journaliste peut évidemment être contesté, critiqué ; il doit bien sûr faire l'objet de controverses et il doit aussi rendre des comptes. Mais rien ne justifie les appels à la défiance, puis à la haine, puis à la violence, que nous avons entendus. Rien ne justifiera que l'on cherche, par la force ou par la peur, à bâillonner les uns ou les autres.

Dans ce débat qui nous occupe, où les journalistes sont de plus en plus souvent mis en cause, il est une arme essentielle : l'éducation aux médias. Nous ne ménageons pas nos efforts en la matière.

Le traitement de l'information appelle aussi l'exigence déontologique la plus forte. C'est pourquoi le Gouvernement a confié une mission à Emmanuel Hoog, qui procède depuis quelques semaines à la concertation la plus large possible sur le sujet, pour aboutir à des propositions.

Défendre la liberté de la presse, c'est aussi lutter contre les tentatives de manipulation de l'information que nous avons vues encore à l'œuvre. C'est la vision qui préside à la loi promulguée le 25 décembre dernier. C'est aussi soutenir le modèle économique de la presse, comme nous le faisons au niveau européen et comme cela est fait aussi au sein des deux assemblées.

Défendre la liberté de la presse, c'est rendre possible la diffusion des idées sur tout le territoire. C'est pour cela que nous prenons à bras-le-corps la question de la distribution de la presse en soutenant le redressement de Presstalis.

Défendre les libertés et la démocratie, c'est aussi défendre les parlementaires et les élus locaux menacés, ainsi que les citoyens privés de leur droit à circuler ou à exercer une activité librement ; c'est défendre les institutions menacées et les ministères envahis.

De fait, cette question démocratique concerne la presse, mais aussi l'ensemble des institutions. Je crois que, les uns et les autres, nous y sommes sensibles. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – M. Jacques Mézard applaudit également.)

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