Question de M. AMIEL Michel (Bouches-du-Rhône - LaREM) publiée le 14/02/2019

M. Michel Amiel attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation suite aux problèmes que subissent les conchyliculteurs de l'étang de Thau.

Les conchyliculteurs de Thau ont été frappés au cours de l'été 2018 par la « malaïgue » - mauvaise eau en occitan - qui se caractérise par une coloration blanche des eaux et ne s'était pas manifestée sur l'étang depuis 2006. Ce phénomène de propagation d'algues lié au réchauffement climatique engendre une chute de la teneur en oxygène de l'eau qui décime les huîtres.
À cause de cette conjonction de chaleurs caniculaires et d'absence de vent, un tiers de la production annuelle d'huîtres (2 703 tonnes d'huîtres, en valeur, 4,7 millions d'euros) et la totalité des moules (1 218 tonnes de moules mortes, ce qui représente une valeur de 1,22 million d'euros) ont été tuées dans l'étang. 

Plus de cinq mois après cet épisode, l'étang est toujours considéré comme en période de « post-malaïgue », période qui se caractérise par une explosion du phytoplancton (appelée le « bloom »).
La présence de phytoplancton freine la croissance des coquillages.

Certes l'institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER) a déjà engagé plusieurs actions comme la création de deux zones afin de limiter l'impact des suspensions de récolte sur la conchyliculture, mais les inquiétudes des acteurs locaux persistent.

Alors que cette zone de près de 7 000 hectares, qui constitue à la fois un écosystème d'exception et la plus grosse zone conchylicole de la Méditerranée, représente près de 3 000 emplois, il lui demande si une recherche et une expérimentation de méthodes de lutte contre le bloom seront mises en place.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 12/09/2019

L'étang de Thau a subi à l'été 2018 un épisode de malaïgue avec stress anoxique provoquant des mortalités d'huîtres et moules d'élevage, suivi à l'automne 2018 par une crise d'« eaux vertes », provoquée par une efflorescence massive d'une espèce de phytoplancton (nannochloris spp), dont la valeur nutritionnelle pour les huîtres est très faible et qui remplace le phytoplancton fourrager dont se nourrissent habituellement les coquillages. Les services de l'État ont été mobilisés dès le début du phénomène de malaïgue et ont poursuivi leur action lors de la crise des eaux vertes. Ils ont mis en place au mois de janvier 2019 un comité de pilotage associant le comité régional de la conchyliculture, la communauté scientifique (unité mixte de recherche MARBEC : MARine Biodiversity, Exploitation and Conservation), le centre d'étude pour la promotion des activités lagunaires et maritimes, le syndicat mixte du bassin de Thau, la région Occitanie et le conseil départemental de l'Hérault, afin d'assurer le suivi et la compréhension du phénomène, d'aider la filière conchylicole locale à se structurer, à adapter au mieux les pratiques culturales pour les rendre plus résilientes et d'accompagner la profession dans la diversification d'activités comme la polyculture ou la dégustation. En association aux actions de ce groupe de travail, des études (suivis environnementaux et zootechniques) ont été mises en œuvre depuis décembre 2018. Le programme d'appui scientifique et technique, d'un montant de 125 000 euros, fait l'objet d'un accord-cadre de financement entre l'institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, le ministère de l'agriculture et de l'alimentation, la région Occitanie, le département de l'Hérault et la communauté d'agglomération du bassin de Thau, avec pour objectifs de suivre et mieux comprendre le phénomène des eaux vertes dans l'étang de Thau, et d'aider à la prise de décision en matière de pratiques culturales et éventuels moyens de lutte.

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