Question de M. GROSDIDIER François (Moselle - Les Républicains) publiée le 21/02/2019

M. François Grosdidier attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la question des prescriptions de médicaments visant à réduire les troubles déficitaires de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) chez les enfants. Les médicaments à base de méthylphénidate sont prescrits par les psychiatres pour soigner les TDAH et sont au nombre de quatre : Ritaline (laboratoire Novartis), Quazym (laboratoire Shire), Concerta (laboratoire Janssen-Cilag), Medikinet (laboratoire HAC Pharma). L'augmentation des prescriptions est jugée par certains, Commission des Citoyens pour les Droits de l'Homme (CCDH), revues, universitaires ou spécialistes, comme inquiétante. Entre 2012 et 2017, le nombre de prescriptions est passé de 503 956 à 813 413, selon la caisse primaire d'assurance maladie. Elles étaient de 26 000 en 1996. Ce type de médicament semble pourtant peu efficace au regard de cette très importante hausse, et comporterait des effets indésirables. Le classement de certains comportements comme « déviants », qualifiés de TDAH chez les enfants, ne fait pas forcément consensus. Ainsi un enfant à la simple personnalité affirmée pourra être trop facilement catégorisé comme étant atteint de TDAH par les psychiatres, si bien que cette maladie puisse même être qualifiée de « fabriquée ». En réalité, cette maladie ne s'appuierait pas sur des études sérieusement poussées en génétique, en imagerie ou en biochimie. Les doutes courent jusqu'à l'Académie américaine de neurologie. L'hyperactivité serait donc largement surestimée et conduirait à une trop grande prescription de méthylphénidate qui n'est pas sans conséquences médicales. De plus, les effets indésirables à long terme n'ont pas fait l'objet d'essais suffisamment avancés pour le prescrire aveuglément dans ces proportions. Ce principe actif aurait des effets comparables à une drogue, un stupéfiant prescrit pourtant à des enfants ou adolescents dont le comportement les conduit à ne pas rester tranquille ou se concentrer, mais qui ne mérite pas nécessairement de traitement aussi radical. Ce type de drogue, appelée « Ritaline » est d'ailleurs fréquemment utilisée pour améliorer les performances, les capacités cérébrales, la concentration, si bien que sa puissance est comparable à la cocaïne. Elle rend aussi extrêmement dépendant. Mais selon les résultats d'une étude récente réalisée par une équipe de l'Université de Copenhague publiés dans la revue médicale Scandinavian journal of child and adolescent psychiatry and psychology, le méthylphénidate peut aussi provoquer des hallucinations et d'autres symptômes psychotiques chez l'enfant ou l'adolescent. Il est aussi connu qu'il expose à des effets indésirables graves : perte de poids, croissance moyenne inférieure, hypertension, insuffisance cardiaque. Continuer dans cette voie ne peut que créer une génération accoutumée aux drogues et qui pourrait passer ensuite à des drogues dures. Les véritables causes de changement du comportement des enfants seraient à chercher ailleurs (polluants, alimentation, structure familiale, etc). Il lui demande si le Gouvernement est informé des dérives potentielles de ces médicaments et de l'utilisation qui en est faite. Il lui demande également quelles sont les mesures que son ministère peut prendre pour réduire les prescriptions et la consommation de psychostimulants.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 20/06/2019

Le méthylphénidate est indiqué chez l'enfant dans le traitement des troubles déficitaires de l'attention avec hyperactivité (TDAH). Ce traitement s'accompagne d'effets indésirables cardiaques, neuro-psychologiques et cardiovasculaires lors d'un usage à long terme pour une efficacité jugée parfois modeste sur les symptômes de l'hyperactivité, de la qualité de vie et du comportement scolaire. Le rapport « Méthylphénidate : données d'utilisation et de sécurité d'emploi en France », publié en 2017 par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), mentionne en pages 10 et 11 que l'utilisation du méthylphénidate en France restait faible au regard de la prévalence de la maladie et bien inférieure à celle observée dans d'autres pays européens dont le Royaume-Uni, La Norvège, la Suède et le Danemark. La consommation de méthylphénidate est très encadrée en France. Elle est néanmoins en croissance. Dans ces conditions et consciente des inquiétudes qui persistent sur la santé des enfants traités à long terme et du recours croissant à ce traitement, la ministre des solidarités et de la santé sollicite l'ANSM pour disposer d'un état des lieux actualisé et des actions mises en œuvre.

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