Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 28/02/2019

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de la culture sur l'avenir du Mobilier national et des manufactures nationales des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie (MNGBS).
En effet, le rapport public annuel 2019 de la Cour des comptes dresse sur le MNGBS un constat accablant, le qualifiant d' « institution à bout de souffle ». Les magistrats relèvent de nombreux dysfonctionnements dans une gestion des ressources humaines qu'ils estiment « sclérosée » et considèrent que les missions confiées au MNGBS sont « mal remplies ». En effet, selon eux, non seulement ses quelque 100 000 pièces ne sont pas correctement répertoriées, notamment dans le fonds textile, mais la conservation des objets n'est pas suffisamment sécurisée. De surcroît, le patrimoine serait mal entretenu et valorisé et peu enrichi.
Le MNGBS demeurant néanmoins une vitrine essentielle de l'excellence française dans les métiers d'art, il souhaiterait savoir comment il envisage son avenir.

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Transmise au Ministère de la culture


Réponse du Ministère de la culture publiée le 28/01/2021

Le rapport de la Cour des comptes porte, sur le Mobilier national et les manufactures nationales des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie (MNGBS), une appréciation sans nuance et très négative. Si le ministère de la culture peut partager certains des constats, il estime toutefois qu'il convient de prendre également en compte le nouvel élan que ses services et les équipes du Mobilier national s'emploient à insuffler au sein d'une institution possédant de très nombreux atouts. Le ministère de la culture tient tout d'abord à rappeler que la réunion du Mobilier national aux manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie ne doit rien aux « hasards de l'histoire ». C'est à Colbert que l'on doit la création, dans l'enclos des Gobelins à Paris, d'une véritable cité artisanale dont les productions seront destinées en grande partie à enrichir les collections du Garde Meuble de la Couronne, dont le Mobilier national est l'héritier. Fondeurs, graveurs, orfèvres, menuisiers, ébénistes, teinturiers, s'agrégèrent aux liciers des Gobelins et ne cessèrent de produire pour les collections royales, puis nationales. C'est en 1934 que la direction des Beaux-arts décida de commander un nouveau bâtiment pour abriter le Mobilier national, afin de répondre à son nouveau rôle, défini par les décrets de 1929 et de mai 1933, le chargeant de l'organisation de l'ameublement de tous les services publics. C'est donc tout naturellement que l'enclos des Gobelins fut choisi, dont l'extrémité ouest était alors libre de tout usage. L'inauguration du bâtiment construit par Auguste Perret eut lieu en janvier 1936. La suite logique de cette décision fut de lui rattacher administrativement les manufactures nationales (Beauvais en 1936, Gobelins et Savonnerie en 1937) qui travaillaient de façon exclusive pour lui. La Cour des comptes considère que la structure du MNGBS et sa culture interne ne favorisent pas l'évolution et ne permettent pas à ses activités de s'inscrire dans une dynamique de recherche, de performance et d'efficacité économique. Le ministère de la culture tient à rappeler que l'Atelier de recherche et de création (ARC) du MNGBS demeure à la pointe de la recherche dans le design. La maîtrise des liciers des Gobelins, de Beauvais, de Lodève ou de la Savonnerie, est telle que les plus grands créateurs et designers sont toujours désireux de travailler avec ces manufactures. La récente commande des lustres du Louvre Abu Dhabi, dessinés par Jean Nouvel et réalisés par l'ARC, en est un exemple. Il en est de même pour les deux ateliers de dentelles du Puy-en-Velay et d'Alençon, la technique de la dentelle à l'aiguille ayant même été inscrite par l'UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l'humanité en 2010. S'agissant du développement de la performance et de l'efficacité économique, que le rapport appelle de ses vœux, cette ambition doit nécessairement être conciliée avec les impératifs culturels et institutionnels qui fondent ce service et dont la vocation est d'exercer les missions de garde meuble des lieux de pouvoir et de conservatoire de savoir-faire d'excellence. Le ministère de la culture partage la nécessité que le service développe un meilleur pilotage pour mieux maîtriser ses dépenses, définir ses priorités, et gagner en réactivité. Pour ce qui est de la cohérence des missions du MNGBS, la Cour des comptes évoque les interrogations nées ces dernières années quant à une conception muséale du service, qui serait en contradiction avec sa mission d'ameublement. Il importe que l'institution puisse réconcilier les impératifs de conservation avec celui de respect des missions d'ameublement. La Cour des comptes estime que le statut du Mobilier national serait inadapté à la conduite du changement. Si cette question peut se poser, il convient cependant de rappeler que le statut et l'organisation actuels du Mobilier national, adoptés en 2002, faisaient suite aux critiques formulées par la Cour des comptes dans son rapport public de novembre 1997 consacré à « l'organisation du centre national des arts plastiques et la gestion des collections du Mobilier national et du fonds national d'art contemporain ». Des propositions d'évolution statutaire ont été faites par le directeur du MNGBS et sont en cours d'expertise par les services du ministère. En toute hypothèse, le ministère de la culture partage l'avis de la Cour des comptes pour ce qui est de la nécessité d'inscrire avec détermination et dans le temps une stratégie de développement du MNGBS, qui doit s'accompagner d'un schéma directeur immobilier et d'une réflexion approfondie pour évaluer les compétences nécessaires afin d'assurer un meilleur fonctionnement du service. Un effort de rationalisation du fonctionnement du service est d'ailleurs déjà engagé sous l'égide de la direction générale de la création artistique, dans le cadre d'un projet qui pourrait permettre à terme d'accueillir le Centre national des arts plastiques et les réserves du MNGBS sur un même site à Pantin, en l'absence de réserve foncière à Beauvais.

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