Question de Mme BOULAY-ESPÉRONNIER Céline (Paris - Les Républicains-R) publiée le 08/03/2019

Question posée en séance publique le 07/03/2019

Mme Céline Boulay-Espéronnier. Madame la présidente, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le Premier ministre.


M. Roger Karoutchi. Ah !


Mme Céline Boulay-Espéronnier. Le hashtag « prisonnières du hijab » fleurit sur les réseaux sociaux de l'autre côté de la Méditerranée. Derrière, il y a des femmes courageuses qui dénoncent le voile comme un instrument d'oppression. Elles pointent du doigt la pression sociale et l'environnement familial, qui les condamnent à se voiler.

Chez nous aussi, la pression des quartiers et des familles ne laisse en réalité que peu de choix aux femmes voilées, en particulier aux plus jeunes d'entre elles.

Alors que les femmes algériennes nous indiquent la voie du courage, la position de votre majorité est, sur ce sujet, d'une ambiguïté problématique. Or la France, nation des droits de l'homme, doit véhiculer un message de liberté pour les femmes du monde entier.

Le Président de la République, le 16 avril 2018, déclarait que le voile n'était pas « conforme à la civilité qu'il y a dans notre pays ». Le 28 février dernier, il se muait en défenseur du voile, expliquant que « les entreprises qui discriminent les femmes voilées à l'embauche [devaient être] sévèrement sanctionnées ».

Sur ce sujet, l'exécutif fait donc preuve d'angélisme, pire, de contradiction !

Pouvez-vous, monsieur le Premier ministre, au nom du Gouvernement, devant notre assemblée, condamner de nouveau les propos d'un député de votre majorité qui a réalisé, la semaine dernière, un amalgame surréaliste entre le port du hijab et celui du serre-tête ? (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)


M. Antoine Lefèvre. Scandaleux !


Mme Esther Benbassa. Ça va !


Mme Céline Boulay-Espéronnier. Alors que se célèbre demain la Journée de la femme, il est essentiel de rappeler que le combat pour une véritable égalité hommes-femmes passe aussi par le combat, sur notre territoire, contre toute forme de fondamentalisme, dont le voile est souvent un étendard.

Monsieur le Premier ministre, le voile est-il, oui ou non, un instrument d'oppression des femmes ?

Que comptez-vous faire pour protéger toutes ces femmes qui, sur le territoire français, sont contraintes de le porter ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Secrétariat d'État auprès de la ministre des armées publiée le 08/03/2019

Réponse apportée en séance publique le 07/03/2019

Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État auprès de la ministre des armées. Madame la sénatrice, je rappellerai simplement que nous sommes dans un pays où la laïcité est la règle ; elle s'inscrit au fronton de toutes nos mairies et de toutes nos institutions.

M. Roger Karoutchi. Il faudra qu'elle y reste !

Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État. Je crois que nous devons respecter également la volonté de chacun de porter ou non les attributs vestimentaires qu'il souhaite dans l'espace public. Je dis bien dans l'espace public. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Bruno Retailleau. Même le niqab ?

Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État. Pour le reste, je souhaite m'attarder sur ce que le Gouvernement met en œuvre, c'est-à-dire une vraie diplomatie féministe (Rires ironiques sur les travées du groupe Les Républicains. – Un sifflement se fait entendre.), afin que nous puissions partager nos convictions de façon universelle sur les violences faites aux femmes, sur les contraintes faites aux femmes, sur l'égalité entre les femmes et les hommes, sur l'émancipation des femmes, autant de concepts, qui, à notre sens, doivent être universels, et qui nécessitent un engagement de toutes et tous, je le crois, à l'échelon national et international. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Sophie Primas. Vous restez dans l'ambiguïté !

Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État. C'est dans ce sens que Marlène Schiappa travaille. (Exclamations sur les mêmes travées.) C'est dans ce sens également que le Président de la République remettra le prix Simone-Veil, qui récompense les actions en faveur des droits des femmes dans le monde.

C'est dans ce sens, enfin, que sera porté par la présidence française du G7 le thème de l'égalité entre les hommes et les femmes. Ce dont vous me parlez, madame la sénatrice, c'est une question d'égalité entre les hommes et les femmes, et, pour nous, c'est absolument essentiel. (Huées sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Élisabeth Lamure. Ce n'est pas le sujet !

Mme Geneviève Darrieussecq, secrétaire d'État. Pour autant, je le rappelle, cela doit s'inscrire dans un esprit de laïcité, qui est la règle en France, dans notre République.

M. Philippe Pemezec. Vous vous dérobez !

Mme la présidente. La parole est à Mme Céline Boulay-Espéronnier, pour la réplique.

Mme Céline Boulay-Espéronnier. Madame la secrétaire d'État, je prends acte de votre réponse. J'ai bien peur qu'elle ne soit en total décalage avec le sens de mon message.

M. Michel Savin. Bien sûr !

Mme Céline Boulay-Espéronnier. Vous devez réaffirmer les valeurs d'universalisme qui font l'ADN de la France. Vous devez nommer les problèmes pour mieux les combattre. Le relativisme, qui est la marque de votre gouvernance depuis le départ, est une mauvaise réponse à de vrais problèmes. Je vous demande d'y réfléchir. Il est temps, vraiment ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Maryvonne Blondin applaudit également.)

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