Question de M. MIZZON Jean-Marie (Moselle - UC) publiée le 14/03/2019

M. Jean-Marie Mizzon interroge M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur le traitement de « l'illectronisme » dans tous les établissements d'enseignement qu'il s'agisse des écoles, des collèges et autres lycées. L'illettrisme numérique, autrement appelé « illectronisme », est, il est vrai, un phénomène récent dont l'éducation nationale ne semble cependant pas bien mesurer l'ampleur. Outre le volet pratique et économique du problème que pose l'émergence de l'illectronisme, c'est son traitement par les services compétents du ministère de l'éducation nationale qui doit, aujourd'hui, mobiliser toutes les énergies. Or, dans le numéro 28 du document rédigé par le ministère, fin 2018, intitulé « L'état de l'école », il est indiqué que : « Les écoles élémentaires continuent de s'équiper progressivement en matériels informatiques ». Et le constat est sans appel : « L'équipement informatique et numérique dans les écoles publiques du premier degré est moins généralisé que dans les établissements publics du second degré ». C'est particulièrement inquiétant quand on sait que l'apprentissage de l'outil informatique, qu'il s'agisse d'un ordinateur, d'une tablette ou d'un smartphone, doit se faire au plus tôt et que, pour certains, il ne peut se faire qu'à l'école de la République. Il est effectivement avéré que la maîtrise de l'informatique fait principalement défaut aux populations les plus fragiles et les plus socialement défavorisées, ce qui n'est pas admissible. Aussi, il lui demande quelles mesures l'éducation nationale entend prendre afin de s'attaquer résolument au problème et réduire cette fracture numérique intolérable afin que l'école soit et demeure une chance pour tous les enfants de la République.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 27/05/2020

Réponse apportée en séance publique le 26/05/2020

M. le président. La parole est à M. Jean-Marie Mizzon, auteur de la question n° 694, adressée à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.

M. Jean-Marie Mizzon. Monsieur le ministre, dans une question écrite adressée l'an passé à votre collègue secrétaire d'État chargé du numérique, j'ai alerté votre gouvernement sur un phénomène récent dont vous ne semblez pas encore bien mesurer l'ampleur. Il s'agit de l'illettrisme numérique, également appelé illectronisme.

Si je me tourne à présent vers vous, c'est afin d'évoquer, non pas le volet pratique et économique du problème que pose l'émergence de l'illectronisme, mais plutôt son traitement par votre administration, au domaine d'intervention ô combien précieux : l'éducation de nos enfants.

Dans le numéro 28 de L'État de l'école, document publié par vos services à la fin de 2018, on peut lire que « les écoles élémentaires continuent de s'équiper progressivement en matériels informatiques ». Or le constat est sans appel : « L'équipement informatique et numérique dans les écoles publiques du premier degré est moins généralisé que dans les établissements publics du second degré. »

Avouez que cette situation est particulièrement inquiétante, quand on sait que l'usage des outils informatiques, qu'il s'agisse des ordinateurs, des tablettes ou des smartphones, doit s'apprendre au plus tôt et que, pour certains, cet apprentissage ne peut se faire qu'à l'école de la République. En effet, il est prouvé que la maîtrise de l'informatique fait principalement défaut aux populations les plus fragiles et les plus socialement défavorisées, ce qui n'est pas admissible.

Monsieur le ministre, pour que l'école soit une chance pour tous les enfants de la République, l'éducation nationale entend-elle s'attaquer résolument au problème et réduire cette fracture numérique intolérable ? Ne pourrait-elle agir en ce sens par un accompagnement plus soutenu des communes, notamment de celles dont les finances sont les plus fragiles ?

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur Mizzon, il s'agit là d'une question très importante. Nous sommes d'accord pour constater que la France, comme d'ailleurs de très nombreux pays, connaît une fracture numérique. Néanmoins, cette fracture se réduit avec le temps et – c'est ma seule divergence avec vous sur cette question – nous en avons pleinement conscience.

Pendant la période du confinement, nous avons lutté contre la fracture numérique de manière très volontariste. Avec les services de Julien Denormandie, nous avons développé un plan de 15 millions d'euros, en particulier pour la mise à disposition de tablettes ; nous avons travaillé avec les associations, comme Emmaüs Connect ; les collectivités territoriales ont été très mobilisées, notamment pour distribuer, elles aussi, des tablettes ; nous avons mis sur pied des opérations spéciales avec La Poste pour que les professeurs puissent poster, de leur ordinateur, des textes aux élèves ne disposant pas d'équipement numérique. Nous avons également lancé l'opération « Nation apprenante », qui a également permis d'atteindre, au travers de la télévision, les familles non équipées.

Bref, face à ce problème, qui existe bel et bien, nous ne restons pas inertes.

Lors de l'examen du projet de loi pour une école de la confiance, j'ai déjà eu l'occasion de parler au Sénat de la création d'un certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (Capes) en informatique et de la systématisation de l'apprentissage de la programmation, y compris à l'école primaire. Je rappelle que l'informatique est désormais une matière enseignée par l'éducation nationale : la réforme du lycée en témoigne. Dans quelque temps, nous créerons sans doute une agrégation d'informatique, à la suite du Capes.

En outre, vous mentionnez l'équipement informatique des écoles, notamment dans les communes rurales. C'est effectivement un grand sujet. En 2017 et 2018, nous avons lancé l'appel à projets « écoles numériques innovantes et ruralité » (ENIR) à destination des écoles rurales, dans le cadre des investissements d'avenir. Ce dispositif a permis de financer 3 788 écoles de 3 570 communes. À compter de 2018, c'est un montant total de 20 millions d'euros que l'État a mobilisés dans le cadre des programmes d'investissements d'avenir (PIA).

Nous allons continuer : les états généraux du numérique, qui auront lieu à Poitiers en novembre prochain, nous permettront d'aborder les prochains chantiers de la France en la matière, en insistant sur nos atouts internationaux en matière de numérique éducatif.

Enfin, avec plusieurs de mes collègues du Gouvernement, dont Julien Denormandie, nous allons élaborer d'autres plans permettant d'équiper les familles, car l'enjeu va au-delà de l'enseignement à distance.

M. le président. La parole est à M. Jean-Marie Mizzon, pour la réplique.

M. Jean-Marie Mizzon. Monsieur le ministre, votre administration, comme toutes les autres, y compris les services territoriaux, dématérialise ses procédures. Désormais, la maîtrise du numérique est donc essentielle à l'accès aux droits. Or 13 millions de Français ne sont pas à l'aise avec les outils numériques, voire ne les maîtrisent pas du tout.

Il ne suffit pas de déclarer le numérique grande cause nationale : il faut y consacrer davantage de moyens !

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