Question de M. DOMINATI Philippe (Paris - Les Républicains-R) publiée le 22/03/2019

Question posée en séance publique le 21/03/2019

M. Philippe Dominati. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Le limogeage, justifié, du préfet de police est un événement sans précédent dans l'histoire de la Ve République. Le Sénat n'a pas manqué d'alerter le Gouvernement : il y a eu la commission d'enquête menée par mon collègue François Grosdidier ; la loi anticasseurs du président Retailleau ; à deux reprises, le budget, pourtant régalien, du ministère de l'intérieur a été rejeté par cette assemblée. Il y a eu une demande de la Cour des comptes ; j'ai moi-même proposé à la commission des finances un rapport relatif au renseignement intérieur et à la préfecture de police.

Malgré cela, quatre mois après le saccage de l'Arc de Triomphe, les Champs-Élysées sont en ruine. La France veut propager l'image de la paix en Afrique, en Syrie, mais elle est incapable de l'assurer aux Parisiens, à quelques encablures de l'Élysée ! (M. Gérard Longuet applaudit.)

Alors, monsieur le ministre, ma question est simple : dans quel délai vous engagez-vous, envers vos hommes, envers les Parisiens et envers les Français, à rétablir l'ordre ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste.)

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'intérieur publiée le 22/03/2019

Réponse apportée en séance publique le 21/03/2019

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Gérard Longuet. Le ministre de l'intérieur pourrait répondre, il n'est pas en boîte de nuit !

M. Laurent Nunez, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, vous avez évoqué le limogeage du préfet de police et les incidents graves, très graves, survenus samedi dernier sur les Champs-Élysées. Vous avez également évoqué les quatre mois de tensions extrêmes.

Vous avez eu raison de rappeler les incidents très graves qui ont eu lieu le 1er décembre dernier sur les Champs-Élysées. Immédiatement, de manière totalement inédite, ils nous ont conduits, avec Christophe Castaner, à revoir de fond en comble la doctrine de gestion de l'ordre public. (Exclamations sur des travées du groupe Les Républicains.) Comme nous le demandaient les organisations syndicales de policiers, nous avons donné à nos forces de l'ordre plus de mobilité, de réactivité, de capacité d'interpellation et de déconcentration des pouvoirs de décision.

Monsieur Dominati, vous ne pouvez pas parler de chaos samedi après samedi. (Protestations sur les mêmes travées.)

M. Gérard Longuet. Ah bon ? Vous n'étiez pas à Paris ?

M. Laurent Nunez, secrétaire d'État. Il y a eu le 8 décembre ; il y a eu des samedis où nous avons évité nombre d'exactions, nombre de pillages, peut-être même des morts : vous savez que c'est un critère important en matière de maintien de l'ordre public. Ce constat vaut partout, à Paris comme en province.

Oui, samedi dernier, un vrai dysfonctionnement a eu lieu, car cette doctrine réactive d'interpellation n'a pas été mise en œuvre, alors même que nous avions donné des instructions extrêmement précises en ce sens, avec Christophe Castaner. C'est ce qui nous a conduits à renforcer encore plus cette doctrine. Comme vous le savez – le Premier ministre l'a annonc頖, désormais, tout attroupement qui risque de présenter un caractère violent sera immédiatement dispersé. À l'appui de ces mesures, des arrêtés d'interdiction seront pris en lien avec chacun des maires concernés. Ils permettront d'appuyer les dispersions d'attroupements.

Vous le savez très bien, à Paris, il y a eu beaucoup d'autres débordements en matière d'ordre public, et sous d'autres quinquennats !

M. François Grosdidier. Même sous Hollande, ça n'était pas pire !

M. Laurent Nunez, secrétaire d'État. C'est l'ancien haut fonctionnaire spécialiste des questions de sécurité qui vous le dit : il faut toujours apprécier les questions d'ordre public avec beaucoup de modestie et d'humilité. Entre 2007 et 2012, il y a eu, aussi, beaucoup d'incidents en la matière ! (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)

M. le président. La parole est à M. Philippe Dominati, pour la réplique.

M. Philippe Dominati. Monsieur Nunez, le fait que ce soit vous qui me répondiez attire la sympathie de cet hémicycle : nous avons tous compris que vous étiez le prochain fusible ! (Rires sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe socialiste et républicain et du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)

Ma question s'adressait au ministre de l'intérieur, qui, il y a peu, était le chef d'un parti politique disposant, dans dix-huit circonscriptions parisiennes, de quatorze parlementaires. Pourtant, on dirait que le Gouvernement est sourd. Il n'entend pas l'exaspération des Parisiens. Il n'entend pas le désespoir de ceux qui ne peuvent plus travailler. Il n'entend pas que, même en périphérie, le tourisme et l'activité économique souffrent. Il n'entend pas que la justice recule, que la délinquance…

Mme Éliane Assassi. Pas d'amalgame !

M. Philippe Dominati. … et l'antisémitisme explosent, parce qu'il n'arrive pas à résoudre les problèmes.

M. le président. Il faut conclure !

M. Philippe Dominati. Les Parisiens souffrent déjà des difficultés provoquées par la mairie et, en définitive, ils sont victimes de la double peine : l'absence de considération de la part du Gouvernement et l'incompétence de la mairie ! (Vives exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain.) C'est ce que je voulais exprimer au ministre de l'intérieur – mais encore faudrait-il qu'il écoute… (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste.)

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