Question de M. PERRIN Cédric (Territoire de Belfort - Les Républicains) publiée le 07/03/2019

M. Cédric Perrin attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur quant à l'arrêté du 16 novembre 2018, paru au Journal officiel du 21 novembre 2018, modifiant les pièces d'identité que les citoyens doivent présenter au moment du vote et de l'inscription sur les listes électorales.

Bien que conscients de la nécessité de garantir un scrutin démocratique et légitime, de nombreux maires s'inquiètent de cet arrêté, qui va indiscutablement dans le sens d'un durcissement des pièces justificatives exigées au moment du vote. En parallèle, le même arrêté facilite l'inscription sur les listes électorales en augmentant la durée de validité des justificatifs demandés, un paradoxe qu'il convient de souligner.

Parmi les restrictions instaurées lors du vote, la plus significative concerne la carte d'identité et le passeport. En effet, auparavant ces titres pouvaient être périmés, or désormais ils doivent être en cours de validité ou expirés depuis moins de cinq ans.

Un frein conséquent à l'exercice du droit de vote, auquel il faut ajouter la suppression d'autres justificatifs d'identité jusqu'alors fréquemment utilisés, tels que le permis de conduire français, la carte famille nombreuse, la carte d'ancien combattant dépourvue de photo, ou encore le livret de circulation délivré aux personnes sans domicile fixe.

En l'état, cet arrêté va à l'encontre de l'esprit de la réforme électorale du Gouvernement, visant à lutter contre l'abstention et plus globalement à rapprocher les citoyens du processus électoral.

Il lui demande donc s'il prévoit de réinstaurer les titres précédemment autorisés pour justifier de son identité au moment du vote et plus précisément ceux dont la date de validité est échue et qui sont le plus utilisés par les électeurs.

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 28/03/2019

L'entrée en vigueur, le 1er janvier 2019, de la loi n° 2016-1048 du 1er août 2016 rénovant les modalités d'inscription sur les listes électorales a rendu nécessaire l'actualisation de l'arrêté du 12 décembre 2013, qui détermine les pièces admises pour s'inscrire sur les listes électorales et celles permettant de justifier de son identité au moment du vote. Il s'agissait à la fois de prendre en compte les évolutions réglementaires mais aussi de lutter plus efficacement contre la fraude. Afin que les électeurs en soient informés au plus tôt, l'arrêté du 16 novembre 2018 a été publié au Journal officiel le 21 novembre 2018, soit plus de six mois avant l'élection des représentants au Parlement européen du 26 mai 2019, prochain scrutin général. Si la durée de validité du passeport a été maintenue à dix ans, depuis le 1er janvier 2014, la durée de validité des cartes nationales d'identité délivrées aux personnes majeures est passée de dix à quinze ans. L'arrêté du 16 novembre 2018 autorise la production d'un passeport ou d'une carte nationale d'identité dont la validité a expiré depuis moins de cinq ans. Par conséquent, l'électeur peut présenter un passeport émis depuis quinze ans au plus ou une carte nationale d'identité délivrée depuis vingt ans au plus, ce qui est de nature à favoriser sa participation au scrutin. Néanmoins, en vue des prochains scrutins, les présidents des bureaux de vote seront invités, par la circulaire du ministère de l'intérieur adressée aux maires préalablement à chaque élection générale, à appliquer ces règles avec discernement, en particulier lorsque les traits de l'électeur seront aisément reconnaissables sur la photographie, quand bien même le titre d'identité présenté serait périmé depuis plus de cinq ans. S'agissant du permis de conduire, la terminologie européenne a été reprise, comme le prévoit le décret n° 2011-1475 du 9 novembre 2011 transposant la directive européenne du 20 décembre 2006 relative au permis de conduire. Pour autant, un électeur peut présenter un permis en carton au moment du vote pour prouver son identité jusqu'en 2033, date à laquelle ceux-ci devront tous avoir été remplacés. Il a également été jugé essentiel que, s'agissant d'une pièce justificative de l'identité de l'électeur, le titre autorisé par l'arrêté doive comporter une photographie afin de permettre l'effectivité du contrôle par le président du bureau de vote. La carte du combattant, pour des raisons de sécurité, comporte désormais obligatoirement la photographie de son titulaire (article D. 311-23 du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre). A également été exclue de la liste la carte « famille nombreuse SNCF » car insuffisamment sécurisée. Ainsi, les nouvelles dispositions permettent d'atteindre un équilibre bienvenu en offrant, d'une part, à l'électeur un nombre important de moyens de justifier son identité (12 dans le nouvel arrêté) dans le but de faciliter la participation à l'élection, tout en garantissant, d'autre part, un contrôle de cette identité afin de limiter les risques de fraude électorale. Le Gouvernement n'entend donc pas réinstaurer les titres autorisés avant l'entrée en vigueur de l'arrêté du 16 novembre 2018 précité.

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