Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 14/03/2019

M. Yves Détraigne appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la mise en œuvre de la réforme du baccalauréat, telle que prévue pour 2021.
Il semblerait, en effet, que, sur le terrain, les équipes enseignantes s'inquiètent de l'application pratique de ces nouvelles dispositions et s'interrogent sur l'intérêt et les objectifs affichés par ladite réforme.
Ainsi, sur la « liberté de choix » et les parcours « plus diversifiés » offerts par les « enseignements de spécialités », les professeurs pronostiquent déjà que des menus prédéfinis devront être imposés aux élèves et que les anciennes filières (démantelées par la réforme) seront artificiellement recréées, sous peine de ne pouvoir gérer les emplois du temps...
Le ministère prévoit également un « allègement » annoncé du baccalauréat. Les élèves ne passeront en effet que peu d'épreuves en fin de terminale. Cependant, en classe de première, les lycées auront une semaine de partiels dès les mois de janvier, une autre en mai et deux épreuves anticipées de français en juin. De même, en classe de terminale, ils auront à nouveau une semaine de partiels en janvier, deux épreuves de spécialités en mai et enfin, les épreuves de grand oral et de philosophie en juin. L'allègement annoncé semble donc plutôt compromis lorsqu'on ajoute, en plus, le fait que les lycéens seront également soumis au contrôle continu tout au long des deux années de scolarité...
Rappelons que les élèves qui passeront le « nouveau bac » en 2021, sont actuellement en classe de seconde et suivent les « anciens » programmes. Cela signifie qu'en première, dans de nombreuses matières, des compétences du « nouveau » programme seront à approfondir alors qu'elles n'auront pas été étudiées en classe de seconde...
Beaucoup d'observateurs se demandent par conséquent s'il n'aurait pas été plus simple de mettre en œuvre la réforme pour 2022, la classe d'âge concernée par la réforme du bac étant celle qui a déjà subi la réforme du collège et du brevet...
Au vu des nombreuses interrogations qui demeurent mais également de l'opposition de plus en plus importante qu'elle suscite dans le corps enseignant, il lui demande donc d'étaler la mise en place de la réforme pour permettre, d'une part, aux élèves actuellement en seconde de passer l'ancien baccalauréat et, d'autre part, un meilleur dialogue et une meilleure collaboration avec les professeurs afin qu'ils se saisissent pleinement de la réforme.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 19/12/2019

La réforme du baccalauréat a été décidée pour mettre un terme à deux injustices insupportables : 60 % des élèves échouaient à obtenir leur licence en trois ans et plus de 20 % des jeunes sont au chomâge. C'est pourquoi nous avons souhaité à la fois accompagner les élèves, leur donner plus de liberté et leur permettre d'approfondir davantage les disciplines qui les feront réussir dans le supérieur. S'agissant du diplôme du baccalauréat, la réforme vise, en atténuant sa lourdeur actuelle et en conservant son rôle de diplôme national, à mieux prendre en compte le travail des élèves tout au long du cycle terminal et à atténuer ainsi « l'effet couperet » d'une évaluation finale concentrée sur une semaine seulement comme c'est le cas actuellement. Le nombre d'épreuves ponctuelles passées en fin de première ou de terminale est désormais réduit : au nombre de cinq, il comprend une épreuve anticipée de français comme c'est le cas actuellement, une épreuve de philosophie, deux épreuves portant sur les enseignements de spécialité choisis par chaque élève, et un Grand oral terminal. Les disciplines des enseignements communs, sont passées désormais en contrôle continu, avec des épreuves communes de contrôle continu réparties sur trois moments d'évaluation en classe de première et de terminale. Ces épreuves n'entraînent pas de charge additionnelle car elles s'inscrivent dans le cadre de la formation dispensée aux élèves qui comporte déjà actuellement des évaluations dans un format comparable. Les élèves ne sont pas évalués par leurs enseignants et les sujets sont choisis dans une banque nationale de sujets réalisés sous la responsabilité du ministère et les copies sont anonymisées. Ces dispositions garantissent une équité à tous les candidats au baccalauréat, quel que soit leur établissement. S'agissant enfin de la communication des modalités de la réforme notamment en direction des professeurs mais aussi des parents d'élèves, des élèves et du grand public, de nombreux documents d'information ont déjà été mis en ligne particulièrement depuis la rentrée 2018 notamment dans la rubrique « En route vers le baccalauréat 2021 » du site officiel education.gouv.fr, sur le site Eduscol de la direction générale de l'enseignement scolaire et sur le site de l'ONISEP (Office national d'information sur les enseignements et les professions). Une lettre à destination des chefs d'établissement et de leurs équipes synthétise régulièrement les points d'actualité sur la mise en place du Bac 2021.

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