Question de M. CIGOLOTTI Olivier (Haute-Loire - UC) publiée le 17/05/2019

Question posée en séance publique le 16/05/2019

M. Olivier Cigolotti. Ma question prolonge celle de notre collègue Christian Cambon.

Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello sont allés au bout de leur mission, jusqu'au sacrifice de leur vie. Ils ont permis la libération de quatre otages, dont deux de nos compatriotes.

Notre groupe s'incline devant le courage et la détermination de ces deux militaires d'exception. Nos pensées vont à leurs proches, à leurs familles et à leurs frères d'armes.

Cet événement tragique remet au cœur de l'actualité la situation politique de l'Afrique de l'Ouest. L'heure n'est pas à la polémique, comme cela vient d'être dit, mais plutôt aux questionnements sur les éléments liés à la sécurité dans cette bande sahélo-saharienne, dont la superficie, je le rappelle, est équivalente à celle de l'Europe.

Je m'interroge tout d'abord sur la force conjointe du G5 Sahel. Cette dernière n'est actuellement pas en mesure d'assurer totalement sa mission, à savoir la sécurité dans la zone des trois frontières du Tchad, du Mali et du Niger. Le sera-t-elle d'ailleurs un jour, compte tenu des difficultés qu'elle rencontre ? Il est évident que les groupes armés terroristes ont des connexions entre eux et se jouent de la stratégie du G5 Sahel.

Je m'interroge ensuite sur l'action de la France et son engagement dans cette région du monde.

Nos forces armées font au quotidien un travail remarquable dans ces territoires hostiles, mais la France semble bien seule, même si elle est aidée efficacement par ses alliés historiques que sont nos amis Britanniques et Américains. Entre aide au développement et présence militaire, combien de temps allons-nous continuer à lutter avec force et détermination, mais pratiquement seuls, contre la barbarie et le fanatisme ?

La lutte contre le terrorisme est un enjeu international. Quand pourrons-nous enfin compter sur un véritable engagement européen au Sahel ? (Applaudissements sur les travées du groupe Union Centriste.)

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 17/05/2019

Réponse apportée en séance publique le 16/05/2019

M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur Cigolotti, mardi, alors même que la Nation était rassemblée autour de nos deux héros, les ministres des affaires étrangères et de la défense européens, mais aussi les membres du G5 Sahel se réunissaient à Bruxelles. Cette réunion, outre qu'elle fut l'occasion de leur rendre hommage, a montré une prise de conscience européenne sur l'importance d'unir nos forces et nos actions pour apporter des réponses de long terme à cette zone sahélienne déstabilisée par de nombreux actes terroristes. La nuit dernière en a, hélas ! apporté une nouvelle confirmation, avec l'attaque de plusieurs dizaines de soldats nigériens.

La réponse à cette menace est nécessairement multidimensionnelle.

Elle doit être sécuritaire, comme vous l'avez rappelé, avec la montée en puissance de la force conjointe G5 Sahel. Les Européens ont investi 100 millions d'euros pour équiper et former ces troupes, composées de près de 4 000 hommes issus des cinq pays. Aujourd'hui, cette force effectue des sorties très régulières sur le terrain.

Nous devons également apporter une réponse en matière de développement. C'est pourquoi nous avons tenu à mettre en place l'Alliance Sahel, qui, sur l'initiative du Président de la République et de la Chancelière Angela Merkel, réunit l'ensemble des bailleurs de fonds et des donateurs pour accélérer les procédures et agir sur le terrain en matière d'éducation et d'accès à l'emploi. C'est ainsi que l'on empêchera des jeunes de basculer dans le radicalisme.

La réponse, enfin, est politique. Mardi, à Bruxelles, l'impératif du dialogue au nord et au centre du Mali a été souligné. C'est ainsi que des réponses pérennes pourront être apportées. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

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