Question de Mme LIENEMANN Marie-Noëlle (Paris - CRCE-R) publiée le 02/05/2019

Mme Marie-Noëlle Lienemann interpelle Mme la ministre des solidarités et de la santé au sujet des conditions d'utilisation du répertoire SI-VIC (« système d'information pour le suivi des victimes »). En effet si ce dernier a été crée en 2016 dans un but de régulation sanitaire en cas de situation exceptionnelle, nous avons appris par voie de presse que l'utilisation de celui-ci avait été non seulement étendue aux mouvements sociaux mais pire, qu'il comporterait des données à la fois personnelles permettant l'identification du patient et aussi des données médicales.
Par ailleurs ce fichier serait consultable à la fois par les agents du ministère de la santé, de celui de l'intérieur, des affaires sociales et des affaires étrangères.
Si cela était, ce fichier contreviendrait à la fois au secret médical et aux conditions d'autorisation données par la commission nationale informatique et libertés (CNIL).
Par ailleurs, il est indiqué que les données collectées le sont sans que les personnes concernées en soient averties, ce qui contreviendrait à l'interdiction de collecte des données personnelles sans le consentement des personnes concernées.
C'est pourquoi elle lui demande qu'une enquête administrative soit diligentée afin de vérifier les conditions exactes et réelles d'utilisation de ce fichier notamment pendant les manifestations des Gilets jaunes. Par ailleurs, elle souhaite savoir si l'extension des données collectées dans ce fichier sont le seul fait de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ou si elle a pu être généralisée à tous les établissement de santé, notamment aux hôpitaux.
Elle demande au Gouvernement de faire la lumière sur les raisons qui ont pu amener certains personnels de santé à déroger aux règles d'usage de ce fichier et si des consignes ont pu leur être données par l'autorité publique.
Enfin , elle lui demande que cette utilisation illégale, si elle était avérée, cesse et quelles sont les mesures gouvernementales qui seront prises pour effacer toutes les données personnelles de ce fichier.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 04/07/2019

La mise en place de l'outil SI-VIC au niveau national a été validée afin de permettre l'identification et le suivi des victimes prises en charge par le système de santé. Les principaux objectifs de SI-VIC, autorisé dans le cadre de la délibération de la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL) n° 2017-321 du 7 décembre 2017, sont les suivants : assurer le dénombrement des victimes dans les établissements de santé afin de caractériser l'impact de l'événement sur les capacités des établissements de santé,  informer les familles et les proches sur le lieu d'accueil des victimes notamment dans le cadre de la cellule interministérielle d'aide aux victimes (CIAV),  assurer l'identification et le suivi des victimes prises en charge dans le système de soins, alimenter la liste des victimes établie par le ministère de la justice à la demande du Procureur afin qu'elles puissent bénéficier de leurs droits. Ce système d'information ne doit en aucun cas contenir des données médicales ou sensibles. Les violences urbaines survenues lors des manifestations du 1er décembre 2018 ont engendré un nombre important de blessés, avec un impact significatif sur l'organisation de l'offre de soins, identifié tardivement. Aussi, afin d'éviter l'identification tardive d'un impact sanitaire pouvant perturber l'offre de soins, l'activation de SI-VIC a été réalisée par les agences régionales de santé (ARS), les week-end des 8 et 15 décembre 2018, à la demande du ministère des solidarités et la santé. Ce dispositif a permis de quantifier l'impact du nombre de blessés sur l'offre de soins et permettre d'anticiper la mise en place, le cas échéant, des mesures de régulation des flux de blessés ou de renforcement capacitaire dans les établissements de santé. En fonction des circonstances locales et des besoins des acteurs de santé, un évènement SI-VIC a pu être créé à l'initiative des ARS ou des SAMU, toujours pour poursuivre l'objectif de dénombrement et de gestion des flux de blessés. Comme pour tout type d'évènement pouvant engendrer des conséquences sur le système de santé, l'utilisation de SI-VIC est donc légale. Le décret du 9 mars 2018 prévoit que les agents du ministère de l'intérieur ont accès aux données de SI-VIC dans la stricte mesure où elles sont nécessaires à l'exercice des missions qui leur sont confiées. L'autorisation de la CNIL précise les conditions de ces accès aux données. Aussi, dans le cadre des attentats et au sein de la CIAV, le ministère de l'intérieur peut accéder aux données de SI-VIC. Il s'agit ici d'une autorisation exceptionnelle donnée aux agents des directions nationales de police judiciaire, habilités, nommément désignés et participant à la CIAV (activée uniquement en cas d'attentat). Pour tous les autres cas de figure, le ministère de l'intérieur n'a pas accès aux données, ni à l'outil SI-VIC. Le ministère de la santé lui fournit exclusivement des bilans quantitatifs concernant le nombre de victimes prises en charge dans les établissements de santé concernés. En conséquence, aucune information nominative concernant la prise en charge de blessés dans le cadre du mouvement des « gilets jaunes » n'a été communiquée, sous quelque forme que ce soit, à des services extérieurs au ministère chargé de la santé. Par ailleurs, concernant le cas particulier de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), une enquête a été diligentée par l'ARS Ile-de-France et l'AP-HP afin de rechercher d'éventuels dysfonctionnements locaux et de s'assurer que les données renseignées dans le dispositif ont été strictement celles prévues. Enfin, des échanges ont eu lieu entre le ministère des solidarités et de la santé avec le Conseil national de l'ordre des médecins concernant le système d'information SI-VIC. Ils ont permis de préciser les objectifs de ce dispositif et de rappeler l'intérêt de celui-ci dans le cadre de la gestion de crises par les acteurs de la santé. Des actions conjointes sont prévues par la suite dans le cadre du développement de ce système d'information.

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