Question de M. DAUDIGNY Yves (Aisne - SOCR) publiée le 11/07/2019

M. Yves Daudigny attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur l'absence de prise en charge adaptée dans l'Aisne à l'attention des jeunes filles de 12-16 ans autour de deux thématiques : le suicide et l'interruption volontaire de grossesse (IVG).

Selon le rapport de l'observatoire national du suicide de 2016, l'Aisne est l'un des départements qui connaît un des taux de suicide le plus élevé : entre 30,90 et 30,50 pour 1 000 habitants.

En Picardie, le taux d'hospitalisation pour tentative de suicide en médecine chirurgie chez les jeunes filles de 10-14 ans s'élève à 7,3 pour 10 000 habitants. Chez les jeunes filles de 15-19 ans, il s'élève à 90 pour 10 000 habitants.

Si le taux d'hospitalisation est élevé, l'Aisne souffre de l'absence de « postvention » et de prévention.

Par ailleurs, l'Aisne détient le recours du nombre d'IVG de jeunes filles de 12 ans.

Hélas, le département ne possède aucun sociologue, ni aucun service permettant de faire des relevés de statistiques et d'analyses précis sur ces deux thématiques.

Ce n'est pas un phénomène nouveau mais les facteurs de vulnérabilité des jeunes s'accentuent avec la précarisation de la population et la dégradation du niveau socio-culturel de la population.

Les jeunes en difficulté de lecture représentaient, en 2009, 8,3 %, 16 % en 2014 et 17,7 % en 2019, alors que la moyenne nationale s'élève à 10,8 %.

Le taux de pauvreté atteint cinq points de plus que la moyenne nationale.

L'Aisne ne dispose d'aucun outil adapté pour y répondre.

Les soignants de l'établissement de santé mentale du département de l'Aisne proposent la mise en place d'un groupe de recherche et de réflexion avec l'ensemble des partenaires et des services publics concernés.

Pour l'impulser au niveau national, la présence de la ministre de la santé est nécessaire.

L'Aisne ne peut demeurer éternellement à l'écart du reste de la France.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès de la ministre des solidarités et de la santé publiée le 16/10/2019

Réponse apportée en séance publique le 15/10/2019

M. Yves Daudigny. Monsieur le secrétaire d'État, j'aborde un sujet difficile. Je souhaite en effet attirer l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur l'absence de prise en charge adaptée, dans le département de l'Aisne, des jeunes filles de 12 à 16 ans autour de deux thématiques : le suicide et l'interruption volontaire de grossesse.

Selon le rapport de l'Observatoire national du suicide de 2016, l'Aisne connaît l'un des taux de suicide les plus élevés des départements français, compris entre 30,90 et 30,50 pour 1 000 habitants.

En Picardie, le taux d'hospitalisation pour tentative de suicide en médecine-chirurgie, chez les jeunes filles de 10 à 14 ans, s'élève à 7,3 pour 10 000 habitants. Chez les jeunes filles de 15 à 19 ans, il est de 90 pour 10 000 habitants. Si le taux d'hospitalisation est élevé, l'Aisne souffre de l'absence de « postvention » et de prévention. Par ailleurs, l'Aisne détient le triste record du nombre d'IVG de jeunes filles de 12 ans.

Hélas, le département ne possède aucun sociologue ni aucun service permettant de faire des relevés de statistiques et d'analyses précis sur ces deux thématiques. Ce n'est pas un phénomène nouveau, mais les facteurs de vulnérabilité des jeunes s'accentuent avec la précarisation et la dégradation du niveau socioculturel de la population.

En 2009, 8,3 % des jeunes du département présentaient des difficultés de lecture. Ils étaient 16 % en 2014 et 17,7 % en 2019, contre une moyenne nationale de 10,8 %. Le taux de pauvreté est aussi largement supérieur à la moyenne nationale.

Monsieur le secrétaire d'État, l'Aisne ne dispose d'aucun outil adapté pour répondre à cette problématique des adolescents et adolescentes. Les soignants de l'établissement de santé mentale du département de l'Aisne, très actifs, proposent la mise en place d'un groupe de recherche et de réflexion avec l'ensemble des partenaires et des services publics concernés.

Pour impulser sa création au niveau national, je sollicite votre appui ainsi que celui de Mme la ministre de la santé.

Mme la présidente. La parole est à M. le secrétaire d'État.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État auprès de la ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le sénateur Yves Daudigny, vous soulevez en effet un sujet difficile, auquel le Gouvernement est particulièrement attentif. Je souhaite vous faire part des actions que nous avons entreprises, avec les acteurs locaux.

S'agissant du taux de suicide chez les jeunes filles, une session de formation sera proposée les 15 et 16 janvier 2020 aux professionnels des services d'accueil des urgences de l'Aisne sur la gestion de l'intervention en crise suicidaire. Des formations relatives à l'évaluation du risque suicidaire seront également organisées prochainement pour les professionnels de santé ou les psychologues, ainsi que des formations dites « sentinelles », qui concernent à la fois le repérage et l'orientation pour les citoyens ou les professionnels non cliniciens.

Le dispositif de recontact des suicidants « VigilanS » est opérationnel depuis février 2019 sur les deux secteurs de psychiatrie gérés par le centre hospitalier de Saint-Quentin. Les jeunes patientes qui se présenteraient ainsi dans cet établissement peuvent bénéficier du dispositif, tout en étant suivies parallèlement en pédopsychiatrie.

Par ailleurs, l'installation d'une maison des adolescents dans l'Aisne en 2020 est à l'étude, avec un portage confié à la ville de Saint-Quentin.

L'IVG et les grossesses chez les jeunes filles de moins de 16 ans font l'objet d'une attention toute particulière des autorités sanitaires, même s'il s'agit d'événements rares, avec 18 IVG et 7 accouchements en 2018, 7 IVG et 6 accouchements en 2019 dans l'Aisne pour cette population.

L'ARS des Hauts-de-France a mis en place une plateforme téléphonique régionale « Sexualité, IVG, contraception » permettant de faciliter et fluidifier le parcours des femmes souhaitant effectuer une IVG, avec un numéro adossé au numéro vert national. La moitié des appels concernent des jeunes de moins de 25 ans.

Elle a également développé une application mobile, « Bien dans ma sexualité », qui permet de valoriser l'offre en santé sexuelle et de la rendre accessible. Disponible dans toute la région, elle a été téléchargée près de 400 fois depuis décembre 2018.

Enfin, des projets ont été déployés dans le cadre du parcours éducatif de santé, en liaison avec l'éducation nationale. Le projet de prévention par les pairs développé par le collège de Vic-sur-Aisne en est un bon exemple.

Le Gouvernement comprend l'inquiétude légitime que vous exprimez, monsieur le sénateur, et met en œuvre toutes les dispositions nécessaires pour y faire face.

Mme la présidente. La parole est à M. Yves Daudigny, pour la réplique.

M. Yves Daudigny. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le secrétaire d'État.

Aujourd'hui, en matière de santé publique, en particulier dans le domaine de la santé mentale, l'Aisne doit combler son retard.

Les acteurs locaux s'y emploient, notamment dans le secteur de l'éducation, mais nous avons absolument besoin de l'intervention forte de l'État pour hisser le département de l'Aisne à un niveau comparable à celui des autres territoires français.

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