Question de Mme BONFANTI-DOSSAT Christine (Lot-et-Garonne - Les Républicains) publiée le 03/10/2019

Question posée en séance publique le 02/10/2019

Mme Christine Bonfanti-Dossat. Aujourd'hui, les policiers sont dans la rue. Suicides, agressions, perte de sens de leur mission, cela fait vingt ans que les gardiens de la paix n'avaient pas crié aussi fort leur rage !

Rage à cause des violences qu'ils subissent et qui restent impunies ; rage à cause des heures supplémentaires qu'ils donnent ; rage face à l'indifférence générale à laquelle ils sont confrontés lorsque leur fonction est salie ; rage enfin à cause de leur sentiment d'être « lâchés » par les autorités.

Monsieur le ministre, ils ne sont pas les seuls : les pompiers, les personnels des hôpitaux, les enseignants crient eux aussi leur désespoir. Agressions, violences verbales et physiques, menaces, eux aussi sont seuls pour affronter ces tensions quotidiennes.

Et n'oublions pas les maires, dont nous avons tous vu cet été qu'ils ne sont plus uniquement « à portée d'engueulade », comme le dit le président Larcher, mais qu'ils sont aussi désormais à portée de coups !

Depuis des mois, faute d'un soutien sans faille des pouvoirs publics, ces hommes et ces femmes font face avec courage et détermination aux événements que le Gouvernement ne sait pas maîtriser. Mais la résistance humaine a ses limites !

Faute de réponse, faute d'une politique sans concession vis-à-vis de la violence, nous assistons à une perte d'autorité sans précédent.

Le sentiment d'abandon par la puissance publique domine. Or, monsieur le ministre, un État qui ne protège pas ses serviteurs est un navire sans boussole et, donc, en perdition.

Quelles sont les mesures immédiates que vous comptez prendre pour protéger les forces de l'ordre dans l'exercice de leur fonction ?

Quand vous déciderez-vous à sanctionner ceux qui appellent à la violence et à la mort de tous ces serviteurs qui incarnent pourtant l'autorité de la République ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 03/10/2019

Réponse apportée en séance publique le 02/10/2019

M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice, vous avez raison : la police souffre !

Elle souffre de l'état d'abandon budgétaire dont elle est victime depuis de trop longues années. (Exclamations ironiques sur les travées des groupes Les Républicains, SOCR et CRCE.) Elle souffre d'un désengagement massif du budget de l'État et, notamment, d'une baisse de 13 500 emplois.

Aujourd'hui, on ne peut pas aborder la question des heures supplémentaires sans en évoquer la cause. Cette cause, c'est la baisse massive des emplois au sein de la police et la gendarmerie (Mêmes mouvements.), c'est la surmobilisation des effectifs après les attentats de 2015.

M. François Grosdidier. Vous avez tort de réduire ce sujet à cela !

M. Christophe Castaner, ministre. Aujourd'hui, il est nécessaire de tout remettre à niveau.

Madame la sénatrice, le budget de la police nationale, que je présenterai dans quelques jours devant votre assemblée, aura augmenté de plus de 1 milliard d'euros en trois exercices. Dans le prochain budget, les crédits dédiés à la police nationale augmenteront de 5,3 %. Voilà quelques réponses concrètes !

Nous allons également embaucher au travers d'un plan de recrutement de 10 000 emplois : 1 398 policiers supplémentaires seront ainsi recrutés dans le cadre du projet de loi de finances pour 2020.

De la même façon, le Gouvernement et les organisations syndicales, que Laurent Nunez et moi-même rencontrons très régulièrement, avons fait le choix d'améliorer les conditions matérielles des policiers, notamment celles des gardiens de la paix et des gradés. Dès le début de l'année prochaine, dans le cadre d'une réorganisation profonde de notre police, ils gagneront près de 130 euros nets mensuels supplémentaires.

Voilà quelques réponses, même si nous devons aller au-delà : nous devons mieux équiper les personnels, mieux investir aussi dans l'immobilier : 300 millions d'euros seront consacrés l'année prochaine à rénover ou construire des commissariats…

M. François Grosdidier. Ce n'est pas assez !

M. Christophe Castaner, ministre. Mais c'est beaucoup plus que ce qui a été fait ces quinze dernières années ! (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Des efforts significatifs sont faits. Cela ne suffit certes pas, car je crois, comme vous l'avez dit, que nos forces de sécurité ont besoin de respect, de celui que toute la représentation nationale doit leur porter, dans l'esprit qui a présidé à votre question ! (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. François Grosdidier. Payez les heures supplémentaires !

- page 12759

Page mise à jour le