Question de Mme APOURCEAU-POLY Cathy (Pas-de-Calais - CRCE) publiée le 10/10/2019

Mme Cathy Apourceau-Poly interroge M. le ministre de l'économie et des finances sur le devenir du site Bridgestone de Béthune.
Elle souhaite savoir si le groupe japonais a l'intention de fermer le site de Béthune.
Le « ticket » a été ramené de 18 000 pneus par jour à 9 000 en décembre 2019. Une centaine d'emplois intérimaires sont en passe d'être supprimés, et le groupe persiste à priver l'entreprise béthunoise de tout investissement.
Le président de la République a eu un échange au printemps 2019 sur ce sujet avec le premier ministre du Japon.
Plusieurs réunions à « haut niveau » se sont tenues au ministère de l'économie et des finances, avec le président européen du groupe, sans que rien ne transpire de ces rencontres. Ce silence assourdissant de l'État contribue à installer une psychose anxiogène chez les salariés et les élus du territoire. Le sort de Goodyear, à Amiens est dans tous les esprits.
Dans ce moment difficile, salariés et élus ont besoin d'avoir l'État à leur côté ; et ils ont besoin de le savoir.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'économie et des finances publiée le 13/11/2019

Réponse apportée en séance publique le 12/11/2019

Mme Cathy Apourceau-Poly. Ma question porte sur le devenir du site de fabrication de pneumatiques Bridgestone situé à Béthune, dans le Pas-de-Calais.

Depuis un an, l'attitude du groupe japonais laisse craindre le pire. A-t-il l'intention de fermer le site de Béthune, qui emploie encore plus de 1 000 salariés ?

Dès le début des années 2000, le groupe a développé ses activités en Europe de l'Est, dans des usines largement financées par l'Union européenne. Il continue à y consacrer l'essentiel de ses investissements. Dans le même temps, il met en concurrence ses sites d'Europe de l'Ouest. Aujourd'hui, c'est celui de Béthune qui est malheureusement visé par cette logique. Accusé d'être le moins rentable du groupe, il est privé des investissements nécessaires à sa modernisation.

Dans un contexte où le marché est en crise, comme en atteste l'annonce de la fermeture de l'usine Michelin de La Roche-sur-Yon, la direction de Bridgestone a décidé de ramener le « ticket », c'est-à-dire l'objectif de production, de 18 000 pneus par jour en 2018 à 9 000 à la fin de l'année 2019. Une centaine d'emplois intérimaires est en passe d'être supprimée.

Je sais que le Gouvernement n'est pas sans rien faire. Même le Président de la République a échangé sur ce sujet avec le Premier ministre japonais au printemps dernier. Plus récemment, plusieurs réunions à haut niveau se sont tenues, à Bercy, avec M. Paolo Ferrari, président européen du groupe. Mais rien ne transpire de ces échanges. Ce silence contribue à installer une psychose anxiogène chez les salariés et les élus du territoire. Le sort de Goodyear à Amiens est dans toutes les mémoires.

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances. Madame la sénatrice, vous m'interrogez sur la situation difficile de l'usine de Béthune du groupe Bridgestone.

Comme vous le rappelez, ce dossier a été particulièrement suivi par le Gouvernement, qui avait salué l'accord collectif de performance trouvé fin avril-début mai, grâce d'ailleurs à l'action de ses services et aux nombreux contacts qui ont été pris, y compris avec l'actionnaire japonais.

Aux termes de cet accord, l'actionnaire s'engageait à investir massivement sur le site et à préserver les quelque 1 000 emplois du site. Cet accord a été soumis à un référendum des salariés. Il a malheureusement été rejeté. Il est particulièrement regrettable que des informations parfois erronées aient été relayées au moment de la présentation de cet accord de performance collective, alors même qu'une issue positive aurait permis la réalisation d'investissements nécessaires sur le site, l'assurance d'une charge correcte de l'usine jusqu'en 2021 et une garantie de l'emploi associée.

Un accord aurait été aussi utile pour démontrer à la direction japonaise la volonté de toutes les parties prenantes d'aller de l'avant. Comme vous pouvez l'imaginer, nous avons maintenu le contact avec l'actionnaire Bridgestone. J'ai moi-même saisi M. Ferrari, que vous avez évoqué.

Sans cet accord, nous sommes dans une conjoncture délicate. Le marché du pneumatique en France et en Europe est particulièrement difficile : les Chinois détenaient 5 % du marché voilà dix ans ; ils en détiennent 30 % aujourd'hui, avec des prix drastiquement inférieurs à ceux des productions européennes. Malheureusement, ce sont les consommateurs qui structurent le marché et font le choix d'utiliser des pneus chinois.

Les échanges se poursuivent entre la direction et mes équipes, en liaison avec la région Hauts-de-France. À ce stade, aucun des éléments transmis par les actionnaires ne permet d'affirmer que le groupe Bridgestone souhaite fermer l'usine de Béthune.

En tout état de cause, nous sommes mobilisés aux côtés des salariés et des élus du territoire pour donner à l'entreprise un avenir. J'appelle donc chacun à prendre ses responsabilités pour que le site renoue avec un climat social apaisé permettant de trouver une issue avec l'actionnaire japonais.

 M. le président. La parole est à Mme Cathy Apourceau-Poly, pour la réplique.

Mme Cathy Apourceau-Poly. Je vous remercie, madame la secrétaire d'État, de votre réponse, laquelle ne me satisfait pas pleinement.

La direction n'a jamais voulu investir sur ce site, comme elle aurait dû le faire depuis de nombreuses années, dans les pneus connectés, susceptibles de faire vivre l'entreprise. En ce moment difficile, salariés et élus ont besoin d'avoir, plus que jamais, l'État à leurs côtés.

Quel signe pouvez-vous nous donner à cet égard ? J'espère que la rencontre que j'aurai avec M. Glita et l'intersyndicale de Bridgestone jeudi prochain permettra d'aller dans ce sens.

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