Question de Mme ESTROSI SASSONE Dominique (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 10/10/2019

Question posée en séance publique le 09/10/2019

Mme Dominique Estrosi Sassone. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, j'aurais aimé ne pas avoir à reprendre la parole dans cet hémicycle après une nouvelle frappe de l'islam radical. Malheureusement, l'histoire bégaie.

Après Paris, Nice, Magnanville, Saint-Étienne-du-Rouvray, Marseille, Strasbourg, Toulouse, Carcassonne, Trèbes, c'est au cœur d'un service antiterroriste qu'un islamiste a tué.

Nous pensons bien sûr aux quatre policiers lâchement assassinés, à leurs familles et à l'ensemble de leurs collègues endeuillés.

Le Président de la République parle de bâtir une société de vigilance. Est-ce à dire qu'il entend exonérer sa propre responsabilité et qu'il veut faire porter injustement une part de responsabilité aux Français ?


Mme Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales. N'importe quoi !


Mme Dominique Estrosi Sassone. Or ce qui s'est passé à la préfecture de police de Paris est la conséquence d'une longue dégradation, de compromis et de la chape de plomb que fait peser dans l'espace public le politiquement correct. Ce n'est pas en jetant à la figure de ceux qui s'inquiètent du désarmement moral de notre société et de sa communautarisation le qualificatif « islamophobe » que nous gagnerons cette guerre. C'est au contraire en refusant de tolérer toute manifestation, tout signe de ce qui conduit à la radicalisation des esprits et qui l'annonce que nous nous protégerons.

Vos mots ne suffiront plus, et ce sont vos actes, désormais, qui seront jugés.

Monsieur le Premier ministre, allez-vous vraiment vous attaquer au terreau de l'islamisme et à toutes les formes de communautarisme ? (Bravo ! et vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Les Indépendants.)


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 10/10/2019

Réponse apportée en séance publique le 09/10/2019

M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice Estrosi Sassone, chacun a en tête toutes les victimes de ce drame. Je pense aussi, au moment où je vous parle, à ces deux victimes – bilan à confirmer – tombées aujourd'hui devant une synagogue en Allemagne sous les coups de terroristes. L'enquête en est à ses débuts, mais je sais que le procureur antiterroriste a été saisi.

Madame la sénatrice, je vais répondre très concrètement à votre question. Il nous faut sur ce sujet nous armer totalement. D'abord, en moyens de renseignement : vous le savez, près de 1 900 emplois seront créés lors de ce quinquennat pour lutter, grâce au renseignement, contre le risque du radicalisme et de l'islamisme radical.

De la même façon, nous renforçons l'ensemble des moyens à la disposition du service national des enquêtes administratives de sécurité, le Sneas, pour cibler les agents pouvant présenter un risque.

Plus globalement, il n'y a pas un jour, pas une heure, où nos services ne sont pas mobilisés pour déjouer un risque, pour qu'un risque éventuel ne devienne pas un risque avéré. M. le Premier ministre a rappelé les 59 attentats terroristes qui ont été neutralisés grâce à l'intervention de nos forces de sécurité intérieure.

Mais nous devons effectivement être extrêmement vigilants pour ne rien laisser passer qui soit une atteinte à la République et une menace pour les Français.

Je vais être très factuel, madame la sénatrice, pour vous donner quelques indications : depuis 2018, 362 personnes inscrites au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, le fameux FSPRT, ont été éloignées du territoire ; depuis 2017, 4 mesures d'expulsion ont été prononcées à l'encontre de prédicateurs radicalisés ; depuis 2018, 129 débits de boisson et 12 lieux de culte ont été fermés, de même que 9 établissements culturels et associatifs, ou encore des écoles ; 503 contrôles ont été opérés par les Codaf, les comités opérationnels départementaux anti-fraude.

C'est en mobilisant tous ces moyens que nous lutterons mètre carré par mètre carré, pour qu'aucune parcelle de notre République n'échappe à nos valeurs républicaines. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains. – Applaudissements sur les travées du groupe LaREM et sur des travées du groupe RDSE.)

M. le président. La parole est à Mme Dominique Estrosi Sassone, pour la réplique.

Mme Dominique Estrosi Sassone. Monsieur le ministre de l'intérieur, je suis au regret de vous dire que l'État fait preuve d'une naïveté coupable. Il faut passer des paroles aux actes !

Vous le savez très bien, aujourd'hui, vous ne pouvez pas continuer à vous défausser sur la société. L'État, lui seul, doit prendre toutes ses responsabilités, utiliser tous les moyens à sa disposition pour rendre cette lutte contre la radicalisation des esprits, qui gangrène tous nos territoires, beaucoup plus efficace. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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