Question de M. MANDELLI Didier (Vendée - Les Républicains) publiée le 17/10/2019

Question posée en séance publique le 16/10/2019

M. Didier Mandelli. Ma question s'adresse à la fois au ministre de l'économie et à la ministre du travail.

Le 10 octobre dernier, le groupe Michelin, fleuron industriel français, leader mondial du pneumatique, a annoncé la fermeture définitive du site de La Roche-sur-Yon. Après Joué-lès-Tours en 2013 et 730 emplois supprimés, cette décision met fin à la production de pneus destinés aux poids lourds en France.

Six cent dix-neuf hommes et femmes hautement qualifiés sont concernés et vont perdre leur emploi. La moyenne d'âge des salariés est de trente-neuf ans, et beaucoup ont été recrutés ces cinq dernières années dans le cadre du plan Skipper, qui prévoyait 100 millions d'euros d'investissement et 200 recrutements. Ce sont 70 millions qui ont été investis. Des femmes et des hommes ont consenti beaucoup d'efforts pour améliorer la productivité du site. Cela n'a apparemment pas suffi, et le couperet est tombé brutalement.

Michelin propose 120 millions d'euros pour accompagner la reconversion de l'usine, suggère la mobilité interne pour des personnes qui ont construit leur vie familiale et professionnelle en Vendée, pour certains depuis plus de trente ans. C'est une vue de l'esprit !

La présidente de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais, et Bruno Retailleau ont obtenu le remboursement des aides régionales accordées à Michelin. Est-ce que l'État fera la même démarche pour une part du CICE ? L'État sera-t-il présent aux côtés des salariés et des élus locaux, dont le maire de La Roche-sur-Yon, Luc Bouard, et le président du département, Yves Auvinet, pour obtenir toutes les garanties et amortir les conséquences de ce drame économique et humain à long terme ?

Cette malheureuse actualité illustre les travers de notre économie. Plus généralement, comment l'État entend-il œuvrer pour préserver et développer l'industrie dans notre pays ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'économie et des finances et du ministre de l'action et des comptes publics, chargé du numérique publiée le 17/10/2019

Réponse apportée en séance publique le 16/10/2019

M. Cédric O, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances et du ministre de l'action et des comptes publics, chargé du numérique. Monsieur le sénateur Mandelli, votre question jette une lumière assez vive sur la question posée précédemment par le sénateur Bargeton concernant l'urgence d'un pacte productif.

Le problème de Michelin à La Roche-sur-Yon, c'est l'émergence des concurrents chinois. Ceux-ci émergent dans le numérique, dans l'industrie, mais aussi dans des secteurs comme les pneus, où la France comptait pourtant des entreprises parmi les meilleures du monde. Il est donc nécessaire de mener des actions défensives, mais également des actions offensives pour pouvoir nous battre à la hauteur de la compétition mondiale.

S'agissant du site de La Roche-sur-Yon, le président de Michelin s'est engagé à accompagner l'ensemble des salariés. Je puis vous assurer que, avec Bruno Le Maire et Muriel Pénicaud, nous ferons en sorte de veiller à ce que chacun des 619 salariés du site Michelin soit accompagné jusqu'à ce qu'il trouve un emploi.

M. Philippe Bas. C'est la moindre des choses !

M. Bruno Retailleau. C'est la loi !

M. Cédric O, secrétaire d'État. Le site de La Roche-sur-Yon est un bassin d'emplois industriels dynamique. J'ai eu l'occasion, quand j'étais dans l'industrie, de travailler sur le sujet. Il faut donc que chaque salarié retrouve un emploi dans les semaines et les mois à venir. Le Gouvernement y sera très attentif.

Enfin, monsieur le sénateur, il est aberrant de constater que des pneus moins chers, mais aussi moins durables, se vendent mieux et évincent des technologies françaises plus durables et plus écologiques. C'est également un sujet sur lequel le Gouvernement souhaite se mobiliser. Bruno Le Maire et Agnès Pannier-Runacher ont demandé un contrôle express à la DGCCRF. Nous voulons porter ce débat au niveau européen pour faire respecter à la fois nos ambitions industrielles et nos objectifs écologiques. (Applaudissements sur des travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. Didier Mandelli, pour la réplique.

M. Didier Mandelli. Dans le projet de loi Économie circulaire, nous avons intégré l'obligation d'inclure dans la commande publique des pneus issus des filières qualitatives françaises.

Plus généralement, je n'ai pas à être convaincu ou pas par votre réponse, monsieur le secrétaire d'État. Ce sont les salariés qui doivent l'être. Nous le leur demanderons. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Catherine Deroche. Très bien !

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