Question de Mme MORHET-RICHAUD Patricia (Hautes-Alpes - Les Républicains) publiée le 24/10/2019

Question posée en séance publique le 23/10/2019

Mme Patricia Morhet-Richaud. Monsieur le Premier ministre, en montagne, avant l'arrivée de la neige, la saison du « démontagnage » est synonyme d'activité économique, sociale et culturelle intense dans nos vallées.

À l'automne, sont organisées dans les territoires alpins et pyrénéens les grandes foires agricoles, celles où éleveurs, maquignons et bergers se retrouvent le temps d'une journée pour partager les dernières anecdotes de la saison d'estive et vendre leurs bêtes. Ce sont des agneaux, des veaux qui n'ont pas encore connu les étables : des bêtes élevées en plein air, avec soin et, j'ose le dire, avec amour !

Cette année pourtant, à la traditionnelle foire aux tardons du Haut-Champsaur, il était impossible d'acheter des brebis. Malgré la qualité des produits locaux, malgré le soleil et les couleurs d'automne, le temps n'était pas à la fête.

D'ailleurs, de nombreux maires venus des Hautes-Alpes, des Alpes-de-Haute-Provence, de Vaucluse et des Alpes-Maritimes s'étaient rendus jusqu'à Champoléon pour exprimer leur soutien aux éleveurs, et interpeller les pouvoirs publics sur une réalité qui n'est plus tenable.

En effet, dans certains alpages comme ceux qui sont situés au cœur du parc national des Écrins, il est impossible d'appliquer les mesures de protection du plan national d'actions sur le loup et les activités d'élevage. Malgré les dispositifs d'aides-bergers, de filets et de chiens de protection, le loup gagne des territoires au fil des années. Aujourd'hui se pose la question du devenir de l'agropastoralisme en montagne.

La question n'est pas de savoir qui du ministre de la transition écologique et solidaire ou du ministre de l'agriculture et de l'alimentation aura le dernier mot. Non, monsieur le Premier ministre, la question est de savoir si la France veut ou non maintenir la tradition du pastoralisme et la vie qui va avec ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et SOCR.)


Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 24/10/2019

Réponse apportée en séance publique le 23/10/2019

M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Madame la sénatrice, je connais votre engagement en faveur de l'agropastoralisme et de la défense des éleveurs. Je peux vous dire que le Gouvernement a un objectif : faire en sorte que la tradition agropastorale perdure, que les bergers restent dans nos montagnes et que l'on continue d'y voir des troupeaux. (Marques d'agacement sur diverses travées.)

Je ne plaisante pas ! Je ne veux pas polémiquer sur ce sujet, pour une bonne et simple raison : quand un éleveur voit 150 brebis dérochées, quand un éleveur voit ses brebis égorgées, quand un éleveur passe la nuit, stressé, à surveiller son troupeau sans dormir, il ne peut pas exercer son propre métier !

C'est la raison pour laquelle le Gouvernement a appliqué cette année un plan Loup d'une ampleur inédite jusqu'ici : nous avons doublé le nombre de prélèvements et avons consacré des moyens comme jamais pour faire en sorte que le pastoralisme se perpétue.

Vous connaissez la position du Gouvernement : entre l'éleveur et le prédateur, nous choisirons toujours l'éleveur ! (Exclamations, tandis que l'on imite le hurlement du loup sur certaines travées.)

Voilà pourquoi le nombre de prélèvements au titre du plan Loup a été doublé cette année. Le nouveau plan, coordonné par le préfet Mailhos, a prévu un certain nombre de possibilités de tirs de prélèvement ou d'effarouchement. Nous en sommes pratiquement à 100 tirs de prélèvement et, si ce centième loup devait être prélevé, le préfet a prévenu que le plafond serait augmenté.

Parallèlement, comme nous avons pleinement conscience de la dimension européenne de ce sujet, la France a pour la première fois – ce n'était jamais arriv頖 déposé le dossier sur la table de l'Union européenne, à l'échelon du conseil des ministres. Nous avons clairement dit : « Oui à la biodiversité, mais oui aussi à l'équilibre agropastoral. »

Un texte est donc en cours d'élaboration, par plusieurs pays, pour faire évoluer le guide interprétatif sur les espèces en voie de disparition. Le Gouvernement a annoncé qu'il y avait plus de 500 loups en France : ce n'est plus une espèce en voie de disparition dans notre pays ! (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à Mme Patricia Morhet-Richaud, pour la réplique.

Mme Patricia Morhet-Richaud. Monsieur le ministre, ce n'est pas suffisant ! Il est temps que le Gouvernement prenne ses responsabilités et assume ses choix. Il est temps que les paroles soient en adéquation avec les actes. Il est temps que le Gouvernement explique aux consommateurs qu'il n'est pas favorable à l'élevage extensif, préférant abandonner la montagne au loup et à l'ours. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC et Les Indépendants.)

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