Question de M. LAURENT Pierre (Paris - CRCE) publiée le 03/10/2019

M. Pierre Laurent attire l'attention de M. le secrétaire d'État, auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire, chargé des transports sur le projet de transformation de la gare du nord à Paris.
La gare du nord est le principal pôle d'échanges de France et d'Europe où circulent plus de 700 000 voyageurs par jour dont 500 000 dans la gare souterraine pour le réseau express régional (RER) et le métro, ce qui représente plus de 200 millions de voyageurs chaque année. Elle est aussi le chef-d'œuvre de l'architecte Jacques Ignace Hittorff, qui l'a conçue en 1864 et elle figure à l'inventaire des monuments historiques. En 2001, une gare d'échanges vitrée nommée halles d'Hittorff a été ajoutée.
La grande plate-forme transversale et le hall du transilien se sont, au cours des années, remplis de kiosques commerciaux qui compriment l'espace réservé aux voyageurs.
Le nouveau projet de la SNCF, associé au groupe Auchan via sa filiale immobilière Ceetrus, cherche à capter commercialement les 200 millions d'usagers de la gare par an. Ce projet renforcerait cette commercialisation au détriment des usages de cette gare en créant plus de 50 000 m2 de surfaces construites nouvelles, dont un centre commercial de 20 000 m2 et des bureaux.
Avec un tel projet, l'accès direct aux quais pour les voyageurs franciliens, nationaux comme internationaux, tel qu'il se pratique aujourd'hui deviendrait impossible. Les promoteurs ne cachent pas que les distances à parcourir se trouveraient allongées pour les voyageurs, ce qui implique que les temps d'accès aux transports publics seraient aussi augmentés.
Ce projet prévoit également de raser « les halles d'Hittorff » moins de vingt ans après leur construction, ce qui serait un gâchis financier et architectural. Un tel projet irait à l'encontre également du rééquilibrage nécessaire des activités dans Paris et dans l'espace de la métropole du Grand Paris. Il induirait un fort risque de priver le pays d'un instrument essentiel de la desserte des sites olympiques, suite aux délais incompressibles d'enquêtes, de recours et des travaux eux-mêmes.
De nombreux acteurs et élus estiment que ce projet ne peut qu'avoir des conséquences négatives pour les usagers et estiment qu'il faut faire d'autres choix en vue de faire de cette gare du nord un espace civilisé de mouvement et de rencontre.
C'est pourquoi il lui demande d'agir en faveur de l'arrêt de ce projet et d'un dialogue de tous les acteurs concernés, visant à mettre sur pied un projet pour satisfaire l'exigence légitime d'une amélioration de la mobilité au lieu de s'enferrer dans une logique surannée de mises en place de centres commerciaux qui ont pour seul objectif de satisfaire quelques intérêts privés au détriment de l'intérêt général.

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Transmise au Ministère auprès de la ministre de la transition écologique - Transports


Réponse du Ministère auprès de la ministre de la transition écologique - Transports publiée le 03/03/2022

La gare du Nord est la plus grande gare d'Europe et sa fréquentation aujourd'hui de 700 000 visiteurs quotidiens est vouée à croître encore dans les prochaines années pour atteindre 900 000 utilisateurs en 2030. Le projet de transformation de la gare du Nord, lancé en 2017 et pour lequel un permis de construire avait été délivré en juillet 2020, visait essentiellement à désaturer et à augmenter les espaces ferroviaires à l'horizon 2024, année des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris. Durant l'été 2021, la société concessionnaire en charge du projet, StatioNord, a informé SNCF Gares & Connexions que l'offre proposée par le constructeur pressenti se traduirait par une augmentation très importante du budget total, ainsi que par un retard de 2 à 3 ans qui ne permettrait pas de respecter les échéances de la coupe du monde de rugby de 2023 et des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. Au regard de l'ampleur des écarts constatés par rapport aux engagements contractuels, Gares & Connexions a mis fin, le 21 septembre 2021, à son contrat de concession avec la société StatioNord. Néanmoins au vu de la nécessité, partagée par le groupe SNCF, l'État et les collectivités locales, d'améliorer les conditions d'accueil des voyageurs et d'adapter la gare à l'horizon des grands événements sportifs de 2023 et 2024, SNCF Gares & Connexions a décidé de lancer, sous sa propre maîtrise d'ouvrage, la conception d'un projet de transformation, de moindre ampleur, qui sera élaboré en concertation étroite avec les acteurs publics concernés. Les travaux, qui débuteront à la fin de l'année 2022, permettront d'améliorer les flux voyageurs en agissant sur la signalétique et de réaliser de nouvelles liaisons verticales (escaliers mécaniques) entre la gare souterraine des transports du quotidien et la gare de surface. L'embarquement dans le terminal Transmanche sera amélioré par l'installation de nouveaux appareils de contrôle et l'agrandissement des espaces d'attente. Par ailleurs le parvis de la gare sera réaménagé pour en faire une véritable zone intermodale dédiée aux piétons et aux vélos (accès aux bus, installation de stationnements sécurisés pour les vélos).

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