Question de Mme LAVARDE Christine (Hauts-de-Seine - Les Républicains) publiée le 07/11/2019

Question posée en séance publique le 06/11/2019

Mme Christine Lavarde. Voilà vingt et un jours que le Liban connaît une situation de crise, déclenchée par le souhait du gouvernement de taxer les appels passés via des services numériques tels que WhatsApp. Ce projet de taxe a été la goutte d'eau qui a fait déborder un vase déjà bien rempli : niveau de corruption élevé, situation économique dégradée, fuite des investissements, services publics défaillants en matière de fourniture d'eau courante ou d'électricité. Par ailleurs, le pays est fortement fragilisé par la guerre en Syrie.

Lundi, l'agence Moody's a dégradé pour la deuxième fois de l'année la note de la dette du Liban, désormais qualifiée de « spéculative ».

Le 29 octobre dernier, à l'Assemblée nationale, le ministre des affaires étrangères a déclaré que la démission du Premier ministre du Liban « ne fait qu'aggraver la crise ». Il a par ailleurs indiqué que la conviction du Gouvernement est qu'il faut appeler les responsables libanais à garantir la stabilité des institutions et à écouter les revendications de la population. Cette déclaration a été mal interprétée par la population locale, qui dénonce dans la rue l'ingérence des pays étrangers dans la politique intérieure libanaise.

Au travers d'une lettre ouverte, un plaidoyer citoyen appelle les Nations unies et la communauté européenne à écouter les attentes des citoyens : une véritable indépendance du Liban et l'établissement d'un État laïque.

La France est depuis longtemps un pays ami du Liban. Comment comptez-vous répondre aux attentes du peuple libanais, qui aspire à un système politique moins corrompu et à une amélioration de la situation économique ? (Applaudissements sur des travées des groupes Les Républicains et UC.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé des affaires européennes publiée le 07/11/2019

Réponse apportée en séance publique le 06/11/2019

Mme Amélie de Montchalin, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée des affaires européennes. Madame la sénatrice, nous ne sommes pas dans l'ingérence, mais nous suivons avec la plus grande attention la situation au Liban, marquée par d'importantes manifestations de citoyens réclamant quotidiennement, depuis plusieurs semaines, des réformes sur les plans économique, social et politique.

Le défi, pour les autorités libanaises, est de répondre à ces fortes attentes exprimées par la population, alors que la situation du pays est très fragile, par contrecoup des crises régionales et des difficultés de l'économie. La nécessité de réformes d'ampleur est reconnue par tous, et les manifestations qui ont conduit à la démission du Premier ministre Saad Hariri, le 29 octobre, montrent que la suite est incertaine et que c'est d'abord aux Libanais de l'écrire.

La France insiste sur l'importance de la stabilité du pays dans un contexte régional très tendu, d'une part, et appelle à écouter les manifestants et à leur répondre, d'autre part, leur demande de réformes nous semblant légitime. À la suite de la démission du Premier ministre, il nous paraît essentiel qu'un gouvernement puisse rapidement être formé pour conduire les réformes dont le pays a besoin. Dans le contexte de crise économique, sociale et politique que connaît le Liban, il revient aux responsables politiques libanais de faire prévaloir un esprit d'unité nationale et de responsabilité pour garantir la stabilité, la sécurité et l'intérêt général du pays.

Dans cet esprit, tout doit être fait pour éviter les provocations et les violences, ainsi que pour préserver le droit des citoyens à manifester pacifiquement. Il est donc essentiel que l'ensemble des forces politiques facilitent dès à présent la formation d'un nouveau gouvernement qui puisse répondre aux aspirations légitimes exprimées par les Libanaises et les Libanais et prendre les décisions indispensables au rétablissement économique du pays.

La France, dans le cadre fixé par la conférence CEDRE, se tient prête à soutenir le Liban. Dans ce moment crucial, la France, comme toujours, se tient aux côtés du peuple libanais. (Applaudissements sur des travées des groupes LaREM et RDSE.)

M. le président. La parole est à Mme Christine Lavarde, pour la réplique.

Mme Christine Lavarde. Madame la secrétaire d'État, vous n'avez répondu qu'imparfaitement à ma question. La poursuite des manifestations montre bien que la démission du Premier ministre, qui était certes une revendication de la population, n'est pas la réponse aux problèmes. Aujourd'hui, le peuple libanais demande l'établissement d'un nouveau système, beaucoup moins corrompu. Peut-être pourrions-nous l'accompagner dans cette voie. Pour l'instant, la seule réalité tangible, c'est l'annulation du salon du livre francophone qui devait se tenir à Beyrouth dans les tout prochains jours. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains. – M. Jean-Marc Gabouty applaudit également.)

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