Question de Mme LUBIN Monique (Landes - SOCR) publiée le 28/11/2019

Question posée en séance publique le 27/11/2019

Mme Monique Lubin. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, je veux m'associer, en préambule, au nom de mes collègues du groupe socialiste et républicain, à l'hommage unanime rendu à nos militaires morts pour la France.

Monsieur le Premier ministre, neuf Français sur dix disent vivre actuellement une crise sociale ; personnels des hôpitaux, étudiants, chômeurs, enseignants, pompiers et aujourd'hui agriculteurs sont autant de lanceurs d'alerte sur l'état de notre société.

Pourtant, la France est un pays riche. C'est donc qu'il y a un problème, monsieur le Premier ministre, que M. le Président de la République évacue d'un « revers de formule » : les Français seraient « pessimistes ». Mais comment pourrait-il en être autrement, quand ils considèrent que leurs difficultés sont mal comprises de leurs gouvernants, quand les solutions avancées reposent quasiment toujours sur la stigmatisation de telle ou telle catégorie : sur les chômeurs prétendus profiteurs pour la réforme forcée de l'assurance chômage, sur les étrangers prétendus consommateurs de notre système de santé pour la réforme de l'accès à l'aide médicale d'État ?

Et voici maintenant la réforme des retraites, avec son lot d'annonces désordonnées et anxiogènes. Elle commencera par pénaliser la génération des personnes nées entre 1959 et 1963, qui, nous aviez-vous dit, ne devait pas être concernée, mais prendra finalement de plein fouet, tout comme les mères de famille, d'ailleurs, les effets de la réforme paramétrique que vous nous préparez, le tout, bien sûr, sur fond de stigmatisation de ces « nantis », qui seraient la source des maux de tous les autres.

Diviser, toujours diviser…

Monsieur le Premier ministre, où est l'État, l'État protecteur, qui garantit la cohésion sociale, qui maintient le vivre-ensemble malgré les différences, qui apaise, qui rassemble son peuple, bref, celui qui redonnera l'optimisme, voire l'espoir, à nos concitoyens ? (Applaudissements sur les travées des groupes SOCR et CRCE.)


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé – Retraites publiée le 28/11/2019

Réponse apportée en séance publique le 27/11/2019

M. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites, délégué auprès de la ministre des solidarités et de la santé. Madame Lubin, permettez-moi d'abord d'être sensible au discours que vous tenez sur les fractures de la société française. Je m'en étais moi-même beaucoup ému lorsque j'étais Médiateur de la République.

Si je me suis engagé, sous l'autorité du Premier ministre, dans la mise en place d'un projet universel, c'est peut-être porté par le souffle de l'histoire, pour essayer de faire en sorte que le soutien de l'universalité ne se résume pas à une addition de différences (Murmures désapprobateurs sur des travées des groupes CRCE et SOCR) ; pour que l'on puisse, au contraire, retrouver ce sens du bien commun et que l'on ne cherche pas à considérer l'État comme une fiction permettant à chacun de vivre au détriment des autres. (M. Martin Lévrier applaudit, suivi par des membres des groupes LaREM et RDSE, tandis que les murmures vont croissant sur les travées des groupes CRCE et SOCR, rejointes par des travées du groupe Les Républicains, où M. Bruno Retailleau interpelle le haut-commissaire.)

C'est la raison pour laquelle, souhaitant faire bénéficier les futures générations de la formidable exigence qu'avait exprimée Winston Churchill – la différence entre un politicien et un politique, c'est que, quand l'un s'occupe des prochaines générations, l'autre s'occupe de prochaines élections (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM et sur des travées du groupe RDSE. – Protestations sur les travées des groupes SOCR et Les Républicains.) –, nous avons souhaité mettre en place un système répondant à l'exigence d'équité – les mêmes règles pour tous –, faisant de la retraite le reflet du travail et permettant d'assurer plus de solidarité et de redistribution, notamment vis-à-vis des femmes.

M. Philippe Bas. Bavardage !

M. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire. Selon nos simulations, les pensions des femmes des générations 1980 et 1990 augmenteront de 5 % à 10 %.

Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains. C'est faux !

M. Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire. Je crois que, sur ce sujet, nous pourrions nous retrouver. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM, ainsi que sur des travées des groupes Les Indépendants et RDSE. – Marques de perplexité et de désapprobation sur les travées des groupes CRCE, SOCR et Les Républicains)

M. le président. La parole est à Mme Monique Lubin, pour la réplique.

Mme Monique Lubin. Je constate, monsieur le haut-commissaire, que le Gouvernement est toujours dans un système manichéen : d'un côté, ceux qui auraient tout compris ; de l'autre, ceux qui n'auraient rien compris.

Il y a une chose que j'ai retenue, toutefois : le « souffle de l'histoire » nous rappelle que, lorsqu'ils en ont assez, les peuples finissent toujours par se rebeller ! (Applaudissements sur les travées des groupes SOCR et CRCE.)

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