Question de M. LOUAULT Pierre (Indre-et-Loire - UC) publiée le 28/11/2019

Question posée en séance publique le 27/11/2019

M. Pierre Louault. Monsieur le ministre de l'agriculture, il ne vous aura pas échappé que, aujourd'hui, à Paris, comme dans un certain nombre de villes françaises, nos agriculteurs sont dans la rue.

Après l'espoir suscité par la loi dite « Égalim » et les États généraux de l'alimentation, les agriculteurs de notre pays sont amenés à constater que les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances qu'ils ont nourries et que, collectivement, nous voulons leur donner depuis tant d'années.

Une réalité nous rattrape encore et toujours : celle des prix agricoles. Monsieur le ministre, monsieur le Premier ministre, elle relève de la responsabilité de votre Gouvernement !

Aujourd'hui, 450 000 Français se lèvent tous les matins à six heures et travaillent 7 jours sur 7 pour ne gagner même pas le SMIC pour la moitié d'entre eux – un quart ont même des revenus inférieurs au RSA. Pourtant, ce sont ces milliers de paysans qui nourrissent nos 68 millions de concitoyens, avec pour seul retour les attaques des doctrinaires environnementaux et animalistes !

Les agriculteurs font des efforts considérables. Ils ont acquis une grande capacité de remise en cause, comme peu de personnes dans notre société. Les pratiques agricoles évoluent pour améliorer la qualité des produits. La disparition du glyphosate détruira les espoirs des agriculteurs, notamment des plus performants en matière de conservation des sols.

Malgré tous ces constats, le phénomène d'agri-bashing s'acharne, mitraille, harcèle l'agriculture de ce pays.

Monsieur le ministre, comment redonner une raison de vivre aux agriculteurs ? Comment leur permettre de gagner leur vie ? Comment leur redonner une raison d'être face à leurs bourreaux, qui les emmènent tout droit au suicide ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC, ainsi que sur des travées des groupes Les Indépendants et Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 28/11/2019

Réponse apportée en séance publique le 27/11/2019

M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Monsieur le sénateur Pierre Louault, aujourd'hui, selon le comptage du ministère de l'intérieur, 1 086 tracteurs roulent sur Paris.

M. Bruno Sido. Bravo !

M. Didier Guillaume, ministre. Ce chiffre traduit une mobilisation très importante. De nombreuses capitales régionales connaissent également des manifestations et des blocages considérables.

Quelle est la raison de cette mobilisation ?

Comme vous l'avez dit dans la seconde partie de votre question, les agriculteurs en ont tout simplement marre du dénigrement permanent. (Protestations sur les travées du groupe CRCE.) Les agriculteurs en ont marre de se faire insulter lorsqu'ils épandent dans un champ. Les agriculteurs en ont marre des agressions et des attaques de leurs élevages – on en recense désormais soixante-dix, auxquelles ont pu participer des parlementaires de la République, madame Assassi. (Mme Éliane Assassi proteste. – Applaudissements sur des travées des groupes UC et Les Républicains.) Ce week-end encore, trois bâtiments d'élevage ont été brûlés.

De tels agissements sont inacceptables ! Il faut les condamner fermement. Toutes celles et tous ceux qui leur trouveront des justifications seront complices de la détresse des agriculteurs et de l'agri-bashing. (Applaudissements sur les mêmes travées, ainsi que sur des travées du RDSE.)

Nous essayons de travailler pour que les agriculteurs perçoivent un revenu décent. Aujourd'hui, l'agriculture est confrontée à une grande difficulté : c'est la seule profession, en France, qui ne fixe pas ses prix. C'est la seule profession qui vend à des prix inférieurs aux coûts ! C'est inacceptable.

Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains. Égalim !

M. Didier Guillaume, ministre. Je répondrai à Mme Primas tout à l'heure. (Exclamations sur des travées du groupe Les Républicains.)

La loi Égalim a prévu l'inversion de la construction des prix, qui n'avait jamais été tentée jusqu'alors.

M. Pierre Cuypers. C'est raté !

M. Didier Guillaume, ministre. Celle-ci a été décidée par l'ensemble de la profession agricole et reprise par les parlementaires, à la suite des États généraux. Nous sommes en train de la mettre en œuvre. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM, ainsi que sur des travées des groupes RDSE et UC.)

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