Question de Mme PRÉVILLE Angèle (Lot - SOCR) publiée le 19/12/2019

Question posée en séance publique le 18/12/2019

Mme Angèle Préville. Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, quelle déception ! Quatre ans après l'accord historique de Paris qui avait suscité tant d'espoir et d'enthousiasme, la COP25 s'achève sur des décisions insignifiantes.

Échec à relever l'ambition et à réglementer les marchés du carbone, fiasco annoncé du mécanisme des pertes et préjudices envers les pays en voie de développement… Aujourd'hui, l'inaction des États est pointée du doigt et creuse le fossé démocratique entre les dirigeants et les aspirations citoyennes.

Où se situe notre crédibilité quand notre président, pourtant sacré champion du monde, est aux abonnés absents ? C'est un lourd manquement politique à la cause climatique.

Quelle ironie, d'ailleurs, quand le stand de la France à Madrid affichait sur un écran lumineux, de manière décalée, quasi surréaliste : « Mobilisation générale », comme une radicalité désincarnée de dernière chance.

Les générations futures sont dans la rue et nous interpellent face à une promesse d'avenir qui s'efface : fonte du pergélisol, progression des déserts, canicules à répétition, baisse drastique de la biodiversité… Les objectifs dérapent sur l'impossibilité d'intégrer dans notre société la réalité du changement climatique.

Pourtant, sur cet échec, vous arguez déjà de la COP26, du rôle de la France dans le green deal européen ou encore de la convention à venir sur la biodiversité. Ce sont des mots, regardons vos actes : la loi d'orientation des mobilités (LOM) n'a pas offert de véritable mobilité verte, ne permet pas de lutter contre la pollution de l'air et reporte l'interdiction du moteur thermique à 2040 ; la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable (Égalim) n'a pas gravé dans la loi l'interdiction du glyphosate ; l'interdiction des emballages en plastique à usage unique n'interviendra qu'en 2040 à nouveau… Le mot urgence a-t-il pour vous un sens ?

Notre modèle de consommation est dépassé, nous l'avons épuisé. Nous allons de reculade en reculade et le temps des grands-messes inopérantes devrait être derrière nous. Quand assumerez-vous votre rôle ? (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR. – Mme Marie-Noëlle Lienemann applaudit également.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire publiée le 19/12/2019

Réponse apportée en séance publique le 18/12/2019

Mme Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire. Madame la sénatrice Angèle Préville, oui, alors que l'urgence climatique est là, alors que les citoyens se mobilisent partout dans le monde, l'ambition a manqué à cette COP25 et la France le regrette vivement.

M. Rachid Temal. Il manquait Macron !

Mme Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État. Je voudrais remercier la présidence chilienne de cette COP et l'Espagne, pays d'accueil, qui n'ont pas ménagé leurs efforts pour que cette rencontre internationale sur le climat puisse produire des effets.

Durant deux semaines, la France s'est mobilisée comme peu de pays l'ont fait, avec l'Union européenne, avec nos partenaires, pour ne pas accepter le recul des engagements des accords de Paris et pour appeler à l'action en vue de la COP26, à Glasgow. Le Premier ministre s'est rendu avec Brune Poirson à l'ouverture de cette COP et Élisabeth Borne y était également, dans le segment ministériel, pour les négociations sur l'accord de clôture.

Le résultat est certes décevant, j'en conviens. Cette COP a néanmoins permis d'acter certaines avancées utiles à la mise en œuvre des accords de Paris. Je pense, par exemple, à la création d'un groupe de travail sur l'accompagnement des pays vulnérables dès 2020, à la mobilisation du réseau de Santiago pour faciliter les collaborations face aux risques naturels ou à la création d'un nouveau fonds fiduciaire consacré à la biodiversité.

Nous devons continuer de travailler, notamment avec nos partenaires de l'Union européenne, pour adopter le plus rapidement possible un objectif rehaussé de réduction de nos émissions d'ici à 2030. C'est l'un des enjeux de la prochaine COP.

Lors de la COP25, comme lors de toutes les COP, c'est l'Union européenne qui a négocié en notre nom à tous. L'accord qui vient d'être obtenu pour que l'Union européenne devienne le premier continent neutre en carbone à l'horizon de 2050 et pour rehausser nos objectifs et nos ambitions en 2030 est un accord historique qui nous met sur le bon chemin. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à Mme Angèle Préville, pour la réplique.

Mme Angèle Préville. Le monde craque sur l'inefficacité des politiques. Il est grand temps de considérer la nature comme un capital gratuit, mais sans garantie. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)

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