Question de Mme JASMIN Victoire (Guadeloupe - SOCR) publiée le 26/12/2019

Mme Victoire Jasmin expose à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères que malgré la présence des forces françaises de l'opération Barkhane (4 500 soldats), régionales (G5 Sahel), des casques bleus de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), ainsi que de forces américaines, le Sahel fait l'objet d'attaques jihadistes de plus en plus fréquentes. 71 soldats nigériens ont péri dans l'attaque du camp militaire d'Inates, dans l'ouest du Niger, près de la frontière malienne, perpétrée mardi 10 décembre 2019.

Le Niger est l'un des pays les plus pauvres du monde ; une part de l'indépendance énergétique de la France est liée aux mines d'uranium exploitées là-bas. Il est donc primordial pour notre pays d'encourager une situation politique stable dans le pays.

En décembre 2020, une élection présidentielle doit se tenir dans le pays. Lors de l'élection de 2016, l'actuel président du Niger a évincé son principal opposant en le poussant à l'exil en France, puis en le faisant condamner par le justice. De retour au Niger, celui-ci a été incarcéré à la prison de Filingué, à deux cents kilomètres de la capitale, pour purger les huit mois de prison qui lui restent de sa condamnation.

En août dernier, il a été désigné candidat à l'élection présidentielle de 2020, par le principal mouvement d'opposition. L'avenir dira si les contacts qui n'ont pas manqué de s'établir entre le président et son principal opposant déboucheront, avant les élections de 2020, sur une paix des braves, dans l'intérêt de leur pays. La France n'est jamais bien loin quand il s'agit de préserver l'approvisionnement en carburant pour ses centrales nucléaires, et aurait intérêt à influer, autant qu'elle le peut, pour une solution d'apaisement.

Elle lui demande quelle sera la position de la France et comment elle compte contribuer à ce que le jeu démocratique l'emporte en toute clarté. Elle lui rappelle qu'il en va de la stabilité de ce pays allié et de l'image de la France au Sahel.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 27/02/2020

La France est résolument engagée aux côtés du Niger pour le soutenir dans ses efforts de lutte contre le terrorisme et de retour à la stabilité. Le Sommet de Pau, qui s'est tenu le 13 janvier 2020, s'inscrit pleinement dans cet engagement français aux côtés des pays sahéliens et en faveur de la stabilisation de la région. Il a pour objectif, d'une part, de repréciser les objectifs et les contours de la présence française au Sahel et, d'autre part, de marquer une nouvelle étape dans la prise de responsabilité collective de lutte contre le terrorisme au Sahel. Le 22 décembre 2019, à la suite de l'attaque d'Inatès, lors de laquelle 71 soldats nigériens sont tombés les armes à la main, le Président de la République s'est rendu à Niamey pour témoigner de la solidarité de la France et de son soutien au peuple nigérien. Les efforts de la France au bénéfice du Niger sont également conséquents dans le domaine du développement et de la stabilisation, avec un portefeuille actif de l'Agence française au développement de 30 projets pour un montant de 373M€ et un engagement de 3M€ du Centre de crise et de soutien du ministère de l'Europe et des affaires étrangères depuis 2017. Concernant la tenue des élections, le Niger étant un pays souverain, la France n'intervient pas dans les affaires intérieures du pays. La France s'attache à maintenir un dialogue régulier avec l'ensemble des interlocuteurs de la scène politique nigérienne et suivra avec grande attention l'organisation et la tenue des élections municipales, régionales et présidentielle de 2020 et 2021. À ce titre, la France soutient, via l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l'Union européenne, toute initiative qui pourra contribuer à la tenue d'élections libres et transparentes au Niger. Ainsi, l'Union européenne prévoit la mise en place d'une mission d'expertise électorale dans le cadre de l'élection présidentielle. L'OIF, saisie par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour un appui à l'élaboration du fichier électoral et la validation de son audit, a d'ores et déjà mobilisé des experts sur le terrain. Par ailleurs, la France rappelle, dans toutes les instances internationales dont elle est membre, son attachement au respect du jeu démocratique et, de manière plus générale, au respect des principes de l'État de droit.

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