Question de M. CIGOLOTTI Olivier (Haute-Loire - UC) publiée le 16/01/2020

Question posée en séance publique le 15/01/2020

M. Olivier Cigolotti. Madame la ministre des armées, d'Indelimane à Chinédogar, la liste des attaques meurtrières de djihadistes contre les forces présentes au Sahel s'allonge, et avec elle, celle des victimes, militaires comme civiles, maliennes comme nigériennes, burkinabè comme françaises.

Alors que la situation sécuritaire se dégrade rapidement et que la zone d'affrontement s'étend vers le sud, nous observons avec inquiétude qu'une part croissante de la population locale rejette la présence sur place de nos armées.

Il était donc important que le soutien des autorités des pays du G5 Sahel à l'appui de la France dans la lutte militaire contre les terroristes soit réaffirmé de manière forte et claire. À cet égard, l'objectif du sommet de Pau est atteint.

Toutefois, de nombreuses questions cruciales pour l'avenir de l'opération Barkhane restent en suspens.

Le Président de la République a annoncé l'envoi de 220 soldats français supplémentaires au Sahel en appui des forces déjà déployées. L'effort est important, mais au regard de l'intensité et de l'extension géographique de la menace, ce nombre est-il à la hauteur ?

Par ailleurs, la déclaration conjointe adoptée à l'issue du sommet exprime la reconnaissance des signataires à l'égard des États-Unis pour leur appui, et demande clairement leur maintien en Afrique de l'Ouest. Or cette demande découle de rumeurs insistantes quant à un éventuel départ américain. Madame la ministre, à quelle échéance aurons-nous des assurances sur ce point crucial ?

En cas de retrait avéré des États-Unis, un soutien européen n'en deviendrait que plus essentiel. Nous saluons donc la présence à Pau de Josep Borrell et de Charles Michel, en espérant qu'elle soit le signe d'un renforcement de l'implication de nos partenaires européens.

Madame la ministre, pourriez-vous nous éclairer sur la force Takuba que vous appelez de vos vœux, mais également sur la révision du mandat de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère des armées publiée le 16/01/2020

Réponse apportée en séance publique le 15/01/2020

M. le président. La parole est à Mme la ministre des armées.

Mme Florence Parly, ministre des armées. Monsieur le sénateur, comme vous le savez, l'opération Barkhane poursuit deux objectifs : lutter contre le terrorisme et accompagner la montée en puissance des armées locales.

À Pau, nous avons assumé un tournant stratégique. Nous avons décidé de concentrer nos efforts militaires dans la région des trois frontières où les terroristes sont de plus en plus actifs et où l'État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), qui est une filiale de Daech, sème le chaos.

Pour aider les forces partenaires à reprendre l'ascendant, le Président de la République a en effet annoncé le déploiement immédiat de 220 soldats supplémentaires, mais vous avez raison, l'opération Barkhane ne peut tout faire à elle seule. C'est donc le collectif qui sera la clé du succès.

C'est pourquoi, aux côtés des chefs d'État des pays du G5 Sahel, le Président de la République a annoncé la création d'une coalition pour le Sahel. Il s'agit non pas d'une énième initiative, mais d'une nouvelle organisation sous un commandement conjoint, pour plus de renseignement, plus de coordination et donc plus de réactivité.

C'est un tournant qui marque l'engagement renouvelé des pays du G5 Sahel, de la France, mais aussi de nos partenaires. C'est un tournant bienvenu dans la perspective de la constitution prochaine de la force Takuba qui regroupera des forces spéciales européennes, afin d'accompagner et d'entraîner les forces armées locales et de leur permettre de monter en compétence dans la lutte contre le terrorisme.

Nous comptons en effet sur le soutien précieux des États-Unis pour la réussite de ce dispositif. Nous échangeons fréquemment avec Washington, et je serai moi-même en visite dans la capitale américaine d'ici à quelques jours, afin de consolider le dispositif existant.

Enfin, monsieur le sénateur, au Sahel comme ailleurs, la solution n'est pas seulement militaire : nous le savons bien, il n'y aura pas de sécurité sans développement. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

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