Question de M. MARCHAND Frédéric (Nord - LaREM) publiée le 20/02/2020

Question posée en séance publique le 19/02/2020

M. Frédéric Marchand. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, la pédagogie étant l'art de la répétition, vous me permettrez, madame la secrétaire d'État, de revenir sur le dossier Alstom.

Comme l'a dit ma collègue Valérie Létard, l'accord trouvé entre Alstom et la division transport de Bombardier pour le rachat de cette dernière doit permettre au groupe français de confirmer sa position de numéro 2 mondial de la construction ferroviaire. C'est bien évidemment une excellente nouvelle.

Cette annonce prend bien évidemment une dimension toute particulière dans le département du Nord, et plus spécialement sur les deux sites voisins de l'arrondissement de Valenciennes : celui d'Alstom, avec ses 1 355 salariés, à Petite-Forêt, et celui de Bombardier, à Crespin, qui compte 2 000 salariés. Tous deux ont leurs carnets de commandes remplis pour les quatre à cinq prochaines années, mais cette annonce pose irrémédiablement la question de l'avenir qui sera réservé aux deux sites. À ce jour, Alstom et Bombardier travaillent en consortium sur trois projets, dont le RER NG ou le M7, le train régional belge.

La complémentarité géographique des deux groupes ainsi que celle de leurs produits sont des atouts mis en avant par le PDG d'Alstom pour « renforcer notre présence internationale ainsi que notre capacité à répondre à la demande toujours plus importante de solutions de mobilité durable ».

Alstom et Bombardier, c'est aussi la participation à des projets innovants portés par le pôle de compétitivité de portée mondiale i-Trans, à Lille et Valenciennes, qui contribue à forger une identité exceptionnelle de ce bassin d'emploi en matière de transports.

Les organisations syndicales ont réagi à cette annonce et ont fait part de craintes tout à fait légitimes, s'agissant notamment des postes en doublon, mais aussi de la pérennité du site de Bombardier à Crespin.

Madame la secrétaire d'État, je vous sais, tout comme M. le ministre de l'économie et des finances, particulièrement attachée au développement de notre stratégie industrielle et de la dynamique de l'emploi.

Aussi, quels éléments pouvez-vous nous apporter afin de garantir aux salariés que ce nouveau champion ferroviaire sera aussi le champion de l'emploi dans le département du Nord, qui a payé un lourd tribut à toutes les restructurations industrielles ? (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'économie et des finances publiée le 20/02/2020

Réponse apportée en séance publique le 19/02/2020

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances.

Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances. Monsieur le député Marchand (Sourires)… Excusez-moi !…

M. le président. Veuillez poursuivre, nous sommes déjà remis !

Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État. Monsieur le sénateur, je veux répéter l'enjeu de ce projet, que vous avez bien résumé : il s'agit finalement de créer un acteur plus fort sur le marché du ferroviaire, à un moment de croissance de ce secteur, et d'apporter une réponse à la question de la transition écologique dans les transports.

Pour les salariés d'Alstom et Bombardier, travailler pour un groupe qui aura plus de force en matière de recherche et développement et de portefeuille de produits, une plus grande capacité à répondre à des appels d'offres, non seulement en Europe, mais aussi à l'échelon international, et de plus grandes capacités industrielles – le rachat alimentera une excellence industrielle et des partages de bonnes pratiques entre les deux entités – est plutôt une assurance.

Le président-directeur général d'Alstom ne l'a pas caché : ce rachat est un projet de croissance. C'est un projet de conquête, notamment à l'égard de l'acteur chinois qu'est CRRC, lequel, comme Mme la sénatrice Valérie Létard l'a très bien dit, est en train de grignoter des parts de marché mondial. Nous devons nous armer avec un groupe suffisamment fort pour être capable de répondre à cette compétition de manière vigoureuse.

Il faut faire valoir les conditions d'une concurrence loyale auprès de la Commission européenne. Il semblerait que CRRC soit un peu porté par le gouvernement et l'écosystème chinois. C'est un point que nous souhaitons soulever auprès de la Commission. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

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