Question de Mme VÉRIEN Dominique (Yonne - UC) publiée le 13/02/2020

Mme Dominique Vérien attire l'attention de Mme la ministre de la transition écologique et solidaire sur les difficultés de trouver une assurance pour les professionnels du bâtiment en matière de transition énergétique.

Le projet de programmation pluriannuelle de l'énergie prévoit l'accompagnement des acteurs et notamment des professionnels du bâtiment pour accélérer la transition énergétique.

Cependant, l'activité de pose d'installations photovoltaïques connaît un frein à son essor. Ce frein provient d'une difficulté rencontrée par les entrepreneurs pour obtenir une assurance décennale, obligatoire pour exercer cette activité.

En effet, depuis plusieurs années, les assureurs refusent de couvrir ces professionnels en raison de la mauvaise qualité des anciennes installations photovoltaïques. Néanmoins la situation s'est nettement améliorée depuis plusieurs années, du fait de l'évolution de la technique de pose de ce genre d'installations.

Malgré cela, les assureurs continuent à limiter l'accès en matière d'assurance décennale aux nouveaux entrepreneurs, allant même jusqu'à résilier certains contrats pour ceux qui les avaient obtenus.

De plus, les primes fixées sont extrêmement importantes, entre 15 000 et 25 000 €, ce qui représente une somme dissuasive pour des artisans et cela avant même d'avoir pu entamer le moindre chantier.

Ainsi, l'activité de pose de panneaux photovoltaïques sur nos territoires est limitée malgré la demande et les investissements publics possibles.

En conséquence, elle lui demande quelles solutions et garanties pourrait apporter le Gouvernement aux entreprises afin de débloquer la situation des assurances décennales des professionnels de la transition énergétique.

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Transmise au Ministère de la transition écologique


Réponse du Ministère de la transition écologique publiée le 22/10/2020

Les entreprises de la filière photovoltaïque rencontrent aujourd'hui un certain nombre de difficultés relatives à l'obtention d'assurances décennales, en raison d'une série de sinistres qu'a subi la filière ces dernières années. Cette assurance, rendue obligatoire par la loi Spinetta du 4 janvier 1978 pour tous les professionnels du bâtiment, concerne les vices et dommages pouvant affecter la solidité d'un ouvrage et de ses équipements indissociables et les dommages pouvant affecter l'étanchéité des bâtiments et les rendant impropres à leur utilisation. L'installateur est tenu de fournir une copie de l'attestation d'assurance décennale installeur de photovoltaïque avant le début des travaux. Cette attestation doit comprendre plusieurs mentions, dont le nom du chantier, les travaux couverts, la surface assurée, et la mention « installation photovoltaïque ». Plusieurs actions ont été menées afin de professionnaliser la filière, de limiter les contre-références et ainsi permettre un retour à la normale de l'assurabiité des chantiers d'installations photovoltaïques. Des obligations de qualification ou certification des installateurs ont été introduites dès 2017 dans la réglementation tarifaire dédiée aux installations de moins de 100 kWc, afin d'assurer une meilleure qualité de mise en oeuvre des installations. En outre, les cahiers des charges des appels d'offres spécifiques à la réalisation d'installations photovoltaïques sur bâtiments de puissance supérieure à 100 kWc, prévoient une obligation de certification des matériels électriques utilisés et une obligation pour les entreprises réalisant les installations de disposer d'une certification et d'une qualification professionnelle reconnues par le comité français d'acréditation (COFRAC). Un dispositif de contrôle à la mise en service a également été mis en place pour toutes les installations photovoltaïques de puissance supérieure à 100 kwc, afin de vérifier la conformité des installations aux dispositions réglementaire. Les critères d'intégration au bâti des installations photovoltaïques ont également été supprimés, quelle que soit la puissance de l'installation, afin de permettre l'utilisation de systèmes photovoltaïques ne remplaçant pas les éléments de couverture, plus simples à mettre en œuvre et ne nécessitant plus de modifier significativement les éléments de construction assurant l'étanchéité du bâtiment. Enfin, le processus de délivrance des évaluations techniques (ATec) par le groupe d'experts adossé au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) a été fluidifié et accéléré afin d'élargir le champ des procédés disposant de cette garantie de qualité de conception. Ces évolutions, ainsi que les actions menées par les organisations professionnelles, ont d'ores et déjà participé à lever certains obstacles à l'assurabiité des installations photovoltaïques. De nombreux systèmes photovoltaiques ont ainsi été reconnus comme des « techniques courantes », ce qui facilite leur assurabilité, par l'Agence qualité construction (AQC), qui regroupe l'ensemble des organisations professionnelles du bâtiment dont la fédération représentant les sociétés d'assurance. En cas de refus d'un assureur de fournir une garantie décennale, l'entreprise peut saisir en dernier recours le Bureau central de tarification (BCT). Cette autorité administrative indépendante a pour rôle de fixer la prime moyennant laquelle l'assureur est tenu de garantir le risque. Au-delà de ces mesures, les services du Ministère de la transition écologique poursuivent leurs échanges avec les assureurs et les professionnels du bâtiment afin de permettre une amélioration continue de cette situation.

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