Question de Mme ROSSIGNOL Laurence (Oise - SOCR) publiée le 12/03/2020

Mme Laurence Rossignol attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur le déremboursement de l'elmiron, seul médicament efficace dans le cas des cystites interstitielles.

En décembre 2019, le ministère de la santé a pris un arrêté entraînant le déremboursement de l'elmiron. L'elmiron est le seul médicament capable de calmer et de soulager les douleurs invalidantes liées à la maladie dite de la cystite interstitielle.

90 % des patients atteints par cette maladie sont des femmes. Cette infection particulièrement violente génère au niveau des organes génitaux des douleurs intenses. Ces crises sont nombreuses et continues, parfois plusieurs en une heure. Les malades sont unanimes : il est impossible de vivre avec de telles douleurs, le quotidien est rythmé par la souffrance. Pour beaucoup de ces femmes cette maladie entraîne de profondes dépressions et des pensées suicidaires, voire un passage à l'acte.

Pour les malades la mise sur le marché de l'elmiron a été accueillie comme une renaissance, comme la possibilité de pouvoir enfin envisager une vie normale. Les effets positifs de ce médicament sur la maladie sont reconnus par les patientes.

En décembre 2019, sans aucune concertation avec les malades, le ministère de la santé a décidé de cesser le remboursement de l'elmiron sous prétexte que « le service médical rendu était jugé trop faible au regard du prix pratiqué par le laboratoire ». Or la seule étude sur laquelle le ministère de la santé fonde à ce jour son argumentaire est ancienne et ses résultats sont contrastés.
Certes, le traitement coûte environ 500 euros par mois et par malade, mais les quelque 300 personnes atteintes ne peuvent s'en passer et ne disposent d'aucune autre possibilité de traitement.

Le déremboursement de l'elmiron a eu comme effet prévisible l'arrêt de sa distribution en France par le laboratoire allemand qui le produisait. Pour près de 300 femmes c'est un retour au quotidien douloureux qu'elles subissaient avant l'accès à l'elmiron.

Elle lui demande donc s'il lui est possible de prendre en compte le caractère invalidant de cette pathologie et l'absence d'alternative thérapeutique pour proposer au plus vite une solution aux malades, en remettant en place le remboursement de l'elmiron et en demandant au laboratoire de reprendre la distribution.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé publiée le 27/05/2020

Réponse apportée en séance publique le 26/05/2020

M. le président. La parole est à Mme Laurence Rossignol, auteure de la question n° 1174, adressée à M. le ministre des solidarités et de la santé.

Mme Laurence Rossignol. Ma question concerne le déremboursement de l'elmiron.

En décembre 2019, le ministère de la santé, à l'époque dirigé par Mme Agnès Buzyn, a décidé de dérembourser ce médicament.

Peu de personnes savent que l'elmiron est le seul médicament permettant de soulager la cystite interstitielle, inflammation chronique de la vessie, qui concerne les femmes dans 90 % des cas, et qui est une maladie extrêmement invalidante. Ce déremboursement est donc apparu comme particulièrement cruel à l'égard de toutes ces femmes et de toutes ces patientes qui n'avaient pas d'autre choix que de prendre ce traitement.

Il se trouve que j'ai déposé cette question au mois de février et que, depuis – monsieur le secrétaire d'État, je vais vous piquer le boulot qui vous revenait dans deux minutes, car, en plus de poser ma question, je vais aussi y répondre ! (Sourires.) –, le Gouvernement, probablement alerté par les associations de malades, les questions des parlementaires et les médecins, est revenu sur cette décision : il a publié un décret le 11 mai qui rétablit le remboursement de l'elmiron.

Au mois de février, je me posais la question de savoir si vous pouviez revenir sur votre décision. Nous sommes fin mai : la réponse est que le traitement est de nouveau remboursé depuis le 11 mai…

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé. Juste un mot pour remercier Mme la sénatrice Laurence Rossignol, ainsi que l'ensemble des parlementaires et des parties prenantes ayant alerté le ministère sur ce sujet, qui, cela a été rappelé, est important pour les patients. Sauf erreur, la décision a été prise par le biais d'un arrêté, non d'un décret, en date du 14 mai, non du 11 – ce sont là des précisions très marginales. Les associations de patients ont bien été prévenues de cette évolution, qui était effectivement nécessaire.

Mme Laurence Rossignol. Il s'agit effectivement d'un arrêté du 11 mai, publié le 14 mai !

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