Question de M. RAVIER Stéphane (Bouches-du-Rhône - NI) publiée le 09/04/2020

Question posée en séance publique le 08/04/2020

M. Stéphane Ravier. Monsieur le président, ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

« La vie continue. Il n'y a aucune raison, mis à part pour les populations fragilisées, de modifier nos habitudes de sortie ». Cette phrase a un mois, quasiment jour pour jour. Elle est du Président de la République, Emmanuel Macron, à propos de la crise du Covid-19.

En une phrase, voilà résumées toute l'impréparation et l'incompétence de l'État, mais ce n'est pas une surprise. Depuis lors, nos compatriotes découvrent et subissent la litanie de vos mensonges, car vous avez menti, et vous saviez !

Vous saviez, depuis le 11 janvier dernier, quand Agnès Buzyn a prévenu le Président de la République et l'ensemble de votre gouvernement. Vous saviez, et vous avez choisi de mentir. Vous avez menti, et des Français sont morts.

Le 18 février, le ministre de la santé, Olivier Véran, déclarait que la France était prête. Le 26 février, Jérôme Salomon, directeur général de la santé, affirmait qu'il n'y avait pas de sujet de pénurie concernant les masques. Le 20 mars, c'est Laurent Nunez qui refusait de reconnaître le manque de masques.

Mais alors, pourquoi Jérôme Salomon a-t-il affirmé, en privé, quatre jours plus tôt : « Les stocks de masques sont limités et on en cherche partout. ». Pourquoi, le 5 avril, Christophe Castaner a-t-il appelé les Français à donner leurs masques aux hôpitaux ? Le 13 mars, monsieur le Premier ministre, vous avez vous-même affirmé que porter un masque ne servait à rien.

La réalité, c'est que vous avez menti sur les masques pour gagner du temps, sachant pertinemment que les stocks stratégiques avaient disparu depuis des années et que la France n'en avait plus.

Conséquence : aujourd'hui, la préfète de la région Grand Est réquisitionne les 6 millions de masques destinés au personnel soignant des Bouches-du-Rhône et vous réquisitionnez les 4 millions de masques commandés par la région Bourgogne-Franche-Comté. Cela vire à l'anarchie. Vous avez même réussi à faire voler en éclats l'unité nationale.

Incapables de prévoir, vous êtes incapables de protéger la population. Si des Français sont en réanimation, n'en déplaise au sinistre préfet de police de Paris, c'est parce que votre gouvernement n'a pas su, pas pu ou pas voulu les protéger !

Tous ces drames, vous en êtes responsables. Et peut-être en serez-vous, demain, reconnus coupables. Voici ma question : pensez-vous, monsieur le Premier ministre, que vos mensonges successifs relèvent de la Cour de justice de la République ?


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 09/04/2020

Réponse apportée en séance publique le 08/04/2020

M. le président. Cher collègue, je tiens à rappeler que la parole est libre dans cet hémicycle, mais que la mesure fait partie de la tradition du Sénat. (Marques d'assentiment.)

La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur Ravier, vous posez une question à laquelle nous sommes les derniers à pouvoir répondre.

M. Stéphane Ravier. Répondez en conscience !

M. Olivier Véran, ministre. À mon tour, j'aurai une question pour vous : pensez-vous demander ma démission en tant que ministre des solidarités et de la santé, comme Mme Marine Le Pen avait demandé celle de Mme Roselyne Bachelot, alors ministre de la santé, parce que celle-ci avait « commandé trop de masques » ?… (MM. Joël Guerriau et Claude Malhuret applaudissent.)

M. Bruno Retailleau. C'est vrai !

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