Question de Mme PERROT Évelyne (Aube - UC-R) publiée le 02/04/2020

Mme Évelyne Perrot attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur le sort des personnes toxicomanes, qui sont actuellement dans la rue. En effet, à l'heure des appels au confinement, ces derniers n'ont probablement de cesse que de vouloir s'approvisionner en dépit des mesures prescrites. De plus, le contexte anxiogène risque d'augmenter leur addiction. Ne trouvant plus de fournisseurs, il est probable, de surcroît, qu'ils achètent à des vendeurs à la sauvette, dont on sait pertinemment qu'ils livrent des produits encore plus dangereux pour la santé. Ces vendeurs mettent tout œuvre pour écluser leurs stocks, bravant tous les interdits. Ainsi, les personnes toxicomanes et leurs fournisseurs mettent leur vie en danger ainsi que celle des autres, badauds, forces de l'ordre, etc. Elle lui demande ce que compte faire le Gouvernement pour faire face à ce trafic de rue et pour venir en aide à ces personnes en détresse physique et psychique, potentiellement dangereuses pour le reste de la population.

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Transmise au Ministère des solidarités et de la santé


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 11/02/2021

Face à la pandémie de Covid-19, le ministère des solidarités et de la santé a pour objectif d'assurer la continuité de la prise en charge des usagers de drogues notamment pour l'accès aux structures de soins et de réduction des risques ainsi qu'aux traitements dont ils ont besoin. Cette crise sanitaire, sociale et économique est en effet de nature à aggraver les vulnérabilités des usagers et favoriser, pour certains, des prises de risques. Dès mars 2020, les services du ministère ont mis en place des temps d'échange réguliers avec les acteurs nationaux du champ de l'addictologie afin d'identifier les difficultés et définir les réponses adaptées aux besoins exprimés par les acteurs locaux. Les dispositifs d'observation et de vigilance ont, par ailleurs, été sollicités pour mieux appréhender les impacts de cette situation inédite. Diverses mesures ont été prises lors du premier confinement, dont certaines ont été reconduites lors du deuxième confinement de la population, fin octobre 2020. Des consignes nationales ont été adressées aux structures sanitaires et médico-sociales d'addictologie afin de maintenir la continuité d'accès et de prise en charge dans le respect des consignes sanitaires. La délivrance des traitements de substitution aux opiacés pour éviter les situations de sevrage a été assouplie, des messages de prévention et de réduction des risques et des dommages liés à la consommation de produits psychoactifs en période de confinement ont été diffusés et relayés avec notamment un renforcement des messages de prévention des surdoses et de l'accès à la naloxone (antidote des surdoses d'opioïdes). Des moyens financiers ont, par ailleurs, été dégagés pour accompagner le dispositif médico-social afin de faire face aux besoins supplémentaires générés par la crise sanitaire (dotation d'équipements de protection individuels à destination des professionnels, aide alimentaire à destination des usagers les plus précarisés par exemple). Les premières données fournies par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) issues de son dispositif Trend et portant sur l'impact du premier épisode de confinement, ont de ce fait montré une forte adaptabilité des structures et des pratiques innovantes pour maintenir un lien avec les usagers, poursuivre les prises en charge thérapeutiques, adapter la distribution de matériels de réduction des risques, organiser des accueils en urgence et venir en appui des centres d'hébergement Covid pour le suivi des patients avec des problèmes d'addictions. Cette crise sanitaire, qui s'inscrit dans la durée et avec de forts impacts sociaux et économiques, fait craindre une aggravation de la situation sanitaire et psycho sociale pour nombre d'usagers de drogues déjà souvent précarisés. Le ministère des solidarités et de la santé continue d'être particulièrement vigilant, que ce soit par la remontée des acteurs de terrain ou par les données issues de différentes enquêtes (Santé publique France, OFDT…) pour accompagner ces publics et promouvoir la mise en place de dispositifs adaptés.

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