Question de Mme CUKIERMAN Cécile (Loire - CRCE) publiée le 09/04/2020

Mme Cécile Cukierman attire l'attention de M. le ministre de l'économie et des finances sur le comportement des assureurs des professionnels de l'hôtellerie et de la restauration dans le contexte de la crise sanitaire Covid-19.

Face à la pandémie de Covid-19 qui sévit, le Gouvernement a pris des mesures importantes, indispensables à la santé de nos concitoyens et a demandé aux professionnels de l'hôtellerie et de la restauration de prendre des dispositions inédites pour faire face à la propagation du virus.

Si, dans la majeure partie des cas, les bailleurs, les conseillers bancaires, les fournisseurs, tous se mobilisent pour faciliter la situation, les assureurs quant à eux ne jouent pas leur rôle en refusant d'ouvrir la garantie des pertes d'exploitation à leurs assurés.
Dans ce contexte, il apparaît inacceptable que des professionnels, souscrivant depuis des années à des contrats d'assurance - perte d'exploitation -, soient abandonnés par leurs assureurs.

La crise sanitaire est grave, mais la crise économique que nous traversons l'est tout autant. Chacun doit jouer son rôle pour la réduire le plus et le mieux possible.

Compte tenu de ces éléments, elle lui saurait gré de lui indiquer les dispositions que le Gouvernement entend prendre afin de permettre à ce secteur d'activité de bénéficier de l'aide à laquelle il a souscrit.

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Réponse du Ministère de l'économie et des finances publiée le 25/06/2020

Le régime d'indemnisation des catastrophes naturelles n'est pas adapté pour couvrir le risque lié à une menace sanitaire grave telle que celle à laquelle nous faisons face aujourd'hui. Sur le plan financier d'abord, le régime n'a pas été conçu pour couvrir les risques d'épidémie. Ce régime ne couvre que les dommages matériels directs résultant d'une catastrophe naturelle et les pertes d'exploitation résultant de ces dommages si l'assuré est couvert contre ces pertes. En l'espèce, les pertes d'exploitation dues au Covid-19 n'ont pas été provoquées, dans l'immense majorité des cas, par des dommages matériels. Comme tout mécanisme assurantiel, le niveau de provisions du régime et de primes collectées sont calculés au préalable en fonction des aléas préalablement identifiés. Prendre en charge les pertes d'exploitation liées à la pandémie du Covid-19, hors de toute possibilité d'en avoir organisé au préalable la couverture financière, pourrait mettre en péril l'équilibre économique du régime déjà fortement mobilisé ces dernières années par les sinistres naturels extrêmes. Par ailleurs, en tout état de cause, une modification par la loi des contrats d'assurance déjà en cours pour imposer la couverture du risque de pandémie s'avèrerait inconstitutionnelle en ce qu'elle porterait atteinte de manière disproportionnée à l'équilibre économique de conventions légalement conclues. Pour autant, le Gouvernement a pleinement conscience des attentes légitimes exprimées à l'égard des assurances et de la couverture du risque que font peser les menaces sanitaires graves. Une réflexion autour de l'idée de création d'un régime de type assurantiel destiné à intervenir en cas d'une future catastrophe sanitaire majeure vient d'être engagée. Un tel mécanisme ne pourra nécessairement porter que sur l'avenir. Un groupe de travail a été mis en place par le ministère de l'économie et des finances, associant les principales parties prenantes. Il a pour objectif de déterminer l'opportunité, la faisabilité technique d'un tel régime ainsi que les avantages et les inconvénients pour tous les acteurs économiques. Les élus seront pleinement associés à ces travaux. Des premières recommandations doivent être rendues dès le mois de juin. Elles feront l'objet de concertations les plus larges possibles.

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