Question de M. RAPIN Jean-François (Pas-de-Calais - Les Républicains) publiée le 07/05/2020

Question posée en séance publique le 06/05/2020

M. le président. La parole est à M. Jean-François Rapin, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean-François Rapin. Monsieur le secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur, pour le bicentenaire de l'Académie nationale de médecine, il était arboré ce mot de Marie Curie : « Rien n'est à craindre, tout est à comprendre. » J'avoue, sans polémique aucune, qu'en cette période de prédéconfinement j'ai parfois des difficultés à comprendre toutes les mesures et stratégies, ce qui, forcément, génère de la crainte.

Je souhaiterais évoquer en particulier la vie sur le littoral, ainsi qu'un point précis concernant le secteur agricole.

La vie sur le littoral du Pas-de-Calais et sur les littoraux de France est rythmée en ce moment par de graves soucis économiques ; mais je retiendrai trois sujets.

Premièrement, le secteur de la pêche, même si des aides conjoncturelles sont partiellement actées, craint de ne pas les voir arriver suffisamment tôt pour encaisser le choc et s'inquiète de son avenir quant à l'aboutissement des mesures de chômage partiel.

Deuxièmement, la question migratoire. Je soulève ici l'incompréhension des élus locaux et des habitants de la ville de Calais. Malgré les moyens d'accueil mis en place par l'État, le confinement n'est pas respecté par les migrants. Il y a là un vrai sujet d'incompréhensions et de tensions.

Troisièmement, le sujet de la réouverture des plages et des espaces de promenade proches du rivage. L'apparition du classement en couleurs inquiète et crée de la confusion. La confiance sur ce sujet, j'en suis convaincu, viendra de l'action qui sera menée entre les préfets et les maires des sites concernés.

Des espaces immenses sur le littoral ne me semblent pas plus vecteurs de la contagion que des forêts ou des parcs et jardins. Vous savez comme moi que nous aurons du mal, aux beaux jours, à maîtriser les affluences, et je prône, au plus vite, la concertation pour la mise en place de dispositifs locaux encadrés, qui permettront une réouverture rapide.

Pouvez-vous nous donner des perspectives encourageantes sur ces sujets ?

Encore un point d'incompréhension, maintenant, sur la politique agricole.

L'Union européenne n'a-t-elle pas mieux à faire aujourd'hui que d'introduire un accord de libre-échange avec le Mexique, dont le calendrier est une pure maladresse ?

M. Bruno Sido. C'est évident !

M. Jean-François Rapin. Quels que soient les termes de cet accord, la crise sanitaire a fait prendre conscience que notre souveraineté dans les domaines tant sanitaire qu'alimentaire était essentielle, favorisant de fait les circuits courts.

Pourquoi envoyer ce message contradictoire en cette période troublée ? Quelle est la position du Gouvernement à ce sujet ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Hervé Maurey applaudit également.)

M. Bruno Sido. Très bien !


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'intérieur publiée le 07/05/2020

Réponse apportée en séance publique le 06/05/2020

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur.

M. Laurent Nunez, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, vous comprendrez que, dans le temps qui m'est imparti, je ne pourrai répondre à l'ensemble des questions sur lesquelles vous interpellez le Gouvernement, dont certaines touchent à la politique agricole ou à la politique économique.

Je vais néanmoins répondre à deux de vos préoccupations, notamment s'agissant des migrants à Calais.

Sur ce sujet, le ministre de l'intérieur et moi-même sommes bien sûr en contact permanent avec la maire de Calais, le préfet des Hauts-de-France et le préfet du Pas-de-Calais.

Je vous confirme effectivement qu'un certain nombre de migrants ne respectent pas les mesures de confinement, ce qui nous a conduits à lancer – ce dont vous avez été forcément inform頖 plusieurs opérations que nous appelons « opérations de mise à l'abri ». Si celles-ci sont certes fondées sur le principe du volontariat, elles nous ont permis d'éloigner et de mettre à l'abri quelques centaines de migrants de la côte du Calaisis.

Nous menons dans le même temps des actions plus volontaristes, notamment des mesures d'expulsion prises à la suite d'ordonnances, auxquelles nous accordons le concours de la force publique.

Nous avons programmé un certain nombre d'actions en ce sens, et vous pouvez être certain de notre détermination. Je me rendrai d'ailleurs personnellement à Calais, sans doute dans les semaines qui viennent, pour faire le point sur celles-ci.

Concernant les plages, monsieur le sénateur, j'expliquais tout à l'heure à Joël Guerriau la règle des 100 kilomètres et les règles de prudence qui s'imposent. Précisément, l'interdiction d'accès aux plages, jusqu'au 2 juin à ce stade, repose justement sur la combinaison de l'ensemble de ces règles.

On comprend bien que, pour les personnes qui vivent à leur proximité, il puisse être déchirant de ne pouvoir s'y rendre, mais la philosophie de cette mesure répond à notre souhait de ne pas inciter les personnes vivant à plus de 100 kilomètres des littoraux de se rendre sur ces lieux attractifs.

Bien évidemment, la période du 11 mai au 2 juin n'est qu'une étape et nous aurons l'occasion de faire un nouveau point, au vu de l'évolution sanitaire de notre pays, après cette date, sur le maintien ou non de cette mesure.

M. le président. La parole est à M. Jean-François Rapin, pour la réplique.

M. Jean-François Rapin. Je pensais qu'il était possible de poser plusieurs questions et d'avoir plusieurs réponses… Aussi, je regrette qu'il ne m'ait pas été apporté de réponse au sujet de l'accord avec le Mexique, sujet essentiel à mon sens dans le contexte actuel. Ajouter du stress au stress – et ce n'est pas à un médecin que je vais l'apprendre – n'est pas bon pour la population. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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