Question de M. JOMIER Bernard (Paris - SOCR-A) publiée le 21/05/2020

Question posée en séance publique le 20/05/2020

M. le président. La parole est à M. Bernard Jomier, pour le groupe socialiste et républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)

M. Bernard Jomier. Monsieur le secrétaire d'État, le 26 février dernier, j'interrogeais Olivier Véran dans cet hémicycle sur les moyens attribués aux hôpitaux et aux professionnels de ville pour faire face à l'épidémie de Covid-19. Sa réponse fut courtoise, comme toujours. Aujourd'hui, j'aimerais que la vôtre soit précise.

Ma question, à laquelle s'associent Jacques Bigot et Olivier Jacquin, porte d'abord sur l'hôpital, où deux rythmes de décisions s'imposent. Un rapide, ne nécessitant pas des mois et des mois d'échanges : la revalorisation des rémunérations. N'en restez pas aux mesures parcellaires et homéopathiques de votre prédécesseur. La réponse doit nous conduire à rétribuer nos personnels soignants comme un pays européen qui place la santé publique au premier rang de ses priorités. Quand annoncerez-vous des décisions en la matière ?

Un second tempo impose de repenser l'organisation de notre système de soins, de revoir la place, les missions et l'organisation de l'hôpital et de redéfinir en particulier ses moyens en fonction de ses missions, et non l'inverse. Le Président de la République a, à demi-mot, semblé admettre les carences de la loi de 2019, laquelle n'a pas su défaire les méfaits du concept d'« hôpital-entreprise ». C'est un premier pas.

Il faut aussi redéfinir l'articulation avec les acteurs de ville et médico-sociaux, écartés pendant près de deux mois de la gestion de l'épidémie, par une décision prise au sommet, alors qu'ils ont bien souvent démontré leur sens de l'adaptation au plus près du terrain, leurs capacités à aller vers les populations et les territoires les plus touchés, fondement de toute réponse efficace à une épidémie.

Sur ces chantiers, un nouveau catalogue de mesures, un nouveau projet de loi parachuté d'en haut avec des experts serait une nouvelle erreur. À cet égard, les déclarations d'Olivier Véran il y a quelques heures ne nous rassurent pas. Il faut maintenant organiser des états généraux impliquant l'ensemble des acteurs, dont les Français bien sûr.

Comment concevez-vous ce temps ? Pouvez-vous nous donner la garantie que les usagers et les soignants, à l'hôpital ou en ville, seront écoutés et entendus, et nous dire selon quel calendrier ? (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé publiée le 21/05/2020

Réponse apportée en séance publique le 20/05/2020

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le sénateur Jomier, je m'efforcerai d'être aussi courtois que précis !

Je sais que vous suivez avec attention tous ces sujets depuis longtemps. Je sais aussi que vous avez passé plusieurs semaines durant la crise à l'hôpital de Melun. Je ne doute donc pas que vous aurez des propositions très concrètes nées de cette expérience à formuler dans les semaines à venir et que vous saurez nous dire ce qui va et ce qui ne va pas depuis plusieurs années. Chacun le sait sur ces travées, le mal-être des soignants ne date bien évidemment pas de 2017.

La réforme que nous nous apprêtons à engager ne concernera pas uniquement l'hôpital, elle couvrira l'ensemble du champ de la santé, incluant le secteur médico-social et la médecine de ville. Nous l'avons pensée, engagée depuis notre arrivée pour mettre fin à des années de dégradations et de sous-investissements.

Aujourd'hui, la feuille de route est claire : nous allons augmenter les rémunérations des personnels soignants ; cela a été dit à plusieurs reprises par le Président de la République, par le Premier ministre, par le ministre de la santé. Nous allons proposer un plan d'investissement ambitieux. Vous savez qu'il était déjà question d'une reprise importante de la dette des hôpitaux, mais d'autres voies peuvent être explorées en complément. Nous allons engager une transformation profonde de tout ce qui ne tire pas l'hôpital et la santé de nos concitoyens vers le haut.

Notre seule contrainte, monsieur le sénateur, est d'être à la hauteur des attentes des soignants en engageant très concrètement des transformations profondes et durables.

Les moyens seront au rendez-vous. Nous allons travailler et avancer ensemble, avec les soignants, avec les patients, je l'ai dit tout à l'heure en évoquant la méthode. Le ministre Olivier Véran a également annoncé la mise en place d'une plateforme numérique que les soignants pourront alimenter en faisant part de leurs propositions, de leurs expériences, afin de nous permettre de créer ensemble un modèle territorial de santé, qui sera adossé non seulement à l'hôpital, mais aussi à la médecine de ville et au secteur médico-social.

Olivier Véran, vous le savez, écoute l'ensemble des acteurs depuis son arrivée. C'est avec eux, avec vous aussi, qu'il veut construire la santé de demain.

M. le président. Il faut conclure.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État. C'est tout le sens du Ségur de la santé qui débutera lundi prochain.

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