Question de Mme COHEN Laurence (Val-de-Marne - CRCE) publiée le 07/05/2020

Mme Laurence Cohen attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur l'importation, en France, de produits alimentaires contribuant à aggraver la déforestation en Amazonie.

En effet, les rayons boucherie des groupes Carrefour et Casino sont approvisionnés par l'agro-industriel brésilien JBS, connu pour travailler avec des fermes impliquées dans la déforestation en Amazonie comme l'a récemment dénoncé Médiapart. JPB se fournit en bétail auprès de producteurs qui n'ont pourtant plus le droit de vendre, étant placés sous embargo de l'institut brésilien de protection de l'environnement (IBAMA) suite à des déboisements illégaux. En 2017, 30 000 bovins achetés par JBS provenaient de fermes illégales placées sous embargo et JBS faisait l'objet de 24,7 millions de réais d'amende. Mais cela n'a pas empêché les groupes français Carrefour et Casino de continuer à travailler avec lui. Pourtant, comme le rappelle l'organisation non gouvernementale (ONG) Greenpeace, « l'achat de bétail dans des zones déboisées illégalement est un crime environnemental ».

De plus, les contrôles effectués par Carrefour et Casino ne concernent que le fournisseur direct, et non les fournisseurs intermédiaires, en amont de la chaîne qui, eux, ne sont pas contrôlés.

Entre 2018 et 2019, les incendies ont détruits presque 10 000 km² de forêt amazonienne. Au cours du mois d'août 2019, 2,5 millions d'hectares sont partis en fumée ! Ces feux sont liés au brûlis agricoles, technique qui consiste à brûler une zone forestière pour la transformer en zone agricole. L'élevage bovin est le premier responsable de la déforestation, largement supérieur à la culture du soja, au trafic de bois ou à l'industrie minière. Ses conséquences sont dramatiques, tant sur la planète et le réchauffement climatique, que sur les peuples autochtones vivant en Amazonie, qui sont menacés et tués quotidiennement par des hommes de main de l'agrobusiness.

Aussi, elle lui demande quels moyens il compte mettre en œuvre afin de mieux contrôler les importations de produits alimentaires, en instaurant un meilleur système de traçabilité qui permettrait de vérifier tous les producteurs intermédiaires et l'origine réelle de chaque bovin.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 09/07/2020

La France a adopté en novembre 2018 une stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI) centrée sur les importations agricoles qui contribuent le plus à la déforestation et mentionnées dans les déclarations d'Amsterdam (soja, huile de palme, bœuf et ses coproduits, cacao, hévéa) ainsi que sur le bois et ses produits dérivés. La mise en œuvre de la SDNI mobilise non seulement l'ensemble des ministères, dont le ministère de l'agriculture et l'alimentation, mais aussi l'ensemble des parties prenantes (société civile et secteur privé). La SNDI repose sur quatre grandes orientations : développer, partager et valoriser les connaissances ; développer les actions de lutte contre la déforestation importée dans le cadre de coopérations internationales pour favoriser une offre durable ; intégrer la lutte contre la déforestation aux politiques publiques pour favoriser une demande française de produits durables ; favoriser et encourager l'engagement des acteurs (dont les acteurs privés) dans la lutte contre la déforestation importée (orientation 4). Des indicateurs de suivi, des outils méthodologiques et des ateliers de sensibilisation sont mis en place, pour permettre au secteur privé, y compris les distributeurs et fournisseurs, de disposer d'orientations claires pour lutter contre la déforestation importée. De plus, conformément à l'objectif 7 de la SNDI visant l'autonomie protéique de la France, la mise en place d'une stratégie sur les protéines végétales est en cours au niveau national : un travail important de concertation mené par le ministère de l'agriculture et de l'alimentation a été conduit à cet effet, avec en particulier un chantier « filières » ayant permis de faire émerger une vision commune entre les filières animales et végétales et de mobiliser l'ensemble des acteurs de ces filières. La stratégie devrait être publiée dans les prochains mois.

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