Question de M. JOLY Patrice (Nièvre - SOCR) publiée le 07/05/2020

M. Patrice Joly interpelle M. le ministre des solidarités et de la santé sur le classement de la Nièvre pour le déconfinement en zone rouge puis verte puis les deux.
Malheureusement, la Nièvre a été une nouvelle fois la victime de l'action publique nationale. Cette fois, il s'agit d'un aspect de la gestion catastrophique de la crise du coronavirus avec l'épisode de la publication de la carte du déconfinement. Le ministère de la santé a publié, jeudi 30 avril 2020, une première carte des départements classés « vert » ou « rouge » dans la perspective d'un déconfinement plus ou moins strict programmé le 11 mai. Ce choix repose sur deux critères : le taux d'entrées aux urgences liées à une suspicion de coronavirus, et le pourcentage de lits de réanimation occupés par des malades du coronavirus. Contre toute attente, la Nièvre est classée en rouge : une surprise, car les derniers chiffres du groupement hospitalier de territoire (GHT) donnés font état de quatre patients en réanimation, alors que ce service dispose de quinze respirateurs et peut adapter sa capacité de lits. Les raisons sont donc à chercher ailleurs et notamment dans la prise en compte de critères inadaptés à l'appréciation des réalités locales.

En effet, si la mesure de la vitesse de propagation du virus à l'échelle départementale apparaît appropriée pour appréhender la progression suffisamment fine de la maladie, en revanche le critère de saturation des équipements sanitaires, notamment de réanimation, à l'échelle de la Bourgogne-Franche-Comté n'a aucun sens au regard de la localisation de la Nièvre à l'extrême ouest de la région, puisqu' en cas de besoin ses malades potentiels peuvent parfaitement être orientés vers les régions Centre, Auvergne Rhône-Alpes ou autres, sans déplacement plus long. On ne peut donc pas comprendre l'obligation d'une approche strictement régionale au regard des facilités offertes par les moyens numériques pour envisager une gestion des moyens sur des périmètres élargis et différenciés.

Par ailleurs, ce dernier critère permet de mesurer le sous-equipement hospitalier lié aux politiques de santé de ces dernières années qui ont affaibli notre capacité à répondre de manière satisfaisante aux situations de crise comme celle que nous vivons aujourd'hui.

L'erreur d'appréciation de la vitesse de propagation aurait pu être aisément évitée si l'on ne cherchait pas à piloter l'action publique l'œil uniquement rivé sur des indicateurs mais plutôt à privilégier un dialogue entre l'État, ses services sur le terrain, les professionnels et les élus locaux. Par exemple, cela aurait permis de prendre conscience que les données retenues n'étaient pas les bonnes parce que certaines situations de tests n'avaient pas été retraitées.

Au-delà des aspects sanitaires, c'est l'image de la Nièvre qui a été ternie en apparaissant plus impactée qu'elle ne l'est : l'image d'une campagne protégée, aux espaces ouverts, à la densité faible qui protège sa population des conséquences, notamment sanitaires, auxquelles sont confrontées les populations vivant dans les zones de fortes concentrations humaines !

Aussi, il lui demande bien vouloir reconsidérer les critères utilisés à l'appréciation des risques pour le département et de mettre rapidement en place un dialogue transparent, serein et constructif entre tous les acteurs du département autour de la question du zonage afin que de telles erreurs d'appréciation ne se renouvellent plus à l'avenir.

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Transmise au Ministère de la santé et de la prévention


La question est caduque

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