Question de M. RAVIER Stéphane (Bouches-du-Rhône - NI) publiée le 14/05/2020

M. Stéphane Ravier attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la publication du décret n° 2020-498 du 30 avril 2020 portant sur l'enseignement de l'arabe à l'école élémentaire en France.

Ce décret publie officiellement au Journal officiel un accord entre le gouvernement tunisien et la France signé le 31 mars 2017 par la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche de l'époque, validant ainsi les choix politiques du gouvernement auquel elle appartenait. Ce texte dispose que : « Dans les écoles d'enseignement public en France, il peut être organisé, en coopération avec les autorités tunisiennes, et selon les conditions locales, un enseignement complémentaire de langue étrangère se rapportant à la langue arabe », par des « enseignants sélectionnés par la Tunisie ».

Si l'apprentissage d'une langue étrangère peut être un atout pour les élèves, la circulaire NOR : MENE1915810C pour la rentrée 2019, rappelle que « l'acquisition des savoirs fondamentaux » doit rester une « priorité nationale » de l'école élémentaire publique. Or, l'accord publié par ce décret, en proposant à ceux qui le souhaitent d'entretenir, sur le temps scolaire, les liens avec leurs langue et culture d'origine, disperse et éloigne les élèves de cette priorité absolue du système éducatif français.

Il lui demande quelle est la stratégie du Gouvernement pour permettre l'apprentissage des savoirs fondamentaux, l'assimilation à la culture française et la lutte contre l'illettrisme, le décrochage et l'échec scolaires, quand on accepte d'abandonner aux élèves qui le souhaitent 1 h 30 du temps scolaire hebdomadaire à l'école élémentaire, pour apprendre une langue étrangère et les codes culturels afférents.

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Transmise au Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 08/10/2020

Le ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports (MENJS) poursuit le travail engagé dès 2015 pour faire évoluer les ELCO vers le dispositif EILE (enseignements internationaux de langues étrangères). Le décret n° 2020-498 du 30 avril 2020 reflète la première étape de cette volonté des autorités éducatives françaises de supprimer un dispositif ancien et insatisfaisant. L'esprit et la philosophie des EILE sont fondamentalement différents du dispositif précédent. La transformation vise une amélioration qualitative des enseignements délivrés et un contrôle accru des contenus pédagogiques enseignés en classe. L'existence de ces EILE ne remet nullement en cause la priorité accordée par le MENJS aux savoirs fondamentaux et en particulier à la maîtrise de la langue française de nos élèves. L'apprentissage d'une autre langue que la langue française ne met pas en difficulté les élèves qui, dès la classe de cours préparatoire, apprennent tous une autre langue vivante. Le contenu des EILE tend à se rapprocher du programme de langues vivantes de l'école élémentaire, les compétences linguistiques sont adossées au cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) et le niveau à atteindre au bout de quatre années est le niveau A1. Par ailleurs, ces enseignements de langue, optionnels, se déroulent en dehors des 24 heures d'enseignement règlementairement fixés. Aussi, les EILE ne se substituent pas aux enseignements des autres disciplines, le temps d'apprentissage des enseignements fondamentaux, dont le français, est préservé. Suite à la signature de nouveaux accords bilatéraux, le Portugal est entré dans le dispositif EILE lors de la rentrée 2017 et la Tunisie lors de la rentrée 2018. Les autres pays sont encore en phase de négociation. L'EILE permet de valoriser l'apprentissage des langues concernées. Ce dispositif s'inscrit dans le cadre d'une politique linguistique cohérente et diversifiée conforme au rapport établi par Chantal Manès et Alex Taylor « Propositions pour une meilleure maîtrise des langues vivantes étrangères, oser dire le monde » remis au ministre en septembre 2018.

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