Question de M. LÉONHARDT Olivier (Essonne - RDSE) publiée le 04/06/2020

Question posée en séance publique le 03/06/2020

M. le président. La parole est à M. Olivier Léonhardt, pour le groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.

M. Olivier Léonhardt. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Monsieur le ministre, j'avais prévu depuis plusieurs jours de vous interroger sur les tensions grandissantes dans les relations entre la police et les citoyens. J'avais d'ailleurs signé durant le confinement, avec de très nombreuses personnalités, un appel dont vous avez été destinataire sur les problèmes de racisme qui existent au sein de la police (M. Bruno Retailleau s'exclame.) et qu'il me semble urgent d'affronter avec vigueur.

Cela étant, je veux aussi, bien sûr, affirmer avec force qu'il n'est pas possible de laisser toute une institution républicaine – la police nationale et ses agents – salie par les comportements intolérables d'une infime minorité. Nous savons l'importance des missions exercées par nos forces de l'ordre. La sécurité est en effet le premier des droits, notamment pour nos concitoyens les plus fragiles. (M. le Premier ministre acquiesce.) C'est également la garantie de notre liberté.

Nous savons aussi combien la mission de la police est difficile depuis malheureusement de trop nombreuses années, et ce quelle qu'ait été la couleur politique des gouvernements qui se sont succédé. Les conditions de travail de nos policiers se dégradent : manque de moyens, manque d'effectifs, manque de reconnaissance, pression liée au contexte politique mouvementé ou au terrorisme.

Dans ce cadre explosif, la dégradation des relations entre la police républicaine et nos concitoyens, qui n'a cessé de s'aggraver durant les semaines de confinement, a été malheureusement trop souvent reléguée au second plan.

C'est pour cette raison, mais aussi du fait du contexte international, que la manifestation d'hier devant le tribunal de Paris a trouvé un écho important. Je condamne bien entendu fermement les violences qui sont survenues à la fin de ce rassemblement. Il est pourtant impératif, voire urgent, à la fois de répondre aux inquiétudes des policiers et d'agir avec force pour garantir l'exemplarité de leur action.

Monsieur le ministre de l'intérieur, quels moyens sont prévus pour permettre aux forces de l'ordre de travailler sereinement ? Pouvez-vous nous préciser si le stock de plusieurs millions d'heures supplémentaires dues aux agents va enfin être payé ?

M. le président. Il faut conclure !

M. Olivier Léonhardt. Enfin, quelles nouvelles actions sont envisagées pour lutter contre les problèmes de violence et de racisme au sein de la police nationale ?


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 04/06/2020

Réponse apportée en séance publique le 03/06/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur.

M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Léonhardt, pour défendre cette institution de la police républicaine, que vous avez saluée dans son quotidien et à laquelle nous rendons tous hommage ici, il convient d'être particulièrement exigeant.

Il faut faire en sorte que chaque faute, et il peut y en avoir, chaque excès, chaque mot, y compris des expressions racistes, fasse l'objet d'une enquête, d'une décision et d'une sanction.

Je suis intransigeant sur le sujet des policiers qui fauteraient, car nous avons l'exigence de garantir la sérénité du travail de l'ensemble de la police et de la gendarmerie. Ce qui est essentiel, c'est d'assurer la défense de cette police républicaine qui, au quotidien, combat le racisme, l'antisémitisme et s'engage pour défendre l'honneur de la République.

M. Bruno Retailleau. Très bien !

M. Christophe Castaner, ministre. Il s'agit non pas de faire des amalgames, mais de dénoncer tout propos ou tout comportement inapproprié. S'il y a faute, elle doit être sanctionnée, comme c'est d'ailleurs systématiquement le cas.

Le Défenseur des droits rendait, il y a quelques jours, un rapport sur des faits qui remontent à plusieurs années ; les policiers incriminés ont fait l'objet d'une peine d'emprisonnement de quatre mois !

Il y a quelques semaines, à Marseille, des policiers ont eu un comportement et ont commis des gestes inacceptables. Sur décision de justice, un d'entre eux a été condamné à quarante mois d'emprisonnement, pour avoir transporté une personne contrôlée de force en dehors de la ville de Marseille. Ces faits sont inacceptables : ils font l'objet de sanctions.

Nous devons être vigilants, mais aussi attentifs, en nous engageant, pour répondre à votre question, auprès de la police et de la gendarmerie.

Depuis 2017, le budget de la police et de la gendarmerie a augmenté de 1 milliard d'euros, ce qui est significatif. Depuis 2017, nous avons lancé un programme de recrutement de 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires pour tous les services, qu'il s'agisse du renseignement, mais aussi de la police de sécurité du quotidien.

Monsieur le sénateur, pour clore mon propos, je vous renvoie non pas aux commentaires, mais à la réalité d'analyses sérieuses.

Récemment, l'université Savoie Mont-Blanc a travaillé sur le rapport entre les citoyens et la police : 48 134 personnes ont été interrogées dans ce cadre, et 85,3 % d'entre elles ont une opinion très positive ou positive de la police nationale et de la gendarmerie. C'est cela la réalité, ce ne sont pas les commentaires médiatiques. La réalité, elle ne se fait pas sur les réseaux sociaux ! (Applaudissements sur les travées des groupes LaREM, RDSE et UC, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)

Mme Françoise Gatel. Très bien !

M. le président. J'appelle chacun à bien respecter son temps de parole.

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