Question de M. MOHAMED SOILIHI Thani (Mayotte - LaREM) publiée le 04/06/2020

Question posée en séance publique le 03/06/2020

M. le président. La parole est à M. Thani Mohamed Soilihi, pour le groupe La République En Marche.

M. Thani Mohamed Soilihi. Ma question s'adresse à M. le ministre des solidarités et de la santé, et je me fais ici la voix de mon collègue Antoine Karam.

Le 28 mai dernier, M. le Premier ministre et vous-même, monsieur le ministre, avez présenté la carte de la seconde phase du déconfinement. Si presque toute la France est passée au vert, Mayotte et la Guyane sont, avec l'Île-de-France, désormais classées au niveau de vigilance orange.

Mayotte est le territoire d'outre-mer le plus touché par le Covid-19. Plus de 1 993 cas y ont été identifiés et 24 décès sont à déplorer.

En Guyane, le virus s'est considérablement propagé ces dernières semaines, pour atteindre 517 cas positifs, dont 1 décès. Vous le savez, cette progression de l'épidémie n'est pas sans lien avec l'inquiétante situation sanitaire de son voisin brésilien. L'État d'Amapá, à lui seul, compte en effet près de 9 900 cas positifs, 222 décès et un système de santé totalement saturé.

Le virus ne s'embarrassant pas des frontières, les communes de Saint-Georges de l'Oyapock et de Camopi sont rapidement devenues les deux premiers clusters de Guyane.

En réponse, la mobilisation récente de la réserve sanitaire est venue renforcer une campagne massive de tests déployée dans l'Est guyanais, campagne qui reste cependant limitée au sol français.

À Mayotte, ces actions rapidement mises en place commencent à porter leurs fruits, et, hormis le cluster important récemment découvert à la prison de Majicavo, la situation semble se stabiliser. Mais en Guyane, considérant la porosité de la frontière, nous pouvons nous interroger sur l'efficience de mesures qui se limiteraient à la seule rive française de l'Oyapock. Il y va de la protection de la population de l'Est guyanais, bien entendu, mais pas seulement, puisque la circulation du virus s'intensifie dans l'ensemble du territoire.

Pouvez-vous nous dire comment le Gouvernement entend faire évoluer la stratégie sanitaire en Guyane, au regard de la poussée de l'épidémie au Brésil ? Un dispositif de coordination et de mutualisation des moyens ne pourrait-il pas être mis en œuvre, dans le cadre de la coopération transfrontalière ? (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 04/06/2020

Réponse apportée en séance publique le 03/06/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le sénateur Thani Mohamed Soilihi, je vous remercie de votre question, qui fait écho à l'inquiétude des habitants et des élus. La situation en Guyane est en effet particulière, du fait de sa frontière avec le Brésil, pays où la situation sanitaire, vous l'avez dit, est inquiétante et évolutive. Il y a désormais plus de 500 cas de Covid-19 en Guyane, même si, vous avez raison, peu sont graves à ce stade, ce qui est heureux.

Vous m'interrogez à juste titre sur les moyens mis en place pour lutter efficacement contre l'épidémie.

Ces moyens sont d'abord humains, grâce à la réserve sanitaire. L'équipe de 12 réservistes en poste à Saint-Georges de l'Oyapock sera relayée la semaine prochaine. À Camopi, une autre équipe de 12 réservistes est en mesure d'intervenir, y compris sur l'ensemble du fleuve Oyapock.

Une équipe d'une vingtaine de réservistes, extrêmement réactive, est actuellement déployée vers Cayenne et se déplacera partout où des cas apparaîtront, notamment le long du fleuve Maroni.

Au-delà des dispositifs humains, des renforts sont apportés à certains établissements, comme celui d'Iracoubo, afin de protéger l'ouest de la Guyane encore épargné par l'épidémie. Le centre hospitalier de Cayenne bénéficie aussi d'un soutien, car l'épidémie de dengue y a touché plusieurs soignants qu'il faut remplacer.

Au niveau des moyens techniques, la politique de tests a pris de l'ampleur, d'abord grâce au fret sanitaire. L'agence régionale de santé (ARS) est très mobilisée, ainsi que la préfecture et Santé publique France. En Guyane, trois laboratoires ont développé des drives, pour faire davantage de tests.

En ce qui concerne les renforts matériels, j'ajoute que 13 respirateurs ont été envoyés au centre hospitalier de Cayenne, afin que celui-ci puisse accueillir davantage de patients sévèrement atteints. Les capacités d'isolement des malades ont également été augmentées. Plus d'une centaine de patients sont désormais hébergés, à leur demande, dans un hôtel.

M. le président. Il faut conclure !

M. Olivier Véran, ministre. Enfin, nous faisons acte de solidarité et de coopération avec nos voisins brésiliens, notamment l'hôpital de l'Oyapock, qui a bénéficié de matériels de protection sanitaire. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

- page 5145

Page mise à jour le