Question de M. HOUPERT Alain (Côte-d'Or - Les Républicains) publiée le 11/06/2020

Question posée en séance publique le 10/06/2020

M. le président. La parole est à M. Alain Houpert, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Alain Houpert. Madame la secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, le 27 mai dernier, soit une semaine après la publication par The Lancet d'une étude sur l'usage de l'hydroxychloroquine, votre ministère a interdit le recours à celle-ci dans le traitement du Covid-19. Cette interdiction faisait suite au décret du 25 mars, qui défendait aux médecins libéraux de prescrire cette molécule à leurs patients.

On sait ce qu'il est advenu de cette étude, qui a été désavouée d'abord par les éditeurs du Lancet, et ensuite par trois de ses quatre auteurs. Elle était en réalité une vaste farce dont les scientifiques, les soignants, les patients et votre gouvernement ont été les dindons ! C'est triste…

On me rétorquera que d'autres études n'ont pas pu démontrer l'efficacité de cette molécule, mais la vérité est que les protocoles mis en concurrence sont tellement divergents qu'il est impossible d'affirmer aujourd'hui que cette molécule est efficace ou pas, même s'il semble que les patients traités dès leur dépistage et dont l'état ne nécessite pas une hospitalisation s'en sortent majoritairement mieux.

Une chose est absolument certaine, en revanche : seuls les médecins sont aptes à prescrire le protocole qui leur semble le mieux convenir à leurs patients.

Votre gouvernement a peut-être un goût certain pour les ordonnances ; moi, je préfère celles qui portent un caducée !

Ma question est simple, madame la secrétaire d'État : ne serait-il pas temps de reconnaître qu'il y a eu de l'emballement dans cette affaire et de redonner aux médecins la liberté de prescrire ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Florence Lassarade. Très bien !


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé publiée le 11/06/2020

Réponse apportée en séance publique le 10/06/2020

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé.

Mme Christelle Dubos, secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le sénateur Houpert, la mise en avant des mécanismes d'action de l'hydroxychloroquine a légitimement soulevé beaucoup d'espoirs ces dernières semaines, ce au plus fort de la période épidémique que nous venons de vivre.

De nombreux travaux de recherche – vous en avez cité quelques-uns – ont été menés pour tenter d'analyser son efficacité et son innocuité dans le traitement du Covid-19.

Le ministre et l'ensemble du Gouvernement ont été transparents : tous les efforts ont été accomplis, afin de trouver des réponses rigoureuses et scientifiques à cette question.

À ce jour, les travaux de recherche conduits n'ont pas réussi à démontrer avec un niveau de preuve suffisant l'efficacité de l'hydroxychloroquine chez les malades hospitalisés ou dans les formes les plus simples de la maladie.

M. François Patriat. C'est vrai !

Mme Christelle Dubos, secrétaire d'État. Par ailleurs, de nombreuses études ont montré des effets secondaires connus et renforcés dans le cas de certaines associations médicamenteuses.

Les résultats de deux travaux scientifiques – issus d'auteurs similaires – ont dû être retirés en raison de questions sur leur intégrité scientifique. Nous le déplorons. Néanmoins, l'ensemble des études rassemblées à ce jour sur la question du recours à l'hydroxychloroquine dans le traitement de la maladie ne justifient pas l'utilisation de cette molécule en pratique courante.

Compte tenu de la décroissance progressive de l'épidémie, cette question est aujourd'hui moins urgente ; certaines études sont poursuivies actuellement.

Enfin, la liberté de prescription n'a jamais été entravée. Je rappelle d'ailleurs qu'elle n'a jamais été totale. L'Ordre des médecins l'a encore rappelé récemment : l'article 8 du code de déontologie médicale précise que, « dans les limites fixées par la loi et compte tenu des données acquises de la science, le médecin est libre de ses prescriptions ». (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. Alain Houpert, pour la réplique.

M. Alain Houpert. Madame la secrétaire d'État, je suis parlementaire, mais je suis aussi médecin. S'élever, c'est quelquefois s'éloigner des certitudes et s'interroger. Il existe des chiffres incontestables contre les certitudes, et ces chiffres sont ceux de votre ministère : le taux de décès parmi les personnes hospitalisées pour les mêmes raisons en France est de 3,1 % à Marseille et de 17,2 % au niveau national. Voilà qui devrait à tout le moins vous conduire à vous interroger, madame la secrétaire d'État. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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