Question de M. BOURQUIN Martial (Doubs - SOCR) publiée le 11/06/2020

Question posée en séance publique le 10/06/2020

M. le président. La parole est à M. Martial Bourquin, pour le groupe socialiste et républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)

M. Martial Bourquin. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie et des finances.

L'industrie française est en grave difficulté : l'entreprise Luxfer produisait des bouteilles d'oxygène ; l'entreprise Famar, de la chloroquine ; Péters Surgical, des sondes de Montin pour les intubations ; la sucrerie de Toury, en Eure-et-Loir, du sucre et de l'alcool nécessaires aux gels hydroalcooliques.

Mais il y a aussi l'entreprise Peugeot Japy, à Valentigney, qui a été brutalement fermée hier !

Il y a aussi General Electric, qui vient de connaître 40 000 heures de travail délocalisées en Chine !

Des dizaines et des dizaines d'entreprises sont au bord du dépôt de bilan, et pas seulement à cause du Covid-19, lequel peut même parfois servir de prétexte.

Aujourd'hui, ces entreprises sont fermées ou menacées de fermeture. Et le ministre de l'économie et des finances semble avoir peur de la seule solution qui, parfois, existe : une prise de participation de l'État, voire la nationalisation.

Au début de la crise sanitaire, nous avons découvert que la France, sixième puissance économique mondiale, était incapable de produire sur son territoire des masques, des combinaisons de protection, des tests biologiques, du gel hydroalcoolique, des respirateurs, des médicaments. Jérôme Fourquet disait : « Les Français sont tombés de haut, de très haut. »

Ma question est simple : à quand une véritable politique industrielle pour la France ? Il n'y a pas de grande nation sans un socle industriel puissant. (Applaudissements sur les travées des groupes SOCR et CRCE, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'économie et des finances publiée le 11/06/2020

Réponse apportée en séance publique le 10/06/2020

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances.

Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances. Monsieur le sénateur, je veux d'abord saluer la mobilisation de l'industrie pendant cette crise. Face à une difficulté d'approvisionnement en respirateurs, en masques, en gel hydroalcoolique, l'industrie française, en un mois – on parle parfois de surcapacités de production s'agissant de certains de ces produits –, a prouvé qu'elle était capable de se mobiliser et de répondre à l'appel. C'est plutôt le signe d'une grande vivacité, d'une grande capacité de réaction et de développement économique.

Par ailleurs, je me réjouis de votre enthousiasme pour la politique industrielle, enthousiasme que je partage. Effectivement, il n'y a pas de grande économie sans grande industrie. C'est pour cette raison que, depuis trois ans, et sans attendre la crise du Covid-19, ce gouvernement s'est mobilisé au service de l'industrie pour construire une politique industrielle, par exemple dans le secteur de la santé, avec le Conseil stratégique des industries de santé, pour mettre fin aux fermetures de sites et à la division par deux de nos parts de marché sur le plan international entre 2008 et 2018. Ce sont là des faits !

Cette politique a permis de créer des emplois dans l'industrie, alors qu'entre 2000 et 2016 des emplois avaient été systématiquement supprimés, année après année.

Grâce à cette politique industrielle, les investisseurs étrangers s'intéressent aujourd'hui à la France comme endroit pour investir, puisque notre pays est toujours la première destination pour les projets industriels soutenus par des partenaires étrangers, selon les résultats que vient de publier le cabinet Ernst&Young.

Nous devons donc poursuivre cette politique de relocalisation, en lien avec le plan en faveur de l'automobile, qui prévoit 1 milliard d'euros d'investissements pour relocaliser la production notamment de batteries électriques.

Par ailleurs, nous avons détaillé hier les termes de notre politique industrielle au service de l'aéronautique, de même que nous menons une politique industrielle au service de la santé. Nous aurons de beaux projets à vous présenter dans les prochains jours. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. Martial Bourquin, pour la réplique.

M. Martial Bourquin. Madame la secrétaire d'État, la Chine ne peut pas être l'usine du monde ! Il faut que nous ayons la volonté de produire dans notre pays. À force de tout expliquer, à force d'avoir accepté les délocalisations, on s'est aperçu, durant cette crise très difficile, que la France pouvait devenir une nation de seconde zone. Il n'y a rien de pire ! Il est temps de réagir. Veillons, avec les collectivités locales, avec le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI), à ce que chaque fois qu'une entreprise est en difficulté, elle reste sur notre territoire. Nous avons besoin d'emplois industriels, nous avons besoin d'emplois tout court, nous avons besoin d'une France industrielle, une France de producteurs, pas seulement de consommateurs. (Applaudissements sur les travées des groupes SOCR et CRCE.)

M. le président. Je salue Martial Bourquin, qui va quitter le Sénat pour rejoindre sa commune d'Audincourt, qui a bien de la chance de le retrouver. Je veux saluer son engagement pour le Sénat, notamment sa persévérance sur les questions industrielles et d'emploi. (Applaudissements.)

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