Question de Mme PRIMAS Sophie (Yvelines - Les Républicains) publiée le 02/07/2020

Question posée en séance publique le 01/07/2020

M. le président. La parole est à Mme Sophie Primas, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

Mme Sophie Primas. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la transition écologique et solidaire.

Madame la ministre, lundi dernier, la centrale nucléaire de Fessenheim s'est définitivement arrêtée.

L'énergie nucléaire, dont cette centrale est emblématique, a permis aux Français de bénéficier d'une électricité deux fois moins chère qu'en Allemagne. Elle a permis à la France de n'émettre que 1 % des émissions mondiales de CO2, la plaçant très loin devant son voisin allemand. Elle a, enfin, fortement bénéficié à l'emploi et à l'attractivité de la région alsacienne.

La décision de M. Hollande que vous mettez en œuvre aujourd'hui, ce sont près de 2 000 emplois locaux qui vont disparaître, sans aucune concrétisation du plan de reconversion promis par l'État ; ce sont 400 millions d'euros d'indemnités que l'État devra verser à EDF, comme l'a cruellement rappelé la Cour des comptes dans un rapport particulièrement sévère ; ce sont entre 6 et 10 millions de tonnes de CO2 supplémentaires par an, le repli vers l'éolien et le solaire ne pouvant conduire qu'à importer davantage d'énergie carbonée ; c'est, enfin, l'exact inverse de ce que recommande le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dans ses derniers rapports, qui incluent, quel que soit le scénario retenu, une part significative de nucléaire.

Madame la ministre, la décision que vous avez prise aura des conséquences particulièrement négatives.

Cette décision n'est pas économique : la facture énergétique des Français et des entreprises françaises va largement progresser.

Elle n'est pas sociale : vous pénalisez très fortement tout un bassin d'emploi.

Elle n'est évidemment pas écologique : vous privez notre pays d'une énergie décarbonée, et c'est visiblement un avis partagé par M. le ministre de l'économie et des finances, Bruno Le Maire.

Madame la ministre, pouvez-vous donc nous dire ce qui a vraiment motivé ce choix ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

M. André Reichardt. C'est purement politique !

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Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire publiée le 02/07/2020

Réponse apportée en séance publique le 01/07/2020

M. le président. La parole est à Mme la ministre de la transition écologique et solidaire.

Mme Élisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire. Madame la présidente Primas, l'arrêt de Fessenheim incarne l'écologie de responsabilité portée par le Président de la République, le Gouvernement et la majorité depuis 2017. (Vives protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Bruno Retailleau. Écologie politique !

Mme Élisabeth Borne, ministre. Avec cette décision, nous tenons nos promesses. Nous transformons en profondeur notre modèle énergétique et nous accompagnons les Français et les territoires dans cette transformation.

Avec l'arrêt des deux réacteurs de Fessenheim, nous engageons la réduction à 50 % de la part du nucléaire d'ici à 2035 tout en développant massivement les énergies renouvelables.

Pourquoi ? Parce qu'un système électrique plus diversifié est un système plus résilient. C'est pour cela que nous allons multiplier par deux la part de l'éolien et par cinq la part du photovoltaïque dans les dix ans.

Mais, dans le même temps, le Gouvernement est particulièrement vigilant à l'accompagnement des salariés et des territoires.

S'agissant des salariés d'EDF, ils seront tous reclassés au sein du groupe.

M. Philippe Dallier. Ils sont sauvés !

Mme Élisabeth Borne, ministre. S'agissant des salariés des sous-traitants, une cellule de reclassement est en place pour les accompagner.

Concernant la reconversion du territoire, 35 millions d'euros ont déjà été engagés, même s'il est vrai que la crise a conduit à prendre du retard dans la mise en place des différents dispositifs.

Je voudrais souligner l'annonce récente d'un projet d'implantation d'une usine de biocombustibles, qui pourrait créer 700 emplois dans le territoire.

Soyez donc assurée, madame la sénatrice, que notre politique énergétique s'inscrit pleinement dans le respect de l'accord de Paris et que nous accompagnons les Français et les territoires dans la transition. (Marques de protestation sur des travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à Mme Sophie Primas, pour la réplique.

Mme Sophie Primas. Madame la ministre, vous l'avez dit, c'est un choix politicien et idéologique, et nous attendons vraiment que l'État déploie une stratégie qui puisse être à la hauteur du défi que représente l'arrêt des réacteurs nucléaires.

À cet égard, je regrette que le Gouvernement ait refusé la feuille de route que le Sénat proposait dans le cadre de l'examen de la loi Énergie-climat, qui visait à suivre les démantèlements à venir, comme je regrette que l'ordonnance relative à l'accompagnement de la fermeture des centrales à charbon prévue aussi par cette loi n'ait pas été publiée. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

M. André Reichardt. Tout à fait !

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