Question de Mme VULLIEN Michèle (Rhône - UC-A) publiée le 02/07/2020

Question posée en séance publique le 01/07/2020

M. le président. La parole est à Mme Michèle Vullien, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Indépendants.)

Mme Michèle Vullien. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, comme notre collègue Sophie Primas, nous avons été frappés, dans l'actualité récente, par la fermeture de Fessenheim, une fermeture que nous ne nous expliquons pas.

La question de ma collègue abordait l'ensemble des aspects de la problématique sociale, économique, écologique ; ma question portera, madame la ministre, plus précisément sur l'articulation entre cette fermeture et la stratégie énergétique française dans l'optique d'atteindre la neutralité carbone en 2050.

Le nucléaire « nous permet d'être l'un des pays qui émet le moins de CO2 pour la production d'électricité, et cela garantit notre indépendance » : ces mots ne sont pas de moi, ce sont ceux du ministre Bruno Le Maire. (Sourires.) Ils sont frappés au coin du bon sens. (M. Bruno Retailleau applaudit.) Pourtant, hier, le second réacteur de Fessenheim a été déconnecté du réseau électrique !

Nous savons que nous ne pourrons pas réduire nos émissions de gaz à effet de serre sans décarboner notre énergie. Et nous fermons une centrale qui, justement, produit de l'électricité décarbonée !

Un des messages des municipales est sans ambiguïté : nos concitoyens veulent que la France se verdisse. Le meilleur vecteur est bien sûr l'efficacité énergétique. L'énergie la plus décarbonée est celle que l'on ne consomme pas ! Mais, à elle seule, l'efficacité énergétique ne suffira pas. Nous pouvons réviser cinquante fois la Constitution et mettre en œuvre toutes les propositions de la Convention citoyenne pour le climat, jamais notre pays n'atteindra la neutralité carbone sans le nucléaire, malgré l'essor des renouvelables.

Ne l'oublions jamais : pour atteindre cette neutralité, il faut plus d'électricité dans notre mix énergétique et, évidemment, de l'électricité propre. En l'état actuel de la science, l'électricité renouvelable s'adosse forcément au nucléaire. Nous n'aurons donc jamais assez d'électricité renouvelable sans le nucléaire !

Madame la ministre, ne nous dites pas que l'on peut à la fois produire moins d'électricité nucléaire et décarboner : moins d'énergie nucléaire, c'est forcément moins d'électricité propre, donc plus de carbone dans l'atmosphère – ce que nous aurions pu éviter de faire.

Dans ces conditions, pourquoi avoir fermé Fessenheim, si ce n'est pour des raisons d'affichage ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire publiée le 02/07/2020

Réponse apportée en séance publique le 01/07/2020

M. le président. La parole est à Mme la ministre de la transition écologique et solidaire.

Mme Élisabeth Borne, ministre de la transition écologique et solidaire. Madame la sénatrice Vullien, je comprends qu'on me pose la question de la fermeture de la centrale de Fessenheim et il est important d'expliquer pourquoi nous le faisons. Je peux vous assurer que ce n'est pas de l'idéologie ! (Murmures appuyés sur les travées des groupes Les Républicains et UC.)

M. Jean-Marie Bockel. Si !

Mme Élisabeth Borne, ministre. C'est vrai, nous devons réduire nos émissions de gaz à effet de serre, et il est également vrai que l'énergie nucléaire est décarbonée. Mais le nucléaire, ce sont aussi des opérations de maintenance lourdes et complexes qui peuvent réduire la disponibilité du parc.

C'est le cas actuellement : à la suite de la crise sanitaire, 50 % de notre parc nucléaire est aujourd'hui à l'arrêt.

Je le redis : je suis convaincue de la nécessité d'un système électrique plus diversifié et plus résilient. (M. André Gattolin applaudit.)

Et puis le nucléaire, ce sont aussi des déchets. C'est donc en prenant en compte l'ensemble de ces éléments que nous avons défini la trajectoire qui figure dans la loi Énergie-climat, qui n'efface pas le nucléaire, madame la sénatrice (C'est faux ! sur les travées du groupe Les Républicains.), mais qui ramène la part du nucléaire à 50 % – et non pas 0 % – de notre mix en 2035.

Je peux vous assurer que fermer une centrale nucléaire n'est ni simple ni anodin.

Cette étape est nécessaire pour garantir aux Français une production d'électricité décarbonée et résiliente. Nous avons besoin d'un meilleur équilibre entre les différentes sources d'électricité et c'est pour cela que nous développons massivement les énergies renouvelables, que nous avons par exemple augmenté de 20 % la production d'éolien entre 2018 et 2019, que nous voulons doubler cette production dans les dix ans et multiplier par cinq la part du photovoltaïque.

Je suis convaincue que c'est ainsi qu'il faut mener la transition écologique, solidaire et énergétique. Ces décisions fortes vont de pair avec un accompagnement des Français et des territoires.

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