Question de Mme ROSSIGNOL Laurence (Oise - SOCR) publiée le 02/07/2020

Question posée en séance publique le 01/07/2020

M. le président. La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour le groupe socialiste et républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)

Mme Laurence Rossignol. « Et de droite, et de gauche » : c'était le mantra du candidat Macron en 2017 ! Le candidat devenu Président de la République, les Français ont vite constaté que son gouvernement – le vôtre, monsieur le Premier ministre – s'inspirait plutôt du principe « ni de gauche ni de gauche »,…

M. Emmanuel Capus. Très bien !

Mme Laurence Rossignol. … et ce jusqu'au second tour des élections municipales où il est clairement passé à « et de droite, et de droite » ! (Exclamations sur plusieurs travées.)

Tout cela a pu sembler un peu confus aux Français. En revanche, le message qui vous a été envoyé dimanche dernier est assez clair. C'est : « ni en marche ni en marche » ! (Applaudissements sur des travées du groupe SOCR.)

Même si les élections intermédiaires sont souvent difficiles pour les gouvernements en place, celles de 2020 constituent une cuvée assez spectaculaire.

À quelques exceptions près, et pas des moindres – je profite de cette intervention, monsieur le Premier ministre, pour saluer de manière républicaine votre élection au Havre, d'autant que la dimension personnelle de cette élection est probablement importante –, la majorité ne conquiert aucune ville importante.

Elle en perd même certaines, qu'elle avait obtenues auparavant grâce à des transfuges, souvent issus, d'ailleurs, de nos propres rangs. Je pense à Lyon, Besançon ou encore Strasbourg. C'est arrivé, aussi, dans mon département…

C'est sans parler, bien sûr, des échecs de vos ministres, qui comptaient bien faire main basse sur la ville de Paris et qui, comme chacun le sait, ont eux aussi échoué.

Le taux d'abstention inédit, malgré vos promesses de réconcilier les Français et la démocratie, ne relativise pas pour autant la clarté du message adressé au Président de la République et à sa majorité.

Monsieur le Premier ministre, en campagne au Havre, vous avez dit aux Havrais que vous reviendriez en 2022. Ma question est simple : souhaitez-vous continuer à diriger la France, et avec quelle orientation politique ? (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR.)

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Réponse du Premier ministre - Relations avec le Parlement publiée le 02/07/2020

Réponse apportée en séance publique le 01/07/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre chargé des relations avec le Parlement. (Protestations sur des travées du groupe SOCR.)

M. Marc Fesneau, ministre auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Vous avez l'air déçue, madame Rossignol…

Mme Laurence Rossignol. Ma question s'adresse au Premier ministre…

Mme Marie-Pierre de la Gontrie. La porte-parole du Gouvernement est inscrite sur le dérouleur, mais, comme c'est une question sérieuse, sans doute fallait-il que ce soit un homme qui y réponde…

M. Marc Fesneau, ministre. Je voudrais d'abord saluer toutes celles et ceux qui ont décidé, à l'occasion de ces élections municipales, comme de toutes les autres élections, de défendre leurs idées. Il n'y a rien de plus sain et de plus honorable en démocratie ! C'est pourquoi il convient de saluer toutes ces personnes ayant fait le choix de s'engager, qu'elles aient gagné ou perdu – gagner ou perdre, ainsi va le jeu démocratique ! (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM, ainsi que sur des travées des groupes Les Indépendants, RDSE, UC et Les Républicains.)

Mais un autre point devrait nous alerter, dont vous avez assez peu parlé, madame Rossignol. Il s'agit de l'abstention, une question importante pour nous. Alors que le maire est sans doute l'élu le plus apprécié, c'est au cours de cette élection que l'on a enregistré la plus forte abstention. Cela doit nous interroger !

Vous avez l'air, par ailleurs, de vouloir en faire un test national.

Si tel est le cas, alors permettez-moi de saluer les victoires de Gérald Darmanin, à Tourcoing, et d'Édouard Philippe, au Havre – je n'ose parler de ma propre élection dans ma commune… (MM. Martin Lévrier, Emmanuel Capus, Alain Cazabonne et Franck Menonville applaudissent.)

En tout cas, soit c'est un test national, soit c'est une élection locale ! Comme l'équation personnelle compte – vous l'avez dit vous-même –, faisons-en plutôt une élection locale !

Enfin, d'expérience, les batailles électorales invitent à la modestie et à la lucidité.

Comme moi, mesdames, messieurs les sénateurs du groupe socialiste et républicain, il vous est arrivé de gagner des élections et d'en perdre !

Vous en avez perdu en 1997, en 2002, en 2007 ; moi aussi, j'en ai perdu… Des élections locales, des élections nationales… Tout cela devrait nous inviter à la modestie ! Certaines victoires ne sont pas vraiment ce qu'elles paraissent être et certaines défaites privent, parfois, de lucidité. Dans toutes les situations, ce travail de lucidité est à faire !

Mme Laurence Rossignol. C'est au Premier ministre que j'ai posé ma question !

Mme Marie-Pierre de la Gontrie. Vous ne répondez pas à la question !

M. Marc Fesneau, ministre. Enfin, madame la sénatrice Rossignol, les résultats sont variables d'un département à l'autre, car, vous le savez comme moi, l'équation locale a compté.

La seule exigence que nous devons avoir, conformément à notre engagement d'élu, sur le plan national ou local, c'est de faire prévaloir l'intérêt national ou l'intérêt local. Maintenant qu'il y a des élus, il faut nous en féliciter et travailler avec eux pour faire avancer le pays. Les défis sont nombreux ; ensemble, nous pourrons les relever ! (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM, ainsi que sur des travées des groupes Les Indépendants et UC.)

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