Question de M. CHASSEING Daniel (Corrèze - Les Indépendants) publiée le 02/07/2020

Question posée en séance publique le 01/07/2020

M. le président. La parole est à M. Daniel Chasseing, pour le groupe Les Indépendants. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants et sur des travées du groupe UC.)

M. Daniel Chasseing. Monsieur le ministre de l'économie et des finances, la crise économique frappe le secteur automobile. Le Gouvernement a déjà annoncé un plan conjuguant relance économique et transition écologique. Malgré tout, de nombreuses suppressions d'emplois sont à venir.

Je vais parler, en particulier, du département de la Corrèze, où nous apprenions brutalement, le 25 juin dernier, une très mauvaise nouvelle : l'entreprise BorgWarner, qui emploie 368 salariés, fermera son usine en 2022.

BorgWarner a racheté l'entreprise séculaire de Tulle en 1995, avant de transférer sa production sur une zone industrielle réalisée par le conseil départemental en 2005. Pendant plusieurs années, près de 700 salariés ont travaillé dans l'entreprise pour la fabrication de boîtes de vitesses à double embrayage, process abandonné dans les voitures électriques. La production est, à 95 %, destinée aux marques Volkswagen-Audi.

Malgré les alertes réitérées des syndicats, la direction n'a pas souhaité enclencher de diversification, préparant ainsi la délocalisation de l'entreprise.

Après la tristesse des employés, des familles et des responsables politiques devant cette catastrophe économique, les élus du bassin de Tulle – les parlementaires, dont mon collègue Claude Nougein, et le président du conseil départemental Pascal Coste – viennent aujourd'hui, par ma voix, vous demander d'aider la Corrèze et ce bassin de Tulle, sinistré, afin de trouver ensemble une solution de reprise du site et de ses employés.

La transition écologique devrait, dit-on, entraîner le développement de nouvelles productions… Cette entreprise avait été créée, en 1895, pour produire des cycles. Aujourd'hui, nous ne produisons en France que 700 000 vélos par an, soit un quart de notre consommation, alors que cette production atteint 2 millions d'exemplaires en Allemagne, en Italie et, même, au Portugal !

Dans un tel contexte, ma question est simple : comment pensez-vous, monsieur le ministre de l'économie et des finances, assurer une transition écologique véritablement solidaire, qui ne sacrifie pas les emplois et permette la survie de cette entreprise corrézienne ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants et sur des travées du groupe UC.)

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Réponse du Ministère de l'économie et des finances publiée le 02/07/2020

Réponse apportée en séance publique le 01/07/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'économie et des finances.

M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances. Monsieur le sénateur Chasseing, la transition écologique est une nécessité absolue – je pense que tout le monde, ici, en est convaincu –, mais le défi auquel elle nous confronte est tout aussi considérable : il faut accompagner cette transition écologique d'une transition de l'industrie et des emplois.

Le site de BorgWarner à Tulle – je pourrais citer d'autres sites industriels du secteur de l'automobile, qui produisent des injecteurs diesel ou des pièces pour les véhicules thermiques – en est une illustration parfaite.

Avec 368 emplois, c'est le premier site industriel de Corrèze. L'annonce de sa fermeture – j'ai eu l'occasion d'appeler le président du conseil départemental de Corrèze, Pascal Coste, pour en parler – est donc un drame pour la ville de Tulle, mais aussi pour d'autres bassins d'emploi, comme la vallée de l'Arve et tous ses décolleteurs qui produisaient des pièces pour BorgWarner.

On voit bien comment cette transition écologique et ce passage du moteur thermique au moteur électrique ont un effet en cascade sur l'emploi, nous obligeant à trouver des solutions innovantes.

La solution est-elle de préserver, à tout prix, tous les emplois liés à la production de moteurs thermiques ? Certainement pas ! C'est l'assurance d'un drame social et économique encore plus important, à une vitesse que personne ne mesure ici.

La bonne solution, en revanche, consiste à trouver d'autres possibilités industrielles, à diversifier ces sites industriels, à former et qualifier les salariés.

Je demande donc aux responsables de BorgWarner, dans les deux ans qu'ils ont devant eux, de faire tout le nécessaire pour accompagner chaque salarié. Je prends l'engagement devant vous, mesdames, messieurs les sénateurs, qu'avec les élus locaux, notamment le président du département, nous ferons tout – je dis bien : tout – pour trouver des solutions industrielles innovantes, permettant de garantir, non pas dans le domaine du véhicule thermique, mais sur d'autres activités, un avenir industriel à ce site de Tulle, en Corrèze. (Applaudissements sur les travées des groupes LaREM et Les Indépendants. – M. Pierre Louault applaudit également.)

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