Question de M. MILON Alain (Vaucluse - Les Républicains) publiée le 09/07/2020

Question posée en séance publique le 08/07/2020

M. le président. La parole est à M. Alain Milon, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Alain Milon. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Nous savons que le covid-19 n'est pas un virus saisonnier arrêté par la hausse des températures. La période estivale ne doit donc pas entraîner un relâchement dans la mise en place des actions de prévention.

Preuve que le virus est toujours là, plusieurs de nos voisins européens, en particulier l'Italie, l'Espagne, le Portugal ou encore l'Allemagne, ont recours à des reconfinements locaux. Ainsi, quelque 2,5 millions de personnes se trouvent actuellement reconfinées.

Monsieur le Premier ministre, ce matin, vous avez déclaré qu'il fallait « se préparer à une éventuelle deuxième vague ». Nous savons que la circulation du virus en cette période sera démultipliée par les mouvements saisonniers de populations. Quelles actions concrètes allez-vous mettre en place pour éviter une nouvelle flambée de l'épidémie dans notre pays ?

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Réponse du Premier ministre publiée le 09/07/2020

Réponse apportée en séance publique le 08/07/2020

M. le président. La parole est à M. le Premier ministre.

M. Jean Castex, Premier ministre. Monsieur le président de la commission des affaires sociales, le sujet est extrêmement important. Il est au cœur de la crise globale de notre pays.

J'ai effectivement déclaré ce matin que nous devions anticiper une deuxième vague. D'ailleurs, c'est très exactement ce que j'avais déjà dit devant la commission des lois du Sénat, qui m'avait auditionné quand Édouard Philippe m'avait chargé de préparer le déconfinement du pays. (M. Philippe Bas le confirme.)

À l'époque, j'avais été surpris des réactions à cette audition, qui avait été longue. Certains – M. Bas, le président de la commission des lois, pourrait le confirmer – s'étaient focalisés sur cette seule déclaration : nous allions reconfiner sitôt après le déconfinement.

En réalité, il est du devoir de l'État – tous les pays qui nous entourent font de même – de préparer et d'anticiper l'évolution de cette épidémie, mais également de tirer tous les enseignements des phases antérieures.

J'observe que la circulation virale reste à ce jour plus limitée chez nous que dans certains pays, dont ceux que vous avez évoqués. Mais rien ne permet d'affirmer que cela ne va pas changer.

Je m'adresse en particulier aux élus ultramarins : il y a dans la République des zones qui sont encore extrêmement frappées ; je pense en particulier à la Guyane, où j'ai décidé de me rendre dès dimanche prochain. (MM. André Gattolin et Jérôme Bignon applaudissent.)

Premièrement, les retours d'expérience dont nous disposons nous conduisent à mener des actions de prévention beaucoup plus ciblées par des tests, avant même que des signes cliniques ne nous conduisent – c'est déjà la doctrine en vigueur – à les pratiquer.

Deuxièmement, nous avons acquis dans le traitement de ce que l'on appelle les clusters un savoir-faire qui nous permet d'éviter une diffusion excessive.

Troisièmement, il nous faut tout faire pour éviter, si une nouvelle vague venait à frapper notre pays, un reconfinement généralisé, comme nous l'avions fait initialement compte tenu des circonstances. À défaut, les conséquences sur notre pays, notre économie et notre vie sociale seraient profondes.

C'est le sens de mon intervention : compte tenu de l'importance du sujet pour la santé de nos concitoyens et la survie de notre économie, j'entends, vous le comprendrez, le suivre très directement à mon niveau. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. Alain Milon, pour la réplique.

M. Alain Milon. Monsieur le Premier ministre, je vous remercie de cette réponse, même si elle est tout de même extrêmement générale.

Prenons le cas des aéroports. Nous le savons, nos concitoyens qui partent à l'étranger sont testés, tandis que des étrangers en provenance de pays fortement touchés par le covid ne le sont pas. C'est là que réside le danger. Il faut à tout prix tester et isoler, comme vous venez de le dire. Mais il faut le faire aux frontières et dans les aéroports.

Ma région, la Provence, n'est pas très éloignée de la vôtre. Vous le savez, des ouvriers espagnols positifs au covid sont venus travailler chez nous. Or ils ont été testés non pas à la frontière, mais à Mazan, petit village de Vaucluse que vous connaissez. (M. le Premier ministre acquiesce.) Or ces vingt ouvriers espagnols testés positifs au covid se sont promenés dans l'ensemble du département…

Il est urgent de tester les étrangers aux frontières et dans les aéroports. (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et Les Indépendants, ainsi que sur des travées du RDSE.)

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