Question de Mme EUSTACHE-BRINIO Jacqueline (Val-d'Oise - Les Républicains) publiée le 09/07/2020

Question posée en séance publique le 08/07/2020

M. le président. La parole est à Mme Jacqueline Eustache-Brinio, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Les élections municipales ont montré ce que nous redoutions tous : une poussée de l'entrisme communautariste sur les listes. (Protestations sur les travées des groupes CRCE et SOCR.)

Mme Éliane Assassi. C'est une obsession !

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Dans le Val-d'Oise, la mairie de Goussainville est revenue à un candidat dont le profil interroge même les services de renseignement ! Celle de Garges-lès-Gonesse a failli tomber entre les mains du fondateur du Collectif contre l'islamophobie en France, le CCIF. À Strasbourg, le hijab, pire symbole de l'infériorisation, de l'enfermement et de la négation du corps de la femme, a fait son entrée au conseil municipal.

Dans ces villes, comme dans d'autres, l'islam politique trace son chemin face à un manque cruel de courage pour y faire obstacle et préserver notre unité et les valeurs de la République.

Ces élections municipales marquent malheureusement le début d'un morcellement inquiétant, que personne ne peut nier.

Voilà quelques mois, le Président de la République avait indiqué vouloir combattre « le séparatisme islamiste ». À ce jour, nous n'avons toujours ni ligne directrice ni cap clair pour lutter efficacement contre de telles dérives, qui mènent à la fracture de notre pays. Sur ce sujet, comme sur tant d'autres, il vous appartient de ne pas être spectateur, monsieur le ministre.

Je veux également revenir sur certains de vos propos, qui interrogent. Il y a quelques années, vous aviez parlé de « laïcité punitive ». Or la laïcité ne doit jamais être adjectivée ni faire l'objet d'accommodements.

Vous aviez également suggéré l'idée d'un nouveau concordat avec l'islam, qui remettrait gravement en cause les principes mêmes de la loi de 1905 et dénaturerait une conception de la laïcité largement partagée par les Français.

Monsieur le ministre, s'engager pour la France, c'est accepter de se faire détester par une minorité gesticulante au profit d'une majorité qui ne demande qu'une chose : vivre en paix et en harmonie dans cette France intégratrice et tolérante.

Mme Éliane Assassi. Quelle outrance !

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Quel chemin allez-vous prendre ? Quelle réponse allez-vous apporter à cet islam politique qui tend à assigner à résidence et à exclure de la République une partie de nos concitoyens au profit d'une norme religieuse ? (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains. – Protestations sur les travées du groupe CRCE.)

Mme Éliane Assassi. C'est scandaleux !

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 09/07/2020

Réponse apportée en séance publique le 08/07/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, madame Eustache-Brinio, le Président de la République et le Premier ministre m'ont fait confiance, avec Marlène Schiappa, qui travaillera à mes côtés, pour continuer à rétablir la sécurité des Français, accompagner bien entendu le travail des services publics par l'intermédiaire du corps préfectoral, rendre respect et écoute à nos forces de l'ordre, mais également lutter contre ce que le Président de la République a qualifié de « séparatisme » dans un récent discours.

Oui, l'islam politique est un ennemi mortel pour la République. Oui, il faut combattre toute forme de communautarisme.

Il me semble toutefois que le ministre de l'intérieur est aussi le ministre des cultes et que la laïcité, en France, n'entraîne pas la négation de la liberté des cultes.

Vos propos, tout en étant très fermes, m'apparaissent quelque peu caricaturaux, madame la sénatrice.

Madame, mon grand-père priait Allah et portait l'uniforme de la République. Bien des tirailleurs algériens et des supplétifs ont défendu les valeurs de la République tout en priant conformément à leur religion.

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Ce n'est pas la question !

M. Gérald Darmanin, ministre. Oui à la liberté de culte, non à la caricature ! Non à l'islamisme politique, mais oui à des Français divers dans leur couleur de peau et leur religion. Discutons de ce qui fait nation – La Marseillaise, la culture, la langue, notre drapeau… – et évitons de caricaturer.

Vous avez eu la gentillesse de me citer, madame la sénatrice. Mon premier prénom est Gérald, mon deuxième prénom est Moussa. Je suis très fier de l'assimilation française, fier aussi, grâce au Président de la République et à ceux qui m'ont accompagné, d'être ministre de la République ! (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

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