Question de Mme LAVARDE Christine (Hauts-de-Seine - Les Républicains) publiée le 09/07/2020

Question posée en séance publique le 08/07/2020

M. le président. La parole est à Mme Christine Lavarde, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Christine Lavarde. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Monsieur le ministre, voilà une dizaine de jours, avec Bruno Retailleau, président du groupe de liaison sur les chrétiens d'Orient, nous avions attiré votre attention sur la situation des écoles d'enseignement chrétien francophone au Liban.

Nous avons eu un début de réponse cette semaine, puisque l'ambassadeur de France au Liban a annoncé sur Twitter un plan de soutien qui s'adresse à 53 établissements.

C'est toutefois loin de toucher l'ensemble des établissements francophones. Je vous rappelle que près de 20 % des enfants libanais sont scolarisés dans ce type d'établissements, qui s'adressent à tous, aussi bien aux classes défavorisées qu'aux élèves d'origine musulmane. Ainsi, à Baalbek, une ville pauvre, près de 90 % des milliers d'enfants qui sont scolarisés sont chiites.

Il est urgent d'agir et d'apporter le soutien de la France. Que comptez-vous faire ? Monsieur le ministre, je vais vous aider dans votre réponse en vous posant trois questions plus précises. (Sourires.)

Sur les 50 millions d'euros de crédits ouverts dans le PLFR 3, combien iront vers les établissements du Liban ?

Où en est la mise en œuvre d'un fonds de soutien spécifique aux écoles chrétiennes du Moyen-Orient ?

Enfin, est-il envisagé de créer un statut d'école associée pour les écoles non homologuées, qui leur permettrait justement d'entrer un peu dans le giron de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE) et de bénéficier du soutien de l'État français ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – MM. Alain Cazabonne, Jean-Pierre Moga et Franck Menonville applaudissent également.)

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 09/07/2020

Réponse apportée en séance publique le 08/07/2020

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Madame Lavarde, je sais l'intérêt que vous portez au Liban.

Quand je me rendrai au Liban dans quelques jours, je dévoilerai notre engagement significatif à l'égard des écoles homologuées. Dans le même mouvement, je rendrai publiques les initiatives concernant le Fonds destiné aux écoles chrétiennes non homologuées, au Liban et ailleurs au Moyen-Orient, dans le cadre de l'initiative Personnaz.

Je veux dire aussi à cette assemblée combien je suis inquiet et triste de la situation du Liban. On connaît la relation passionnelle, amicale et historique de la France avec ce pays. Or, aujourd'hui, la moitié de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté, la livre libanaise n'arrête pas de se déprécier et la dette libanaise ne cesse d'exploser.

Des engagements avaient été pris par le gouvernement de M. Diab, mis en place au mois de février dernier, après de nombreuses péripéties. Il s'agissait d'accomplir les réformes que tout le monde souhaite dans un délai de cent jours. Hélas, ces réformes ne sont pas au rendez-vous. On sait pourtant ce qu'il faudrait faire sur la transparence, la régulation de l'électricité, la lutte contre la corruption, la réforme du système financier et bancaire. Mais rien ne bouge, madame !

Je me permets donc d'utiliser votre question pour parler aux autorités et au peuple libanais. La France et la communauté internationale ne pourront rien faire si les Libanais ne prennent pas les initiatives indispensables pour leur sursaut !

Aujourd'hui, il existe un risque d'effondrement, et les autorités libanaises doivent donc se ressaisir. À nos amis libanais, je dis : « Nous sommes prêts à vous aider, mais aidez-nous à vous aider, bon sang ! » (Applaudissements sur les travées des groupes LaREM et Les Indépendants, ainsi que sur des travées des groupes RDSE, UC et Les Républicains.)

M. le président. La parole est à Mme Christine Lavarde, pour la réplique.

Mme Christine Lavarde. Finalement, monsieur le ministre, vous aurez répondu à la question que j'avais posée dans cet hémicycle au mois de novembre dernier sur l'aide diplomatique de la France au Liban.

En ce qui concerne les écoles chrétiennes au Moyen-Orient, si vous voulez répondre aux objectifs fixés par le Président de la République dans son discours devant l'Académie française en mars 2018 – doubler le nombre d'écoles homologuées et accroître le nombre d'écoles qui bénéficient du label français –, c'est vers le Liban qu'il faut se tourner, car ce pays compte un nombre significatif d'écoles francophones.

De nombreuses mesures peu coûteuses pourraient être mises en œuvre rapidement, notamment l'installation d'un référent à Paris, qui constituerait une porte d'entrée unique pour ce réseau d'écoles.

Si l'on veut continuer de maintenir et d'accroître la présence de la France dans ce pays, on pourrait aussi envisager de former gratuitement au français au premier niveau, comme le fait par ailleurs le British Council. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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