Question de Mme PROCACCIA Catherine (Val-de-Marne - Les Républicains) publiée le 23/07/2020

Question posée en séance publique le 22/07/2020

Mme Catherine Procaccia. Monsieur le ministre des solidarités et de la santé, ma question concerne également le retard que prend la France dans le contrôle aux frontières et dans les aéroports. Si elle ressemble à celle qu'a posée Michèle Vullien, c'est parce qu'elle vise une préoccupation des parlementaires et des Français : en dehors des relevés de température, il n'y a quasiment aucun contrôle covid mis en œuvre par les exploitants, et l'État d'ailleurs ne rend pas obligatoires de tels contrôles. Durant plusieurs heures d'attente aux arrivées dans les aéroports, les voyageurs de plusieurs avions se mélangent, sans respect des gestes barrières, sans distinction entre Français et étrangers et, surtout, sans aucun suivi.

Quoi que vous nous ayez répondu, monsieur le ministre, aucun certificat médical ni résultat de test n'est exigé pour le moment, quelle que soit la zone d'où proviennent les voyageurs, même si les autorités locales ont décidé de mettre en place des mesures de confinement, comme à Barcelone.

Le comble de l'inutilité est atteint par cette attestation sur l'honneur assurant que l'on n'a pas le covid, que personne ne réclame, alors même qu'une grande partie des malades sont asymptomatiques.

Ce constat alarmant est dénoncé par tous, particulièrement par les médecins hospitaliers, qui voient arriver de plus en plus de binationaux et d'étrangers contaminés n'ayant connu aucun suivi depuis leur atterrissage.

Une nouvelle fois, la France prend du retard ; une nouvelle fois, elle est incapable d'instaurer, autrement que sur le papier, ce que presque tous nos voisins font : des contrôles aux frontières systématiques, pas seulement incitatifs et au bon vouloir du passager. Et ne parlons même pas des 2 000 tests PCR journaliers annoncés quand près de 20 000 voyageurs arrivent chaque jour de ces zones rouges !

Ma question est simple : allez-vous mettre en place des contrôles obligatoires et réels, afin d'éviter que nos aéroports ne deviennent des passoires à covid ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 23/07/2020

Réponse apportée en séance publique le 22/07/2020

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Madame la sénatrice Procaccia, il me faudrait plus de deux minutes pour répondre factuellement à votre question, ne serait-ce que pour présenter les chiffres.

Vous affirmez que la dangerosité vient de l'étranger ; j'ai demandé aux hôpitaux parisiens de m'indiquer combien de malades originaires de l'étranger étaient actuellement hospitalisés en réanimation. Si l'on exclut les rapatriements sanitaires de Français gravement malades à l'étranger, l'ensemble des hôpitaux parisiens a accueilli cinq patients depuis le 15 juin. (Brouhaha sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean-François Husson. Ce n'est pas la question !

M. Olivier Véran, ministre. Je ne dis pas que cela ne compte pas, madame la sénatrice, mais vous indiquez que la dangerosité vient de l'étranger, alors que les chiffres sont têtus.

Vous dites que tous nos voisins ont mis en place des mesures draconiennes obligatoires. Madame la sénatrice, je vous demande de venir me voir après la séance et nous appellerons – comme je l'ai fait – l'ensemble des ministres de la santé des pays du Conseil européen (M. André Gattolin applaudit.) ; vous constaterez avec moi qu'aucun autre pays européen n'a mis en place de contrôles PCR jusque dans les aérogares.

Parlons sérieusement : pour tester 1 000 personnes dans un aéroport, il faut une équipe de 40 personnes ; pour en tester 35 000 – soit le nombre de passagers attendu à Roissy en période estivale –, il faut 1 200 personnes. Nous pourrions placer 1 200 agents en permanence à l'aéroport, mettre en place un tri et demander à tous les passagers d'attendre plusieurs heures. Pour cela, encore une fois, il nous faudrait une disposition législative dont nous ne disposons pas, parce que l'initiative a été désamorcée durant le débat au Sénat, notamment par la majorité sénatoriale. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Madame la sénatrice, les ressortissants non binationaux venant de pays classés rouges, c'est-à-dire dans lesquels le virus circule plus qu'en France, ne peuvent pas entrer sur notre territoire. Nous ne parlons donc que des binationaux et des Français qui se trouvent dans des pays où le virus circule beaucoup et qui reviennent en France. À ceux-là, je vous le confirme, nous demandons de faire un test sur place dans les soixante-douze heures. Si le test n'est pas disponible dans leur pays de départ – cela arrive –, nous mettons à leur disposition des tests à l'aéroport et nous les accompagnons dans une quatorzaine, le cas échéant, jusqu'à ce qu'ils puissent bénéficier d'un test.

Croyez-moi, nous sommes déterminés sur ce sujet. Nous n'avons absolument aucune envie de permettre au virus de circuler, d'où qu'il vienne, du territoire national ou de l'étranger. Accompagnez-nous par des dispositifs législatifs et soyez fiers de ce que nous sommes capables de mettre en œuvre pour protéger les Français ! (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à Mme Catherine Procaccia, pour la réplique.

Mme Catherine Procaccia. Monsieur le ministre, vous affirmez qu'il y a très peu de personnes originaires de l'étranger dans les hôpitaux, mais j'ai bien précisé qu'il y avait des binationaux. Je ne l'ai pas inventé : toute la presse l'évoque.

M. le Premier ministre parlait de fermer la frontière avec l'Espagne. Faudra-t-il attendre quinze jours et un décret pour contrôler les gens qui arrivent de Barcelone et qui ne le sont pas aujourd'hui ? Allons-nous nous retrouver dans la même situation que la dernière fois, quand l'Italie avait fermé ses frontières et que nous continuions à accueillir ses ressortissants sans aucun contrôle ? Nous sommes inquiets, monsieur le ministre ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe UC.)

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