Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 17/09/2020

M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation sur l'arrêté du 3 avril 2020 relatif à la certification en langue anglaise pour les candidats inscrits aux diplômes nationaux de licence, de licence professionnelle et au diplôme universitaire de technologie.
Début septembre 2020, quinze associations ont déposé un recours devant le Conseil d'État contre cette certification obligatoire en langue anglaise imposée dès cette rentrée scolaire dans toutes les licences des établissements d'enseignement supérieur français.
La grande majorité des enseignants-chercheurs de langues de l'enseignement supérieur sont clairement opposés à la mise en place, sans aucune consultation des spécialistes du domaine, d'une certification externe, organisée par un organisme privé, subordonnant l'obtention de la licence à sa passation.
Selon eux, cette décision unilatérale pourrait avoir de graves conséquences : atteinte au plurilinguisme au sein des universités par la seule obligation de l'anglais et, de ce fait, appauvrissement des profils étudiants français en termes de langues vivantes ; financement d'organismes privés par de l'argent public pour l'obtention d'un diplôme national public ; absence de niveau exigé pour l'obtention de la licence et donc, à terme, appauvrissement des compétences linguistiques des étudiants français ; dessaisissement de la politique linguistique des universités au profit de sociétés privées ; standardisation des pratiques dans une seule visée certificative dans le mépris total de la richesse des dispositifs de formation émanant de la recherche…
Il semble, en outre, que les universités françaises savent délivrer – à un coût modique et disponible en neuf langues – des certifications similaires. Elles ont ainsi développé le certificat de langues de l'enseignement supérieur (CLES), directement adossé au cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) et résultat de la recherche publique. Cette dernière est désormais délivrée à l'échelle européenne, au sein du réseau NULTE (« network of university language testers in Europe »).
Considérant l'opposition de l'ensemble des acteurs, il lui demande par conséquent de revenir sur cet arrêté et de prendre le temps de concerter les parties prenantes afin d'améliorer le niveau des étudiants français en langues étrangères.

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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 12/11/2020

La certification obligatoire en langue anglaise est un choix du gouvernement, présenté dans le cadre des annonces du Premier ministre sur le commerce extérieur à Roubaix en février 2018, afin de mieux accompagner les entreprises sur les marchés internationaux concurrentiels, en permettant à chaque étudiant d'attester, à la fin de son premier cycle d'études, de ses compétences en anglais. L'anglais étant en effet la langue des échanges commerciaux et scientifiques, c'est le choix de cette certification obligatoire qui a été retenu. Nonobstant cette certification reconnue au niveau international et qui est un signal des compétences acquises par les étudiants pour le marché de l'emploi, ces derniers pourront toujours suivre les enseignements d'autres langues notamment dans le cadre de leur formation. Ainsi, la certification en langue anglaise est un choix qui n'est aucunement contradictoire avec les particularités locales et régionales, ni avec l'apprentissage et la pratique de langues étrangères variées. Elle ne représente pas non plus une privatisation de ces enseignements.nCette certification obligatoire en anglais est bien complémentaire des apprentissages plurilingues proposés aujourd'hui par l'ensemble des établissements d'enseignement supérieur français. La majorité des étudiants français pourra être certifiée gratuitement dans neuf langues via le Certificat de compétences en langues de l'enseignement supérieur (CLES) accrédité par le ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Les services du ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation accompagnent ainsi le CLES dans son développement, afin qu'il puisse proposer une certification dans un nombre élargi de langues. L'enjeu est également de faire en sorte que le CLES soit reconnu internationalement ainsi que par les milieux économiques ; dans cette perspective, le CLES avec le réseau NULTE (Network of University Language Testers in Europe) est un exemple des liens que tissent les universités françaises avec leurs partenaires européens, contribuant à l'Europe des savoirs et de la culture.

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