Question de M. KANNER Patrick (Nord - SOCR) publiée le 24/09/2020

M. Patrick Kanner attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance sur la fermeture de l'usine Bridgestone de Béthune.

Le groupe japonais Bridgestone annonce la fermeture à l'horizon 2021 de son usine de Béthune employant 863 personnes, sans compter les emplois indirects dans la fabrication de pneumatiques pour voitures, dans un bassin d'emploi déjà fortement touché par de nombreuses fermetures d'entreprises.

L'entreprise justifie sa décision par des problèmes de marché structurels, une surcapacité de production en Europe et la concurrence des marques asiatiques à bas coûts.

Il s'agit de l'exemple typique d'une entreprise qui coupe dans ses effectifs malgré le plan de relance que propose le Gouvernement. C'est une catastrophe à l'échelle de la région des Hauts-de-France. Une annonce brutale, sans concertation, dont la pertinence et les fondements posent questions.

La crise du Covid-19 ne doit pas constituer un alibi pour des entreprises qui n'ont d'autres objectifs que de s'implanter dans des pays où la main-d'œuvre est moins chère qu'en France afin d'accroître les dividendes reversés aux actionnaires. Le groupe lui-même a organisé la non-compétitivité de Béthune. Ce n'est plus possible aujourd'hui de considérer qu'un patron seul peut décider du devenir de milliers de personnes. Les salariés doivent avoir leur mot à dire dans la stratégie de l'entreprise.

Il faut s'organiser pour forcer Bridgestone à envisager un autre plan industriel. Le Gouvernement dit vouloir se « battre » pour trouver une solution. Il le disait déjà pour l'usine Ford de Blanquefort avec les résultats que l'on sait. Quelles seront les prochaines ? AGFA, Auchan… Chaque jour apporte son lot de nouveaux plans de licenciements prononcé par des groupes qui ont pourtant touché des aides de l'État sans qu'il ne leur soit demandé aucune contrepartie.

Le Gouvernement feint-il de découvrir le capitalisme financiarisé ? Est-ce donc ça la théorie du ruissellement et du premier de cordée ? La main invisible du marché ?

Il lui demande quelle ambition industrielle le Gouvernement forme à propos de l'usine de Béthune et, plus largement, quel est son projet pour l'industrie traditionnelle française.

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Transmise au Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Industrie


Réponse du Ministère auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance - Industrie publiée le 04/03/2021

Le 16 septembre 2020, le groupe a annoncé aux CSE son projet de fermeture totale de l'usine. Dès l'annonce, le Gouvernement s'est mobilisé aux côtés des salariés et s'est engagé dans l'étude des plusieurs scénarii d'activité industrielle sur le site. Un accord de méthode entre les salariés et la direction portant la durée de négociations à 5 mois a été obtenu le vendredi 18 septembre. Le 21 septembre 2020, le Gouvernement a mandaté le cabinet Accenture pour mener une étude critique et identifier des scénarios alternatifs à la fermeture, notamment celui « à la Bari » (recentrage progressif vers du haut de gamme, augmentation de la productivité de 30 %, plan de sauvegarde de l'emploi de 400 personnes). Le rapport définitif a été présenté le 12 novembre aux syndicats, aux élus du territoire et à la direction du groupe. La direction du groupe a rejeté ce scenario alternatif et a réaffirmé sa volonté de fermer son site de Bethune.  À la suite du refus de Bridgestone de poursuivre le scénario de réduction capacitaire, moins profitable à l'échelle du groupe qu'une fermeture, les parties prenantes se sont tournées pleinement vers la négociation du plan de sauvegarde de l'emploi et la réindustrialisation du site. Les négociations sur le plan de sauvegarde de l'emploi ont abouti sur des mesures très favorables aux salariés du site. L'accord a été signé à l'unanimité des syndicats le 12 février 2021. En parallèle, l'État, en lien avec les élus locaux, continue de multiplier les contacts avec différents acteurs économiques qui pourraient être intéressés par le site. Aujourd'hui, plus de 700 entreprises partout dans le monde ont été contactées, en grande partie par l'opérateur de l'État Business France. À ce jour, 25 pistes sont actives, dont 5 très avancées. Des solutions sont en train d'émerger et pourraient prochainement être annoncées. Elles sont le fruit d'un travail de concert entre le Gouvernement, les élus locaux et les syndicats du site.

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