Question de M. MIZZON Jean-Marie (Moselle - UC) publiée le 29/10/2020

M. Jean-Marie Mizzon interroge M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance sur les perspectives de relance de l'économie française. La France, hier encore 4ème puissance mondiale, se voit aujourd'hui rétrogradée à la 5ème sinon 6ème place ! Et, contre toute attente, son économie donne toutes les apparences d'un déclin que rien ne semble pouvoir enrayer. Tous les Français se demandent comment cela est possible, comment on en est arrivé là, qui sont les responsables d'une telle situation et s'il est juste d'incriminer les politiques pour des choix, il est vrai, parfois bien hasardeux. La France a pourtant bien des atouts en main en particulier parce qu'elle a une économie diversifiée : construction d'avions, de trains à grande vitesse, de voitures, de bateaux, production d'aliments, d'alcools, mais aussi de parfums, de meubles, de matériaux de construction, de vêtements… La liste est longue et le maillage industriel de notre pays témoigne encore de cette vitalité dans des domaines vraiment très variés. C'est d'ailleurs cette diversification qui nous permet de mieux affronter les crises qui secouent de façon récurrente l'économie mondiale ! Et pourtant ! Les chiffres de la paupérisation de notre pays sont effrayants ! Le salaire moyen, le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC), est maintenant la norme en France. Il se demande comment payer un loyer, comment se soigner, comment s'alimenter, comment se vêtir, en un mot comment vivre décemment dans ces conditions. D'ailleurs, sur un plan plus sémantique, on devrait plutôt parler de « survie ». Le ministre de l'économie, de par ses fonctions, est le plus au fait de la situation. Les élus, de par leurs mandats, y sont directement confrontés. La pauvreté est leur lot quotidien avec des permanences remplies d'hommes et de femmes qui demandent de l'aide pour trouver un emploi, une place en établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (EHPAD) ou, parfois, plus prosaïquement, un secours d'urgence pour échapper à une expulsion. Alors, à en croire Bercy, la psychologie est partie prenante de l'économie. Mais il s'interroge sur la manière de redonner espoir et confiance dans la vie à des êtres brisés par les épreuves, et si le message répété à l'envi qui encourage la consommation et non l'épargne car « La consommation, ce sont des emplois » est audible. Il se demande ce que peut bien consommer un smicard avec le peu qu'il a sinon des produits à bas coût et qui a encore les capacités d'épargner aujourd'hui en France. La rhétorique de Bercy est, cependant, il faut le reconnaître, de grande qualité. Hélas, un discours, si bon soit-il, ne se mange pas ! On peut se souvenir de cette bien jolie et si juste réplique de l'excellent Molière « Je me nourris de bons potages et non de beaux langages ». Que n'avait-il raison ! C'est pour tous ces motifs qu'il demande quelles sont concrètement aujourd'hui les perspectives de relance de l'économie française.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès des ministres de l'économie, des finances et de la relance, et de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé de la transition numérique et des communications électroniques publiée le 02/12/2020

Réponse apportée en séance publique le 01/12/2020

Mme le président. La parole est à M. Jean-Marie Mizzon, auteur de la question n° 1328, adressée à M. le ministre de l'économie, des finances et de la relance.

M. Jean-Marie Mizzon. Monsieur le secrétaire d'État, la France, hier encore quatrième puissance mondiale, se voit désormais rétrogradée à la sixième place ! Contre toute attente, son économie donne toutes les apparences d'un déclin que rien ne semble pouvoir enrayer.

Comment est-ce possible ? Comment en est-on arrivé là ? Qui sont les responsables d'une telle situation ? Est-il juste d'incriminer les politiques pour des choix, il est vrai, parfois bien hasardeux ? Telles sont les questions que tous les Français se posent.

Notre pays dispose de nombreux atouts grâce à son économie diversifiée : construction d'avions, de trains à grande vitesse, de voitures, mais aussi richesse de son agriculture, qualité de son secteur agroalimentaire, ou encore puissance de son armement…

La liste est longue, et le maillage industriel de la France témoigne de cette vitalité économique dans des domaines très variés. Cette diversification nous permet d'affronter les crises qui secouent de façon récurrente l'économie mondiale.

Pourtant, les chiffres de la paupérisation de notre pays sont effrayants ! Le salaire moyen – le SMIC – tend à devenir la norme en France. Comment payer un loyer, se soigner, s'alimenter, se vêtir, autrement dit comment vivre décemment dans ces conditions ? D'ailleurs, sur un plan davantage sémantique, ne devrait-on pas plutôt parler de « survie » ?

Le ministre de l'économie, de par ses fonctions, est le plus au fait de la situation. Les élus, de par leurs mandats, y sont directement confrontés. La pauvreté est leur lot quotidien avec des permanences remplies d'hommes et de femmes qui demandent de l'aide pour trouver un emploi, une place dans un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, ou Ehpad, ou, parfois, plus prosaïquement, un secours d'urgence pour échapper à une expulsion.

À en croire Bercy, la psychologie est partie prenante de l'économie. Mais comment redonner espoir et confiance dans la vie à des êtres brisés par les épreuves ? Le message répété à l'envi, qui encourage la consommation et non l'épargne, car, dites-vous, « la consommation, ce sont des emplois », est-il seulement audible ? Que peut bien consommer un smicard avec le peu qu'il a, sinon des produits à bas coût ?

Votre rhétorique, il faut le reconnaître, est de grande qualité. Hélas, un discours, si bon soit-il, ne se mange pas : « je vis de bonne soupe, et non de beau langage » disait en son temps Molière. Combien avait-il raison !

Mme le président. Veuillez conclure, mon cher collègue.

M. Jean-Marie Mizzon. Toutefois, pour l'heure, oublions la forme et venons-en au fond : aujourd'hui, concrètement, quelles sont, au-delà du plan de relance, les perspectives de redémarrage de l'économie française ?

Mme le président. La parole est à M. le secrétaire d'État.

M. Cédric O, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie, des finances et de la relance et de la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé de la transition numérique et des communications électroniques. Monsieur le sénateur Jean-Marie Mizzon, nous sommes d'accord sur un point : le tissu productif français est de qualité, et la France a tous les atouts pour réussir.

Elle l'a prouvé, car, avant la crise, nous étions déjà en train de réussir. Je rappelle que, en 2019, notre pays était le plus attractif d'Europe pour les investissements étrangers, que la croissance française était plus forte que celle de la zone euro, que le chômage, en baisse, s'était établi à 8,1 % de la population active et que, pour la première fois depuis dix ans, l'industrie recréait des milliers d'emplois.

Elle l'a aussi prouvé, car, dès le mois de mai de cette année, elle a redémarré rapidement, connaissant le plus fort rebond en Europe au troisième trimestre de 2020.

Avant la crise, la pauvreté reculait : en 2019, 210 000 personnes sont sorties de la pauvreté, et les inégalités de revenus se sont réduites. Le revenu médian des Français a augmenté plus vite que la croissance, notamment grâce à la prime exceptionnelle de pouvoir d'achat et à l'exonération de charges sur les heures supplémentaires. En outre, le revenu des personnes pauvres a davantage augmenté que pour le reste de la population ; c'est le constat de l'Institut national de la statistique et des études économiques, l'Insee.

Nous devons cette baisse de la pauvreté avant tout à la revalorisation de la prime d'activité et à la baisse du chômage, mais aussi aux politiques qui s'attaquent à la pauvreté et aux conditions de vie, comme la hausse du chèque énergie, la meilleure couverture des frais de soins grâce à la complémentaire de santé solidaire, ou la limitation des frais bancaires pour les personnes précaires.

Aujourd'hui, ces précaires sont les premières victimes de la crise sanitaire et sociale. Le Gouvernement a répondu présent avec une préoccupation constante : ne laisser personne au bord du chemin.

Nous avons donc pris un ensemble de mesures sociales d'urgence, afin de les aider et de prévenir l'entrée dans la pauvreté, dans des proportions jamais connues dans l'histoire de notre pays : au total, plus de 3,5 milliards d'euros d'aides directes ont été versés depuis le début de la crise. Nous prévenons aussi le basculement dans la pauvreté en sauvegardant l'emploi : ce sont 34 milliards d'euros qui sont consacrés à l'activité partielle en 2020.

En outre, pour combler les quelques trous restant dans la raquette, et ainsi répondre aux difficultés rencontrées par les jeunes précaires et les travailleurs intermittents, le Premier ministre a annoncé des réponses fortes, le 26 novembre dernier.

S'agissant enfin des jeunes, le plan « Un jeune, une solution », qui est partie intégrante du plan de relance, a été annoncé en juillet dernier pour soutenir l'insertion, l'apprentissage et l'emploi des jeunes dès cet été et la rentrée. Trois mois après son lancement, nous avons déjà de premiers résultats encourageants.

Pour terminer, je veux évoquer plus spécifiquement mon domaine de compétence. Vous savez que le numérique est l'un des secteurs les plus importants pour le redémarrage de l'économie mondiale.

Je rappelle que tout n'est pas noir en France : l'économie numérique française continuera à se développer en 2020, plus qu'en 2019. Le numérique est déjà le secteur qui crée le plus d'emplois en France. Pour la première fois cette année, notre pays dépassera l'Allemagne en ce qui concerne la croissance de son écosystème numérique. C'est la meilleure manière de préparer l'avenir et, dans le cadre du plan de relance, cela mobilise tous nos efforts.

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